Cocori-Caux

 

 

Dans toutes les fermes du Pays de Caux, la basse-cour représentait un appoint non négligeable de l’économie domestique ; l’élevage des poules, des canards et des oies était réservé à la fermière ; les œufs étaient consommés sur place, de même les poulets qui étaient rôtis dans les bonnes occasions, mais tout le surplus des produits de la ferme était destiné à être vendu au marché le plus proche ; parmi toutes ces volailles, l’une d’entre elles se distinguait, la poule de Caux, avec pour trait essentiel sa couleur noire ; elle était recherchée aussi bien pour la ponte que pour la qualité de sa chair ; réputée auprès de toutes les bonnes tables de la région, les livres de recettes en faisaient souvent état .

 

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Voici ce que l’on disait autrefois de « la poule de Caux » :

 

*Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle par de Deterville 1802

« La poule de Caux (Phasianus patavinus Lath.) : elle est presque du double plus grande et plus grosse que la poule ordinaire, dont elle ne diffère pas du reste. Les poussins de cette race prennent leurs plumes plus tard que ceux de la race commune.

La poule de Bahia : … On peut, avec toute apparence de raison, la rapporter à la poule de Caux ou de Padoue.

La poule de Bresse : race semblable à la poule de Caux …

La poule de la Flèche : voyez poule de Caux …

La poule de Lombardie : quelques auteurs ont désigné ainsi la poule de Padoue ou poule de Caux.

La poule du Mans, la même que la poule de Caux …

La poule de Padoue : la même que la poule de Caux.

La poule du Péju : c’est vraisemblablement la même que la poule de Caux.

La poule de Perse : belle race qui pourrait bien être la même que la poule de Caux.

La poule de Rhodes : il est à présumer qu’elle soit la même que la poule de Caux et de Padoue. »

 

*Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe – 1859 – Le mélange du sang des Crèvecœur avec celui des fléchoises, nous ne craignons pas de l’affirmer, a donné naissance à la race de Caux. Les caractères extérieurs de l’une et de l’autre espèce sont trop bien indiqués chez cette variété métisse, pour qu’il soit possible de récuser cette assertion ; nous dirons plus, la poule de Caux ne mérite pas qu’on la classe au rang de types parfaits, c’est-à-dire au nombre de ceux qui ont la puissance de reproduire par eux-mêmes des sujets d’un aspect semblable et uniforme. En effet, la race de Caux n’a pas ce pouvoir ; tantôt elle tient par la ressemblance aux Crèvecœur ; tantôt elle se rapproche davantage à la race fléchoise. Cette variété métisse est cependant une excellente volaille ; mais comme elle n’a rien gagné en mérite sur ces deux remarquables races de Crèvecœur et de La Flèche, qu’elle n’est pas plus volumineuse, plus robuste et que ses qualités sont moins assurées, nous devons dire qu’elle a un peu usurpé sa réputation, et qu’elle ne mérite d’être mentionnée que comme un produit assez insignifiant, quoique bon. Si l’on trouvait seulement en elle un tempérament bien disposé pour son acclimatation, ce serait alors sur ce seul avantage que nous proposerions de la comprendre comme une race bonne à répandre, mais il n’en est rien ! Nous avons étudié l’élevage de cette volaille : jeunes ou adultes, la plupart ont mal fini. Les fléchoises et les Crèvecœur s’élèvent cependant très bien et sans dégénérer dans notre contrée du Perche.

Il est assez difficile de décrire les formes de cette espèce, puisqu’ils sont variables. Toutes ont des demi-huppes plus ou moins garnies de plumes qui se rejettent sur l’occiput. Le bec est aussi plus ou moins incliné, sa forme tient de l’une ou l’autre race mère. La crête, composée de petites excroissances rondes, varie beaucoup dans leur assemblage, généralement elle est moins grande que celle du Crèvecœur, quelquefois elle ressemble à celle du fléchois. Les barbillons sont ronds et de moyenne longueur. La conformation du corps est encore plus indécise, quelques-unes de ces volailles pourront être prises pour des Crèvecœur mal coiffées, parce qu’elles ont les pattes courtes, le corps plus allongé, et sont pourvues de la jugulaire et de la mouche ; d’autres auront une grande ressemblance avec la race de la Flèche, parce qu’elles sont montées sur de hautes jambes, et que la crête même se rapprochera de la forme de celle-ci. C’est précisément cette reproduction des formes de la poule fléchoise qui a contribué à induire en erreur quelques auteurs écrivant sur la basse-cour, qui ont prétendu que la poule du Mans ou de La Flèche a une demi-huppe et qu’elle est une race normande.

Nous ne pensons pas qu’il faille décourager les éleveurs du Pays de Caux et leur conseiller l’abandon de cette volaille, puisqu’elle a des qualités ; mais il est bon qu’elle est plutôt inférieure que l’égale des bonnes races qui l’ont produite.

Tel amateur qui voudra se procurer la poule de Caux, l’obtiendra sans beaucoup de frais, et par un premier croisement fait chez lui en réunissant dans un parc soit le coq de Crèvecœur et la poule fléchoise, soit le coq fléchois et la poule de Crèvecœur, indifféremment. Un de nos voisins de campagne l’a ainsi obtenue par un coq de Crèvecœur.

Le plumage de la race de Caux est noir avec des reflets verts et violets. Le poids du coq est de 3,5 kg. La poule atteint celui de 3 kg ; sa chair est excellente, fine, bonne à l’engraissement. Elle ne couve pas ; elle pond médiocrement et ses œufs sont gros. Cette volaille a le caractère sauvage. Le chant du coq est sonore et prolongé ... »

 

*Guide du promeneur au Jardin zoologique d'acclimatation - Auteur : Vavasseur Pierre - 1861 : « C’est du croisement  des poules de Crève-Cœur et de Nankin qu’a été obtenue la poule de Caux, qui participe de leurs qualités. Elle porte une demi-huppe de plumes qui retombent sur l’occiput ; sa crête est composée de petites excroissances différemment assemblées ; les barbillons sont ronds et de moyenne longueur ; enfin, son plumage est en général noir avec des reflets verts. Cette race métisse pond assez bien mais ne couve pas ; ses œufs sont d’un beau volume. Elle s’engraisse facilement et fournit de très bonnes volailles.

 

*Bulletin de la Société centrale de l'Yonne pour l'encouragement de l'agriculture – 1868 – La France possède un grand nombre de bonnes races de poules : les deux meilleures pour la production des œufs sont la poule de Caux et la poule de Houdan ; les deux meilleures pour la table sont la poule de La Flèche et la poule de Bresse .

 

*Le livre de la ferme et des maisons de campagne. Direction M. Pierre Joigneaux   Éditeur :     C. Delagrave (Paris) - Éditeur : G. Masson (Paris) - Date d'édition 1872 : « D’après M. Peers, la poule de Padoue est la même que celle de Caux … Ce n’est pas l’avis de M. Godin qui fait de la poule de Caux une variété de Crèvecœur … »

 

*Monographie de races de Poules écrit par La Perre de Roo éd. L’Acclimatation publié en 1882 :

« La poule de Caux est très estimée dans le pays et ce sont les œufs de ces poules qu’on exporte le plus à l’étranger.

Son plumage et d’un noir brillant d’un bout à l’autre. Elle a la tête petite, la crête simple, droite, finement dentelée, assez grande proportionnellement à sa taille; les oreillons blancs, bordés d’un liseré bleuâtre, les pattes bleues, nues, et quatre doigts à chaque patte.

Le coq a la crête simple, grande, uniformément dentelée, d’un rouge vermillon, ainsi que les barbillons qui sont bien arrondis ; la poule est excellente pondeuse et d’une grande rusticité; mais elle a peu de propension à la couvaison et couve mal.

L’élevage des poussins se fait sans soins particuliers; ils sont nourris en Normandie de pain trempé dans du cidre pendant la première quinzaine. Après cet âge, les poussins sont mis au même régime que les adultes: petit blé, sarrasin ou orge.

Dans les premières semaines de leur naissance les poussins sont maculés de blanc, mais vers trois ou quatre mois ils deviennent noirs. »

 

*Traité des oiseaux de basse-cour, d’agrément et de produite par Alphonse Gobin éd. Audot 1882, pages 78-79 :

« La poule de Caux ne parait également être qu’une variété de la sous-race de Crèvecœur, probablement croisée avec l’espagnole. Cette variété est très rare à l’état de pureté, et voici en quels termes un éleveur du pays en parle : « La poule de Caux doit avoir un plumage entièrement noir ; une ou deux plumes blanches dans les ailes peuvent être tolérées ; mais en dehors de cela, toute plume blanche est un signe de dégénérescence ou de croisement. Cette race a la tête petite, ornée d’une crête simple, dentelée, droite et assez grande par rapport à la taille de l’animal, qui pèse généralement (la poule) de 1,5 kg à 2 kg ; les oreillons sont blancs, bordés d’une teinte bleuâtre ; les pattes bleues, complètement nues, et les doigts au nombre de quatre. Le coq qui présente exactement les mêmes caractères que la poule, est, malgré son plumage sombre, un très bel oiseau ; son habit noir reflète, sur le camail et les ailes, des teintes bleues et vertes du plus bel effet. La crête est grande, simple, et ses longs barbillons du plus beau vermillon, comme la crête. La poule de Caux pourrait rivaliser avec la poule espagnole, mais elle a sur cette dernière un immense avantage, la rusticité ; jamais de crêtes gelées, jamais de maladies . Comme poule de ferme, c’est la meilleure race … Les poulets de cette race, bien nourris, mais non engraissés, sont d’excellentes volailles et on les vend avantageusement comme poulets de grains (Verrier, l’Acclimatation 6 août 1876 page 332). Ainsi , le plumage est entièrement noir, avec les oreillons blancs bordés de bleu nacré, les tarses nus et bleus, la crête simple, droite, régulièrement et profondément dentelée, ce qui semble indiquer plus de sang espagnol que Crèvecoeur. La poule, bonne pondeuse, couve rarement et mal ; les poussins sont rustiques, précoces, très aptes à l’engraissement. C’est cette race qui fournit le majeure partie des œufs exportés de Normandie en Angleterre. »

 

*Voitellier en 1901 consacre à la poule de Caux les lignes suivantes : « Ce n’est qu’un dérivé à crête simple de la race de Crèvecœur. Elle diffère peu de la Caumont, et est à peine classée comme variété. » Il avouait qu’il ne connaissait aucune différence entre la poule de Caux et la poule de Caumont et que si on lui demandait de la première, il donnerait sans hésiter de la seconde. Il est évident que les noms de poules de Caumont ou de poules de Caux sont appliquées indifféremment à diverses variétés de poules noires communes qui ne diffèrent que par quelques légères particularités dans l’ornement de la tête, et que l’on trouve dans différentes localités de la Normandie …

 

On en a dit encore :

-Le coq et la poule de Caux forment une race particulière qui fournit des excellentes volailles engraissées dans les environs de Barbézieux, de La Flèche et surtout du Mans

-La poule de Caux est une race de poule domestique française, volaille de type fermier à deux fins (chair et ponte) rustique et de bonne taille, bonne pondeuse de gros œufs blancs et produisant de beaux poulets à la chair fine.

Lu sur internet : Pour certains, mieux vaut s'intéresser aux deux races, la poule de Pavilly ou  la poule Le Merlerault … l’élevage de la poule de Caux n'est pas vraiment celui qui vous fournira du bon au meilleur prix...

 

Une autre race assez proche : la Contentine : celle-ci est originaire du Cotentin, département de La Manche, d’où elle tire son nom d’ailleurs ; la race est assez ancienne, son standard a été déposé en 1925 par la société d'aviculture de Cherbourg ; elle proviendrait de volailles locales de couleur noire ; elle aurait pu subir l'influence de volailles venues d’Angleterre, et aussi bien de la poule de Caux, noire comme elle ; mais alors comment une poule originaire de haute Normandie serait-elle venue dans le Cotentin ... par le seigneur de Gouberville a-t-on dit, lui qui se rendait souvent à Rouen et ainsi en aurait fait connaissance. La cotentine est assez rare, après la Seconde Guerre mondiale de nouvelles races sont apparues, soit disant plus performantes, à son détriment.

 

Très populaire donc au 19ème siècle, puis malheureusement disparue au cours du XXe siècle, la poule de Caux est actuellement non homologuée, mais en cours de reconstitution.

 

Des adresses à connaître :

-        le Conservatoire pour la Sauvegarde des Races Avicoles de Normandie et du Maine - CSRAN - dont le siège est chez Monsieur Olivier Cousson 1197, route de Darnétal 76160 Roncherolles sur le Vivier

-        la Protection collective des poules ou PCDP

-        la Société Centrale d’Aviculture de France ou SCAF

 

Le standard de la poule de Caux – non officiel - le standard officiel des volailles de grandes races (Poules, oies, dindons, canards et pintades) étant édité par la SCAF - :

•Masse idéale : Coq : min. 4kg ; Poule : min.3kg

•Crête : simple

•Oreillons : blancs

•Couleur des yeux : rouge-orangé

•Couleur de la peau : blanche

•Variétés de plumage : uniquement noir

•Oeufs à couver : min. 70g, coquille blanche

•Diamètre des bagues : Coq : 22mm ; Poule : 20mm

 

En guise de conclusion,

On cite avec éloge « la poule de Caux » dans la comédie « Le Bal » de Jean François Regnard (1655-1709) représentée pour la première fois le 14 juin 1696.

 

Et voici un conte de Florian - Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) – paru en 1792, intitulé « La Poule de Caux »

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