Casimir Raveret-Wattel (1838-1916)

 

et la station aquicole du Nid de Verdier de Fécamp

 

 

Casimir Raveret-Wattel (1838-1916) fut un naturaliste de renom, un chercheur, écrivain, auteur de nombreux ouvrages et aussi enseignant, chargé des conférences de pisciculture à l'École nationale des Ponts et Chaussées ;  il entre au Bureau de la Société d’acclimatation ou SNAF en 1873 et y reste jusqu’à son décès pendant 44 ans ; en 1890, il apparaît aussi comme vice-président de la Société d’aquiculture, et puis membre du congrès international de l’initiative américaine sur l'industrie de la pêche ; il sera également membre de la société centrale d’agriculture.

Il fut à Fécamp le Directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier de 1892 à 1911.

 

Né à Paris 10ème arrondissement le 15 décembre 1838 , fils de Pierre Louis Raveret (1808-1891), commis principal au ministère de la guerre et de Marguerite Rupalley (1814-après1838) ; le nom de Wattel vient de sa grand-mère paternelle Justine Wattel ; marié avec contrat à Paris 6ème arrondissement le 28 mai 1878 à Marie Louise Portret (1852-après 1878); comme son père et comme son oncle Jean François Raveret, il entre au ministère de la guerre, en qualité de sous-chef de bureau puis de chef de bureau. A Paris, son domicile était situé au 20 rue des Acacias de l'Etoile - Sources Geneanet -

 

En 1897-1898, au Muséum National d’histoire naturelle, une « Section coloniale » est créée car, selon C Raveret-Wattel, elle « s’imposait au moment où nous nous proposons de nouer des relations plus intimes avec nos colonies, et de faire, dans le Bulletin, une place aussi large que possible aux questions d’acclimatation intéressant les possessions françaises d’outre-mer ». Rassemblant les commissions sur l’Algérie, les colonies et l’étranger, elle a pour but de « développer les productions naturelles et les exploitations agricoles dans nos colonies, afin d’y récolter d’une part et d’y exporter de l’autre les produits et les marchandises que nos colonies et la métropole tirent actuellement de l’étranger – voir C Raveret-Wattel , allocution prononcée à la séance générale du 26 novembre 1897 - Bull. SNAF -

 

Les voyages, les missions

Des voyages d'étude lui sont confiés par la Société nationale d'Acclimatation dans les établissements de pisciculture étrangers ; ses missions ont été accomplies entre 1880 et 1884 en Allemagne, en Angleterre et en Ecosse ; il étudie également les piscicultures en Norvège, au Japon et aux Etats-Unis.

Il voyage en Algérie pour étudier le reboisement du pays, en Inde et en Australie pour étudier l’eucalyptus, en Californie pour les saumons et les écrevisses …

Il suit les expositions internationales (Paris, Edimbourg, Berlin, Londres …)

 

Les rapports, les publications

Ses communications à la société d’acclimatation sont nombreuses :

* L’eucalyptus dans l’Inde

* Reboisement en Algérie

* La maladie des Écrevisses

* Communication sur le développement de la pisciculture à l'étranger,

* Le passé et l’avenir de la pisciculture, coup d’œil historique sur l’industrie aquicole - conférence 1893

* La pisciculture au Japon

* Pisciculture en Ecosse

* Pisciculture aux Etats-Unis

* L’ostréiculture

* La Truite Arc-en-ciel

* Saumons

* Siluroïdes

* Pululation du Lapin en Australie

* Tortues dos de diamant

* Rapport sur les Expositions internationales de pêche d'Edimbourg et de Londres

* Rapport sur les Mélipones 1872

* Rapport sur la pisciculture à l’Exposition universelle de 1878 – en 1879 -

* Rapport sur les travaux de la Société d’Acclimatation en 1876, puis en 1884

 

Ses publications sont également multiples :

* Les Trois règnes de la nature (Recueil publié sous la direction du docteur Chenu), Paris, 1865, p. 355)

* Les papillons indigènes, leurs descriptions et leurs mœurs, plus un manuel pratique du chasseur et du collectionneur de ces insectes, l’entomologie française – 1868 – puis vers 1880 chez Hachette

* L’eucalyptus, rapport sur son introduction, sa culture, ses propriétés 1872, autre publication en 1875

* Progrès de la pisciculture aux Etats Unis 1874

* De l’utilité d’introduire la sériciculture à la Nouvelle-Calédonie 1874

* Education de l’« Attacus Yama-Mai » au Japon 1876

* Note sur la végétation, les produits et les caractères spécifiques de quelques eucalyptus 1877

* Le saumon de Californie dans la revue des Sciences La Nature 1878 page 370

* L’échelle Mac Donald perfectionnée 1889

* Note sur l’’introduction du Whitefish « Coregonus albus » dans le lac d’Annecy par Lugrin 1889

* L’élevage et la multiplication du saumon en eau close 1890

* L’aquiculture en Norvège 1890

* Emploi du sang conservé pour la nourriture de l’alevin de salmonidés 1892

* Une nouvelle échelle à saumons, système Hockin 1893

* Une visite à l’établissement de pisciculture de Bessemont près Villers Cotterets (Aisne) 1893

* L’élevage de la truite arc en ciel à la station aquicole de Neosho – Etats-Unis – 1895

* Production et emploi de proies vivantes pour la nourriture des poissons 1895

* Atlas de poche des poissons d’eau douce 1900

* L’élevage pratique de la truite, conseils aux pisciculteurs débutants 1901

* La pisciculture 1904 dessins de A. Bessin – 1907 édition Klincksieck 2 volumes

* Atlas de poche des poissons de mer 1909

* Extrait d’un mémoire sur les poissons migrateurs 1909

* La pisciculture industrielle 1914

* La station aquicole de Boulogne sur mer

* La truite d’Amérique

 

Amazon.fr - Atlas de poche des poissons de mer de la France et de ...Amazon.fr - Atlas de poche des poissons d'eau douce de France ...
L’atlas des poissons de mer est édité en 1909 avec 72 planches coloriées, des chromolithographies, représentant 72 poissons et 9 autres vertébrés marins, accompagnées d’un classement et d’une étude sur les poissons, les principaux genres de pêche et modes de conservation … d’un appendice sur les cétacés, rédigés par l’auteur, spécialiste de l’époque ; cet atlas rare et séduisant ravira les curieux comme les ichtyologistes …

 

Aimé Bessin (1870 –1942), fils de graveur et peintre naturaliste parisien, travaillait à la gouache et à l'aquarelle et contribua à l'illustration de nombreux ouvrages naturalistes édités par la maison Klincksieck, sur tous sujets – les atlas des poissons , des champignons …

 

La création des échelles à poisson

C. Raveret-Wattel publie en 1884 un article intitulé « Les poissons migrateurs et les échelles à saumons » - Bull. Soc. Nat. Accl. Fr., p. 14-43, 321-362, 526-556, 636-652 - ; des tirages de l’article furent aussitôt commandés par les administrations françaises : le ministre de la Marine et des Colonies en commanda 25 exemplaires, le ministre de l’Agriculture 100 ; en 1890, l’inspecteur général des Ponts et Chaussées du département de la Manche signala que les ingénieurs en charge du dossier de la Vire utilisaient une échelle du type Mac Donald, celle-là même qui était recommandée par M. Raveret-Wattel dans son rapport et « qui semble devoir donner des résultats satisfaisants » .

 

Un dernier exemple d’échelle à poissons concerne le barrage de Châtellerault sur la Vienne. M. Bertrand, ingénieur des Ponts et Chaussées chargé de dresser ce projet, écrivit à la Société d’acclimatation pour lui demander des informations sur les différents types d’échelles. Par l’entremise de Raveret-Wattel le projet fut soumis à Marshall Mac Donald de Washington, qui y apporta quelques innovations – voir les séances de la société d’acclimatation des 2 avril et 24 décembre 1886 –

 

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Échelle à poissons modèle Mac Donald,

recommandée par C. Raveret-Wattel et la Société d’acclimatation aux Ponts et Chaussées

 - Source : Bull. Soc. Nat. Accl. Fr., 1884, p. 543

 

L’importation des truites arc en ciel

En février 1893, la commission des pêcheries des Etats Unis envoie à la station du Nid de Verdier 10 000 œufs de truites arc en ciel provenant des rivières de la région montagneuse de Californie ; grâce à cet envoi, on va essayer de peupler quelques cours d’eau en France, de ce poisson qui est d’une qualité très fine ; les œufs transportés gratuitement par le paquebot « Champagne » avaient été conservés dans la glace pendant toute la traversée ; ils sont arrivés en parfait état de conservation à la station agricole du Nid de Verdier ; ils ont été aussitôt placés dans les appareils d’incubation du laboratoire de l’établissement ; la truite arc en ciel possède une rapidité de croissance très remarquable  - Journal Le Rappel du 11 février 1893 –

 

L’importation des écrevisses

L’on sait que depuis quelques années les rivières françaises subissent l’extinction de l’écrevisse due à ce que l’on a appelé la peste de l’écrevisse.

En France, les premiers essais d’acclimatation de l’écrevisse américain date de 1894-96 et sont dus à Raveret-Wattel ; début 1897, le directeur de la station du Nid de Verdier à Fécamp vient de recevoir une quantité considérable de ces crustacés, en parfaite santé et il se propose d’en acclimater la race dans notre pays – Journal Le Radical du 10 janvier 1897 – Malheureusement, l’expérience sera sans résultat pratique – contra :  Journal La Liberté du 17 septembre 1901 - Les essais seront repris en 1911 dans le Cher près de Vierzon, cette fois avec succès …

 

La station aquicole du Nid de Verdier

A Fécamp, l’établissement du Nid de Verdier est départemental créé en 1892 avec le concours des ministères de l’agriculture et des travaux publics ; Casimir Raveret-Wattel en est nommé le directeur ; il s’agissait à l’origine d’un ancien moulin à tan avec plusieurs sources et puis d’un étang peint en 1900 par l’artiste naturaliste local André Paul Leroux ; l’ancien canal d’amenée de l’eau est transformé en réservoir d’alimentation.

Les constructions comprennent :

-          Un bâtiment d’exploitation de deux étages présentant deux grandes salles de près de 20m de long sur 10 de large, plus une autre pièce et un petit bâtiment en annexe

-          Une maison d’habitation comprenant le logement du garde plus un cabinet de travail et deux pièces de service pour le directeur

-          On y ajouta un laboratoire d’éclosion de 10 m de long et 4,5 de large ; en effet, en 1898, de nouveaux bassins d’alevinage sont créés – voir communication au bulletin de la société d’aquiculture et de pêche de février 1899 –

L’établissement aquicole distribue gratuitement des alevins pour le repeuplement des rivières et en vend en même temps aux particuliers qui désirent peupler leurs eaux privées.

En France la pisciculture en eau douce parait plutôt négligée alors qu’elle est en honneur à l’étranger. Il serait nécessaire que les départements français suivent l’exemple donné par la Seine Inférieure où un laboratoire a été créé à Fécamp en 1891, destiné à produire des alevins pour le repeuplement des cours d’eau du département. On ne peut encore apprécier les résultats pratiques obtenus, mais le rapport publié en 1893 par M Raveret-Wattel sur les travaux de la station donne le plus grand espoir pour l’avenir – Revue générale des sciences pures et appliquées 1894 -

 

Une publication spéciale sera faite sur « la Station aquicole du Nid de Verdier, établissement départemental de pisciculture de la Seine Maritime » émise dans la "Revue des sciences naturelles appliquées" du 5 novembre 1894. Puis il y aura « Les martins-pêcheurs et la pisciculture, observation faite à la station aquicole du Nid de Verdier »

 

En 1899, C R-W tente au Nid de Verdier l’importation de perches Crappies – Pomoxys annularis – Il publie ce travail … Il tentera encore des expériences sur la croissance des poissons et sur leur faculté procréatrice en fonction de la quantité de matière alimentaire consommée ; dans ce but, il divise 300 jeunes saumons de fontaine en trois lots qu’il place dans trois bassins d’égale dimension. Les poissons pesaient près de 9 grammes à leur mise en bassin ; la nourriture donnée était la même mais la ration journalière était de un septième du poids du poisson pour le premier lot, moitié de cette ration pour le 2ème lot et un quart de la ration pour le 3ème ; au bout de quinze mois, les poissons du 1er lot pesaient 260 grammes, ceux du 2ème lot 160 grammes et ceux du 3ème lot 90 grammes ; relativement à la fécondité, même résultat – sources Le Journal du 14 septembre 1905 – Selon le journal, il y avait donc tout profit à nourrir copieusement les poissons destinés à l’élevage ...

 

La station agricole du Nid de Verdier reçoit une médaille d’or à l’exposition universelle de 1900 dans la classe 53 concernant les engins, instruments et produits de la pêche ou agriculture.

 

C Raveret-Wattel prend sa retraite en 1911 ; l’établissement est placé sous la direction des Eaux et Forêts ; les alevins n’étaient plus vendus, mais donnés aux communes qui en réclamaient.

 

En 1914, le département de la Seine Inférieure comptait 16 établissements de pisciculture pouvant produire annuellement chacun 25 à 50 000 alevins de truites ; aucun département en France en possède autant ; malheureusement en octobre 1918, l’établissement du Nid de Verdier a été entièrement détruit par une nourriture empoisonnée distribuée aux alevins et aux truites – voir la réorganisation de la pisciculture dans la Seine Inférieure par Jules Philippe dans le bulletin de la Société industrielle de Rouen 1919 – Sans doute, le départ de son savant directeur et puis cet accident malheureux marqueront la fin de l’établissement du Nid de Verdier de Fécamp …

 

Distinctions

Casimir Raveret-Wattel reçoit au cours de sa carrière les distinctions suivantes :

Chevalier de la Légion d’honneur le 28 décembre 1883

Officier de l’Instruction publique le 13 juillet 1889

Officier de la Légion d’honneur le 5 juillet 1893 – base Leonore -

En juin 1900, il reçoit la médaille d’officier du mérite agricole - Le journal Le Matin 14 juin 1900 -

 

Casimir Raveret-Wattel décède à Chaville dans sa 78 année, le 14 juillet 1916 ; il est enterré au cimetière de Passy, avec son épouse et ses parents ; nous n’avons pas connaissance d’une descendance de lui, ni même d’un portrait.

 

 

                                                                                                                          Juillet 2020

                                                                                                                          Yves Duboys Fresney

 

 

 

Casimir Raveret-Wattel, dit le pisciculteur, est équipé d’une canne à pêche …