Les associations entre les essences d’arbres

 

 

En forêt, les différents arbres sont associés pour différentes raisons, essentiellement naturelle et puis climatique. Les évolutions récentes de la météo et puis de la forêt elle-même battent en brèche les monocultures mises en place depuis toujours, notamment depuis Colbert.

La diversité des essences, des formes et des hauteurs des arbres permettent de mieux lutter contre les coups de vents aussi bien que des coups de chaud et puis contre les maladies apportées par les champignons ou les insectes.

Examinons cette question d’associations d’arbres, devenue une vraie question d’actualité.

 

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Les associations paysagères

 

Sur le plan paysager, les associations des arbres se réalisent  à partir de leurs formes : le port des arbres peut être de toutes sortes : palissé, grimpant, tapissé, étalé ou rampant, buissonnant, en boule ou ovale, ouvert ou divergeant, conique ou pyramidal, colonnaire ou élancé ou érigé, fastigié, en palme ou parasol, pleureur ou retombant, en étendard dans les secteurs venteux, en candélabre, etc …

Il peut être intéressant d’associer ou alterner par exemple un port conique et un port parasol, un port en boule ou buissonnant et un autre fastigié, etc …

Aussi d’alterner des résineux avec des feuillus ; puis alterner ou associer les essences mêmes : en Suisse, on associe volontiers le chêne avec le tilleul ; en Allemagne, l’épicéa avec le hêtre ; en Scandinavie, le pin sylvestre avec le bouleau ; ailleurs, il y a des expériences sur le chêne rouge et l’eucalyptus …

Certaines associations d’arbres fonctionnent très bien, dans une sorte de complémentarité, d’autres pas du tout, avec ce que l’on pourrait appeler une répulsion naturelle.

Une expérience récente consiste à « protéger » des parcelles de résineux ayant la vocation de produire, par un entourage de bouleaux qui ont la qualité d’être répulsifs à certains insectes tout en protégeant du vent (voir revue Forêt de France numéro 630 page 30).

Il faut également penser à associer les arbres des futaies avec ceux du sous-étage, par exemple le chêne avec le charme ; aussi les arbres de plein soleil avec ceux de mi-ombre, comme le hêtre, etc ...

 

Les associations racinaires

 

Nous voulons parler ici de la partie souterraine des arbres. L’association entre les arbres parait se faire autant au niveau de leurs racines que de la canopée.

L’on dit fréquemment que pour un bon épanouissement de l’arbre, il faut éloigner les pieds des « gros bois » d’au moins huit mètres ; concernant les racines, le réseau peut dans certains cas s’étendre sur une fois et demie la surface de la canopée. Sous terre donc, les arbres rivalisent  pour accéder à l’eau et à la nutrition, autant que pour accéder par le haut à la lumière.

Comparons cette question avec la situation des terres agricoles : l’appauvrissement des sols cultivés a été traité depuis longtemps d’abord par la jachère, donc le repos des terres, puis par les règles d’assolement avec une variation biennale ou triennale des plantes, selon leurs caractéristiques, leur besoin nutritif et puis leur système racinaire, qui est tantôt fasciculé ou traçant, donc en surface dit encore horizontal, et tantôt pivotant en profondeur ou plongeant dit encore vertical. La dernière méthode de lutte contre l’appauvrissement des terres consiste en l’apport d’engrais, mais celle-ci est inopérante pour la forêt et pour les temps actuels.

Le cycle forestier n’a bien sûr rien à voir avec le cycle saisonnier des récoltes agricoles ; mais compte tenu du système racinaire différent selon les essences d’arbres, il serait possible de limiter la concurrence en fonction des caractéristiques de chacune d’elles ; ici, l’assolement ne se ferait pas d’une année sur l’autre, mais plutôt d’un pied d’arbre à l’autre ; donc, un assolement non pas dans le temps mais dans l’espace ; de la sorte, il faudrait désormais admettre que la concurrence serait plus forte dans les forêts en monoculture que dans les forêts mélangées ou même irrégulières.

Des expériences ont été menées sur ce point et il semblerait que, effectivement, les arbres mélangés se développent mieux – plus 20 à 30% ! - que dans une logique de monoculture avec moins de stress hydrique et une meilleure symbiose racinaire.

Des recherches récentes ont porté sur la mycorhize, une association symbiotique entre l’arbre et le mycélium des champignons, avec un échange réciproque positif permettant à l’arbre, au-delà de ses propres racines, de s’irriguer en eau et s’alimenter en éléments nutritifs. (voir « La symbiose mycorhizienne » par Jean Garbaye aux éditions Quay - 2013) L’irrigation peut même se transmettre d’un arbre à l’autre ; l’utilité serait d’ailleurs croissante lorsque les arbres voisins ont un système racinaire tantôt horizontal et tantôt vertical ; l’on devrait alors constater des remontées d’eau, pour ainsi aboutir à une complémentarité non seulement entre les arbres et les champignons , mais aussi entre les arbres eux-mêmes ...

 

Arbres à racines fasciculées ou horizontales

Arbres à racines pivotantes ou verticales

 

Epicea – autres résineux

Frêne

Hêtre

Peuplier

Platane

Prunus

Sorbier

Thuya

Tilleul

 

 

Chêne

Ginko

Liquidambar

Micocoulier

Orme

Paulownia

Pin sylvestre

Robinier

Sequoia

Taxus

Tsuga

 

 

Alternance des arbres à racines horizontales (H)

Avec des arbres à racines verticales (V)

Plantation en carré

Nombre d’arbres : 36

Plantation en quinconce

Nombre d’arbres : 33

 

 H       V       H        V      H       V

 

 V      H       V       H       V       H

 

 H       V      H       V       H       V

 

 V       H       V       H       V       H

 

 H       V       H       V       H       V

 

 V       H       V       H       V       H

 

 H       V       H       V       H       V

 

      V       H        V       H       V

 

 V       H       V       H       V        H

 

     H        V        H       V        H

 

 H       V       H       V        H       V

 

      V       H        V        H       V

 

Ecartement des arbres :

- Ceux similaires : Lx√2 = 11,3 m

-  Ceux différents :  L = 8 m

 

Ecartement des arbres :

- Ceux similaires : Lx√5x1/2 = 8,94 m

-Ceux différents : L = soit 8 m, soit 8,94 m

 

Il faut bien reconnaître que le mélange d’arbres pied à pied, tout comme les plantations irrégulières ou jardinées, rendent le travail de sylviculture plus difficile.

Certains professionnels préconisent  de réduire la densité des plants à l’hectare, ou de réduire volontairement la productivité, par exemple en entourant des résineux de feuillus, d’arbres de taillis ou d’arbres à croissance rapide ; on parlerait alors d’un « bocage forestier », lequel serait plus favorable à la biodiversité.

 

L’association entre les arbres est un sujet majeur pour l’avenir de la forêt.

 

                                                                                                                      Y.D.F.