L’abbé Antoine Legendre (1590-1665)

Curé d’Hénouville (76 840)

 

Antoine Legendre, né vers 1590 au Vaudreuil (Eure) et mort le 12 avril 1665 à Hénouville (Seine-Maritime), fut aumônier du roi Louis XIII, contrôleur des jardins fruitiers de sa Majesté, puis curé d'Hénouville de 1622 à 1659.

 

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L'abbé Legendre eut à soutenir un procès dont nous ignorons le contenu mais qui fut terminé grâce à l'intervention de Louis XIII. C'est ce procès qui l'aurait contraint à se retirer à Hénouville où il fut curé de 1622 jusqu'à son décès en 1665. A l'issue de ce procès, il fonda dans l'église d'Hénouville, une messe du Saint Esprit à perpétuité et une aumône aux pauvres de 40 sous en pain ou en argent.

Le roi lui ayant donné 12 arpents de bois en bordure de la forêt de Roumare il y planta une vigne dont on pouvait encore voir les traces en 1879. En 1630, Louis de Bassompierre, abbé de Boscherville, lui donne en fief le droit de colombier, à charge de bâtir un colombier dans l'enclos du presbytère.

Avec philosophie et en horticulteur averti, il cultivait avec amour le jardin entourant le presbytère ; c'est là qu'il fit pousser les premiers arbres en espalier.

 

 

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L’abbé Legendre est l'auteur en 1652 d’un traité « De la Manière de cultiver les arbres fruitiers » où il parle des pépinières, des espaliers, des contre-espaliers, des arbres en buisson et à haute tige, dédicacé au président du Parlement de Normandie, Jean-Louis Faucon de Ris. Ce livre est, avec « le Jardinier François » de Nicolas de Bonnefons, sorti des presses l’année précédente, le premier livre de sylviculture publié au XVIIe siècle. Il inaugure une longue série d’ouvrages sur le sujet, dans lesquelles il sera fréquemment cité en référence, au moins jusqu’à la publication posthume de l’ « Instruction pour les jardins fruitiers et potagers » de La Quintinie, en 1690. Le succès de « La Manière de cultiver les arbres fruitiers » se mesure à la quinzaine de rééditions qu’elle connaît.

(sources Wikipédia)

 

La première édition est imprimée à Paris en 1652, ouvrage de référence dans lequel il préconisait la culture en espalier et la greffe du poirier sur cognassier. Ce livre fut réimprimé à plusieurs reprises tant à Rouen, qu'à Lyon et Paris et traduit en anglais (la troisième édition fut éditée en 1701 à Rouen par Jacques du Mesnil dans la cour du Palais).

Dans cet ouvrage il écrit : '' Les hommes ne sont plus dans le Paradis terrestre où ils pouvaient manger des fruits admirables sans aucun travail... la nature ne donne plus rien d'elle-même. Il faut la caresser et la flater pour en obtenir quelque chose: il faut l'aimer si l'on veut être aimé.''

 

En réalité, le véritable auteur de l’ouvrage fut longtemps ignoré ; l’oeuvre fut attribué dès 1677 à l’abbé de Pontchâteau, et c'est à partir de 1716 que le nom de Robert Arnauld d’Andilly (1589-1674), un des pères de la pomologie française et un des grands jardiniers du XVIIe siècle fut proposé pour la première fois ; courant le XIXe siècle, seule l'attribution à d'Andilly demeure , mais, celle-ci est aujourd’hui réfutée en faveur de l’abbé Legendre par Sylvain Hilaire et Rémi Mathis (voir : https://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2014-2-page-345.htm), ce qui est désormais admis par l’ensemble des historiens.

 

L'abbé Legendre entretenait de bonnes relations avec Pierre Corneille qui serait venu passer plusieurs étés à Hénouville ; également avec Antoine Corneille, son frère.

Certains attribuent à Pierre Corneille une pièce de 244 vers, écrite en 1642 et intitulée « Le presbytère d'Hénouville » ; d'autres, dont l'abbé Tougard, pensent qu'il faut l'attribuer à son frère Antoine Corneille.

Antoine Corneille était ami et voisin d'Antoine Legendre : il fut curé de Fréville de 1642 à 1657. Les deux prêtres s'appréciaient et se recevaient régulièrement. Antoine Corneille était également poète et publia des poésies tel ce recueil : ''Poésies chrétiennes et paraphrases sur les cantiques et hymnes de l'église en l'honneur de la Sainte Vierge mère de Dieu'' publié à Rouen en 1647 chez Jean Le Boulenger près les Pères jésuites.

La poésie ''Le presbytère d'Hénouville'' fut publiée en 1642 à Rouen dans une brochure in-4° de 12 pages sous le titre : Poésies diverses.

En voici ci-dessous un extrait :

 

'' Vois à loisir ce lieu champêtre;

les jours y coulent sans ennuis:

Tâche si tu peux, de connaître

tant d'herbes, de fleurs et de fruits

 

Ces animaux que tu poursuis,

ces oiseaux que tu vois paraître,

dans ce bel enclos sont réduits

par les soins et l'art de son maître

 

Jette après la vue au dehors

et, voyant avec quels efforts

la nature à l'envi le pare

 

Demande à tes yeux enchantés

s'il pouvait, en un lieu plus rare

assembler tant de raretés ''

 

L'abbé Legendre est décédé à Hénouville le 16 avril 1665. Il est inhumé dans l'église au clocher anglo-saxon ; sur sa dalle funéraire est gravé :

 

'' Ci gist le corps de

discrete personne Antoine Le Gendre

… prêtre aumonier

conseiller ordinaire du Roi

contrôleur des jardins fruitiers

de M le curé d'Hénouville

natif de la paroisse N D du Vaudreuil

diocèse d'Evreux décédé en 1665

âgé de 75 ans ''

 

(sources : Jean Pierre Hervieux)

 

Le colombier du presbytere

Le colombier dans l’enclos du presbytère d’Hénouville

 

PS : « La nature ne donne plus rien d'elle-même …. Il faut l'aimer si l'on veut être aimé »

Les propos de l’abbé Legendre écrits en 1652 peuvent toujours nous faire méditer !!