Anatole Lemoine (1843-1889)

 

            Anatole Charles Marie Lemoine naît à Saint Malo le 23 juillet 1843, troisième fils de François Guillaume Lemoine (1799-1883) et de Augustine Marie Moras (1804-1882).

            Lieutenant au 5ème bataillon, 5ème compagnie des gardes mobiles d’Ille et Vilaine pendant la guerre de 1870-1871,

            Il deviendra armateur comme son père et comme ses frères Francis et Auguste.

            Il épouse à Laval le 21 novembre 1877 Berthe Clarisse Marie Dubois, fille de Henri Auguste Dubois (1820-1887) notaire à Laval et de Clarisse Marie Rousselière (1828-1892)

Ils eurent deux enfants Berthe et Henri plus un décédé en bas-âge

Jusqu’en 1883, l’entreprise d’armement Lemoine prospérait ; Francis l’aîné était décédé en 1872, mais le père et les deux fils Auguste et Anatole assuraient la gestion ensemble sans doute avec des attributions ou des navires respectifs

Après le décès de leur père, Auguste et Anatole réalisèrent avec leur sœur Alice un partage et l’armement se retrouvait ainsi scindé ; celui d’Anatole était composé d’une quinzaine de navires destinés soit à la pêche à la morue à Terre-Neuve, soit au cabotage soit au long-courrier.

D’après les quelques archives de l’armement, nous pensons pouvoir dire que Anatole Lemoine était inventif, défenseur de la profession, organisé et social ; nous savons de lui que :

-                            il fut parmi les premiers malouins à lancer et organiser un système de conservation du homard à Terre-Neuve ; il fit aussi des tentatives pour le saumon

-                            il écrivit plusieurs fois à la Chambre de Commerce de Saint-Malo et au Ministère pour défendre les havres de pêche à Terre Neuve envahis par les anglais ou les insulaires et pourtant réservés aux français depuis le traité d’Utrecht de 1713

-                            il est l’auteur d’un code de langage secret entre l’armateur à Saint Malo et ses capitaines sur les lieux de pêche pour communiquer à l’abri des concurrents

-                            avec Guibert et Saint-Mleux, armateurs, ils appointent sans aucune obligation et à leurs frais un médecin, le docteur Esnault, à Port aux Choix sur la côte ouest, un autre aux Grands Saints Julien sur la côte est, pour soigner les marins malades.

Très rapidement hélas il tomba malade à la suite d’un coup de froid sur l’un de ses navires et il décéda à son domicile de l’Artimon à Saint-Servan le 9 novembre 1889.

Son testament daté du 10 septembre 1885 (à notre avis, il était déjà malade) prévoyait un certain nombre de dispositions en cas de décès en cours d’activité (ma volonté est que la liquidation soit faite au fur et à mesure des rentrées des valeurs et des navires et que ce soit fait judiciairement) en faveur de ses enfants (sa fille Berthe et l’enfant à naître) de son épouse (l’usufruit jusqu’à la majorité des enfants) ainsi qu’aux œuvres (chaque année 500 francs aux enfants pauvres de marins qui feraient leur première communion ; chaque année 2 000 francs aux familles pauvres de marins pêcheurs français décédés ou disparus).

La notice nécrologique parue dans le journal « le vieux corsaire » laisse entrevoir l’émoi de la population et des marins à la suite du décès de l’armateur âgé seulement de 46 ans

Son épouse âgée de 33 ans, aidée de Auguste Lemoine son beau-frère et de Joseph Blaize de Maisonneuve liquide l’armement et fait agrandir la propriété L’Artimon ; par la suite, elle se consacra à ses deux enfants ainsi qu’aux œuvres caritatives : les Œuvres de Mer, l’Oeuvre de l’Adoption des Orphelins de la Mer ainsi que les œuvres de Jeanne Jugan et les petites sœurs des pauvres.

Anatole Lemoine avait été vice consul d’Espagne depuis 1872 à la suite du décès de son frère Francis jusqu’à son propre décès en 1889 ; pour ses services, il fut décoré de la croix de Maria Isabelle Louisa.