Le paysage naturel de Fécamp
D’une façon générale, le paysage est passé depuis longtemps d’un état initial, indigène ou primaire de la nature à un état grandement maîtrisé par l’homme : la forêt disparait, l’estuaire devient un port, les marais sont asséchés, la vallée s’urbanise ; par contre, les rivières continuent de couler, les falaises de reculer, la terre de produire …
L’histoire du paysage
La région de Fécamp était à l’origine presque totalement boisée, à l’exception de quelques clairières, des fonds de vallée humides et des rivages desséchés par les vents marins.
Peu à peu, l’homme va s’installer à cet endroit et en modifier le paysage, en dégageant des espaces de prairies en vallée et de cultures sur le plateau.
De la forêt d’origine, il ne subsistera que des bois-taillis sur les coteaux, quelques bosquets résiduels, des haies sauvages pour marquer les limites de propriété. Les marais et les landes sont très répandus : l’homme les maitrisera petit à petit [1] …
Les essences d’arbres rencontrées à l’origine étaient toutes rustiques ou pionnières : des saules, des aulnes, des bouleaux, sureaux, épines ou coudriers et puis des chênes, les pédonculés ; par la suite, le hêtre, de par son dynamisme, deviendra dominant ; malgré la grande pauvreté des essences locales d’origine [2] , l’homme va y introduire de nombreuses variétés nouvelles en provenance d’ailleurs : celles-ci viendront d’abord du sud de la France, tels les châtaigniers, les ormes, les platanes, les noyers, puis de l’étranger, au retour des voyages ou bien des guerres, d’Italie, du Moyen-Orient puis de l’Orient, enfin d’Amérique sitôt les grandes découvertes, avec des thuyas, des cyprès, des robiniers, des érables, etc... Les résineux, des sapins ou des pins, introduits à l’origine dans les montagnes, vont se généraliser en plaines et également dans les parcs.
La forêt d’origine était dénommée « Forêt de Fécamp » d’une surface initiale de 30 000 hectares environ, dont les parties subsistantes sont le « Bois de Boclon » , le « Bois des Hogues » et le « Bois des Loges » ; elle était sous la domination en partie du duc de Normandie et en partie de l’abbaye de Fécamp ; la toponymie locale rappelle encore la présence de cette ancienne forêt [3] .
La rivière de Fécamp, aussi dénommée de Valmont, reçoit les eaux de deux bras, l’un venant de Valmont par Colleville, l’autre venant du Bec de Mortagne par Ganzeville.
L’occupation humaine
La présence humaine sera d’abord temporaire et nomade, avec les invasions, puis régulièrement sédentaire, en premier lieu à une certaine distance de la mer autour du versant sud-ouest de la vallée, ensuite par petits hameaux le long ou aux croisements des routes, enfin par une occupation générale de la vallée, suite à son assèchement.
L’endroit est sécurisé par quelques fortins face à la mer et vers le fond de la vallée, à la séparation des deux rivières, par un camp dit « du Canada » .
Les Romains vont, comme leurs prédécesseurs, les Calètes, faire reculer la forêt, pour y établir des exploitations rurales et puis tracer des routes.
La communauté s’étend alors en partie près de la mer, dans l’anse maritime située à l’intérieur de la barre de galets, et autre partie plus à l’intérieur sur une plate-forme dénudée occupée dès 658 par un monastère de femmes ; cette situation allait se perpétuer par la double vocation de la ville, à la fois maritime et rurale.
Les invasions vikings de la fin du premier millénaire dévasteront la région, comme en 841, mais les premiers ducs, une fois installés vont rapidement doter Fécamp d’une résidence princière et aussi d’une nouvelle abbaye bénédictine ; le monastère sera très important et influent à l’époque des ducs, un peu moins par la suite à l’époque des abbés commendataires mais avec un renouveau au moment de la réforme de Saint-Maur.
En véritables marins, les vikings devenus normands vont aménager la passe et l’estuaire pour en faire un abri, bientôt un port.
Aux temps de la féodalité, la forêt locale est soumise à la maitrise de l’abbaye de Fécamp et de quelques seigneurs locaux (Les Hogues) mais la paysannerie en avait aussi l’usage (droits de pacage, affouage, etc …). L’herbe envahit rapidement les nombreux essartages et ainsi l’élevage, surtout du mouton, se développe et accompagne la vie des hommes ; l’abbaye accélère le défrichage et y crée des domaines de culture (cours plantées), des prieurés (L’Epinay), des maisons fortes (Bec au Cauchois, Caniel …), des églises au cœur de chaque communauté villageoise (Paroisse).
Par la suite, viendra l’époque classique avec le développement du labourage et du pâturage, les deux mamelles de l’Etat, selon le ministre Sully ; il y aura aussi l’assèchement des zones humides, le défrichage des landes et les plantations d’arbres le long des routes.
Avec la Révolution, viendra la fin du monastère, la fermeture des églises, la vente des biens nationaux ; une nouvelle communauté urbaine renaîtra ensuite, avec l’essor d’une vraie ville, après suppression de ses murs, laquelle ira sans discontinuer du hameau de Saint-Ouen jusqu’à la mer. Au cours de ce 19ème siècle, la population double et s’oriente essentiellement vers les activités maritimes et aussi en fond de vallée vers la petite industrie.
Au 20ème siècle, la ville s’agrandira par des constructions et lotissements sur les deux versants est et ouest. La grande aventure maritime s’interrompt vers les années 1980 avec la fin de la pêche à Terre-Neuve ; depuis, Fécamp cherche son orientation autour des activités tertiaires et du tourisme.
Vue de Fécamp par André Paul Leroux (1870-1950)
La population à Fécamp
De l’importance de la population, dépend l’emprise du paysage urbain sur la nature ; il paraît donc intéressant d’en suivre la courbe ; nous avons des chiffres assez précis provenant de la Généralité de Rouen sur la population des 49 paroisses marquant la circonscription de la forêt de Fécamp, avec pour la 1ère moitié du XIIIème siècle 3129 paroissiens, soit 15 000 habitants environ, pour l’année 1665, 3265 feux dont 209 non imposables à la taille, soit encore 15 000 habitants environ, enfin pour 1962, le recensement est de 15 684 habitants ; une surprise donc pour une telle régularité sur presque 1000 ans !
Robert Soulignac, au moyen des mêmes sources, retient 21 paroisses proches de Fécamp, avec 8685 habitants au début du XIIIème siècle, 9580 en 1665 et 12 222 en 1962 ; la légère augmentation globale vient de l’accroissement des bourgs de Goderville, Etretat ou Yport.
Par contre et à vrai dire, nous n’avons aucun chiffre similaire pour les paroisses de l’exemption de Fécamp et pour Fécamp elle-même ; nous pouvons seulement indiquer ce qui suit :
Autour de l’an 1000 : estimation inconnue
1ère moitié du XIIIème siècle : estimation inconnue.
En 1517 soit à la Fondation du Havre : estimation à 6000 habitants environ.
En 1731 : 1300 maisons plus un tiers ruinées et 6000 âmes.
Pendant la Révolution : 6500 habitants.
Vers 1800 : 8 000 hab.
En 1851 : 11401 hab.
En 1901 : 15381 hab. – la population a quasiment doublé au cours du 19ème siècle -
En 1954 : 18201 hab.
En 2006 : 19424 hab.
A ce jour (estimation 2015) : 19167 habitants qui occupent 9000 résidences principales.
Autre élément significatif : le taux d’occupation des logements ; celui-ci a nettement diminué puisqu’il est aujourd’hui de 2,1 alors qu’il était de 4,6 en 1731 ! Il s’en suit un accroissement du nombre de logements encore plus important que celui de la population elle-même, d’où un étalement important, exponentiel, de la ville, au fond de la vallée puis sur les coteaux …
Les principaux intervenants sur le paysage
Les moines : on leur doit beaucoup à Fécamp : l’abbatiale, les bâtiments monastiques, les jardins du monastère et aussi du val aux clercs, la création du canal de la Voûte, le port …
Les moines ont été les grands bâtisseurs du Moyen-Age ; l'ordre bénédictin est plus apostolique que contemplatif ; il s’est fortement impliqué dans l’évangélisation et puis le défrichement de l'Europe ; de ce fait, le paysage lui doit de profonds changements. Saint-Benoit, le fondateur souhaitait même que le travail des moines ne les oblige pas à sortir du monastère : « Le monastère doit, autant que possible, être disposé de telle sorte que l'on y trouve tout le nécessaire : de l'eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu'on puisse pratiquer les divers métiers à l'intérieur de la clôture. De telle sorte que les moines n'auront pas besoin de se disperser au-dehors, ce qui, selon Saint-Benoit, n'est pas du tout avantageux pour leurs âmes. »
Pendant huit siècles, ils seront de grands bâtisseurs d’églises, mais aussi de bâtiments à différents usages monastiques ou fermiers et puis seront créateurs de fermes et de jardins, de jardins successifs souvent entourés de murs ou bien de petits cours d’eau, à commencer par le cloître ; les gravures du fameux « Monasticum Gallicanum » font état de ces jardins qui à Fécamp ont été appréhendés depuis par l’urbanisme, les seuls souvenirs consistent en quelques vieux noms de rue comme la rue des galeries, la rue de la cascade et aussi la rue du Val aux Clercs … Les jardins à cette époque étaient clos, des « Hortus Conclusus », fermés par des murs où l’on accrochait les fruitiers, mais dont l’urbanisation récente n’a conservé que bien peu de restes.
Relevé des jardins abbatiaux sur le cadastre de 1830
La municipalité – les espaces verts – les bois communaux -
La municipalité est en charge des biens de la commune depuis leur création par la loi du 14 décembre 1789 ; elle prend en fait le relais de ce que le monastère et la communauté villageoise avaient pu assurer précédemment, avec le port, les bâtiments publics, le pavage des rues, leur électrification, l’hospice, l’enseignement, puis plus récemment avec le fleurissement de la ville.
La commune gère toutes les voiries mais également les espaces verts, les serres municipales, les bois municipaux, le parc municipal ; les espaces verts sont de 31 hectares dont 1156 M2 de massifs fleuris, ornés de 75 000 fleurs annuelles, produites dans les serres municipales de 10 000 M2 ; la récompense en est de recevoir trois fleurs au concours des villes fleuries.
Le paysage est pour elle, une attribution – une compétence – parmi d’autres, supposant des choix et puis des investissements ; celui-ci ne peut plus être traité accessoirement comme autrefois. Certaines communes cherchent à motiver leurs concitoyens par des « concours des jardins ou balcons fleuris ».
Les entreprises horticoles - Lecanu-Louvel et autres [4] – Les jardins privés -
L’entreprise Louvel-Lecanu [5] : en 1797, un certain Jean-Pierre Louvel (1770-1828) originaire de Versailles, crée une pépinière au Val aux Clercs de Fécamp sur la côte du Ramponneau sous la route du Havre, un endroit protégé du vent, là où les moines possédaient des vignes ; il avait épousé à Fécamp en 1796 Marie Anne Lemaître (1778-1842) dont le père jardinier, tenait des Abbés un certain nombre de terrains à cet endroit et puis les avait rachetés pendant la Révolution sans doute comme biens nationaux; l’entreprise passera à leur fils François Louvel (1797-1889), puis à leur petite fille, Virginie Louvel (1832-1912) et à son mari Paul Lecanu (1832-1874) , enfin au fils de ces derniers Auguste Lecanu (1861-1933) .
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Auguste Lecanu était un véritable architecte-paysagiste, il établissait parallèlement aux devis de fournitures et de poses de plants, des projets de jardins sur calques [6] auprès de propriétaires de châteaux ou de villas (voir sa liste de clients sur le tableau ci-joint) ; parmi eux, les châteaux des Hogues, du Tilleul, de Maniquerville, d’Auberville, de Sassetot, des propriétés à Criquebeuf, Deauville, Etretat, le Havre … Et aussi les abords d’usines, ceux des usines Schneider à Mayville et Harfleur où 15 000 peupliers arrivèrent en deux semaines directement des pépinières fécampoises.
La végétation ici au Val aux Clercs allait depuis le chêne millénaire jusqu’aux lauriers-sauces ; un coin japonais était planté de Yuccas ; non loin un pommier avait la particularité de fleurir avant d’avoir des feuilles, et aussi un mûrier, un Paulownia Catalpa ; on y trouvait toutes sortes de plants à vendre, de toutes origines, à feuilles caduques qu’on livrait racines nues, à feuilles persistantes qui demandaient davantage de soins et qu’on emballait dans l’orangerie, un vaste bâtiment vitré situé à l’entrée de la propriété ; avec deux spécialités déclarées, les pommiers à cidre et les arbres résistants à l’air marin ; un catalogue de vente faisait état de l’ensemble de la production ; la totalité des terrains couvrait une surface de huit hectares.
Les sapins bleus, argentés et aurifères voisinaient avec les Taxus Aurea ou ifs à feuilles d’or, les magnolias, les Bambusa Aurea ou bambou d’or, les lauriers du Portugal utilisés dans la confection de couronnes funéraires et le laurier-sauce dont les négociants saleurs emploient 6 000 feuilles par semaine dans la préparation des conserves de poisson.
L’entreprise fournissait des plants jusqu’en Belgique et en Angleterre où l’on expédia par exemple le 10 octobre 1905 par le bateau de Southampton trois Altheas bleus et trois Altheas blancs pour une somme de treize francs ! On offrit même à Auguste Lecanu d’aller s’installer à Rio avec un contrat de 100 000 francs ; cela se situait en 1914 ; le projet fut sans doute contrarié par la survenance de la guerre .
Il nous a été indiqué que Claude Monet lors de l’un de ses séjours à Fécamp en 1880 et 1881 serait venu peindre dans les jardins Lecanu.
Le Val aux Clercs à Fécamp – au premier plan la pépinière et l’orangerie de Auguste Lecanu
Les initiatives privées – les jardins privés -
Les notables de la ville vont participer à la transformation paysagère :
Jean Louis Leclerc aménageait un beau jardin à l’arrière de sa maison du Val aux Clercs – aujourd’hui à usage de parking - ; Alexandre Legros édifie vers 1840 sa maison rue du Bail [7] avec un jardin intérieur en forme d’arboretum comprenant des essences d’arbres de tous les coins du monde [8] – aujourd’hui le jardin public du centre-ville – Gustave Couturier aménage le jardin de sa maison de la route de Rouen.
Les armateurs : Augustin Le Borgne crée une roseraie autour de sa maison des capucins dessinée par Lecanu, Alexandre Duval le père de Jean Lorrain, un jardin autour de Rocheville, sa maison de la rue sous le bois, et aussi Michel Massif dans sa propriété du 17 rue des galeries avec pièce d’eau au centre et serre au fond [9] .
Le comte de Nesmond aménage un jardin autour de son château de Renéville sur les plans de A. Lecanu
Alexandre Le Grand, le fondateur de la société Bénédictine aménage attenant au palais à la fois usine et musée, un petit jardin à la française fait de bandes de buis et de roses avec en son centre une fontaine en fer forgé, œuvre de Ferdinand Marrou . La famille Le Grand fit édifier plusieurs villas sous la signature de l’architecte Camille Albert, lesquelles étaient accompagnées de jardins comme à Gruville …
Les notaires : Me Stéphane Le Monnier aménageait les jardins de son manoir de Ganzeville selon les plans de A. Lecanu ; Me Alexandre Nicolaï installait un jardin d’hiver dans sa maison rue Casimir Perier, et puis un jardin au Val aux Clercs ainsi que des serres ; il était membre de la Société Nationale d’Horticulture de France et parait-il amateur et connaisseur des orchidées ;
Des villas vont apparaître sur le front de mer ou dans les abords, sur les premiers versants, avec autour d’elle un coin de verdure ; la propriété dénommée « le Coteau » possédait un grand jardin ornemental aujourd’hui disparu …
Les règles d’urbanisme applicables à la protection du paysage[10]
Les lois et règlements participent à la confection du paysage ; ils le conditionnent dans le but de le protéger ; nous allons en énumérer les principaux :
Outre les lois générales, insérées dans des codes – urbanisme, construction et habitation, rural, environnement, forestier … il y a les règlements locaux :
Le Plan Local d’Urbanisme de Fécamp (P.L.U.) : il fait suite à un Plan d’Occupation des Sols ou P.O.S. [11] ; prescrit le 5 juillet 2007, arrêté le 6 septembre 2013, approuvé le 28 février 2014 – avec les espaces boisés classés (E.B.C.) - articles L-130-1 et suivants du code de l’urbanisme -, les espaces naturels remarquables article L 146-6 du code de l’urbanisme, les trames vertes et bleues –
Dans le P.L.U., les mesures applicables aux plantations hors périmètre de la ZZPAUP sont les suivantes – article 13 - :
- Les arbres abattus seront remplacés par des plantations d’essences locales
- Les constructions individuelles devront s’accompagner d’un arbre pour chaque fraction de 300 M2
- Les alignements d’arbres devront être sauvegardés, entretenus et rénovés
- Les haies végétales doivent être réalisées avec des essences locales ; ici, exclusion du thuyas mais également du troène.
L’article R 123-11-h du code de l’urbanisme rappelle pour ce qui concerne les PLU, les espaces paysagers à protéger : « les documents graphiques du règlement font apparaître …. h) Les éléments de paysage, les quartiers, îlots, immeubles, espaces publics, monuments, sites et secteurs à protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d'ordre culturel, historique ou écologique, et notamment les secteurs dans lesquels la démolition des immeubles est subordonnée à la délivrance d'un permis de démolir … »
Un PLU intercommunal est en préparation, à l’échelle du territoire de l’Agglomération.
L’Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine ou AVAP , anciennement Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager ou ZPPAUP, créée en 2007 ; la protection des paysages y est particulièrement étudiée.
Ces deux règlements - PLU et AVAP - sont donc essentiels ; lors de leur élaboration, une évaluation environnementale a été effectuée ainsi qu’un projet d’Aménagement et de Développement Durable ou PADD.
Les monuments classés ou inscrits :
- L’abbaye de la Sainte Trinité (liste de 1840 et IISMH du 30 mars 1992)
- Les ruines de l’ancien château (CMH du 26 octobre 1910)
- L’église Saint-Etienne (CMH du 7 janvier 1921)
- La chapelle Notre Dame de Salut (IISMH du 15 janvier 1929)
- Maison 73 rue Arquaise (IISMH du 24 janvier 1978)
- L’oppidum du Canada (Protection spéciale par décret du 25 avril 1983 [12] )
Les abords de ces monuments sont également protégés sur un rayon de 500 mètres.
Les sites classés ou inscrits :
- la vallée de Ganzeville (SI le 21 février 1989)
- la côte d’Albâtre (SC le 4 janvier 1979 plus arrière CA le 16 juin 1978, plus DPM 500 m de CA le 28 mars 1979)
- la Chapelle Notre Dame de Salut et ses abords (SC le 27 juillet 1928) (les blockhaus du Cap Fagnet ne sont pas protégés mais sont inclus dans les abords de la chapelle)
Les Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF)
- La falaise et le littoral amont de type 1, numéro 230000751 de Fécamp à Saint Pierre en Port de type 2, numéro 230000299 du littoral de Fécamp à Veulettes
- La falaise et le littoral aval, des valleuses d’Etretat à Fécamp, numéro 230000869
- Les zones humides des vallées de Valmont et Ganzeville
- Les étangs de l’Epinay
La Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux ou ZICO du cap Fagnet
D’autres dispositions ont des effets sur le paysage :
- Le schéma de cohésion territoriale – SCOT – anciennement Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme – SDAU -
- Le plan de prévention des risques naturels et technologiques, des risques majeurs ou DICRIM,
- La loi littoral : Dans les communes soumises à la Loi littoral, ce qui est le cas pour Fécamp, l'article L. 146-6 du Code de l'urbanisme dispose que le plan local d'urbanisme « doit classer en espaces boisés, (…) les parcs et ensembles boisés existants les plus significatifs de la commune ou du groupement de communes, après consultation de la commission départementale compétente en matière de nature, de paysages et de sites » . Ici, à Fécamp, tous les bois ont été classés ; ils ont tous été considérés comme les plus significatifs ; la mesure de protection est très efficace avec de nombreux interdits ; l’affectation et l’occupation du sol sont figées, avec aucune indemnité pour les propriétaires.
- La D.T.A. ou Directive d’Aménagement de l’Estuaire de la Seine
- Directive Habitats Faune Flore du littoral cauchois
- Zone ou site Natura 2000 avec une ZPS ou zone de protection spéciale numéro FR 2310045 intitulée du littoral Seino-Marin ; allant sur tout le littoral cauchois, du cap d'Antifer au cap d'Ailly; 1ère publication le 7 décembre 2004 ; la surface concernée est de 6303 ha dont 69% de superficie marine ; le secteur de Fécamp est affecté par une zone de protection spéciale du littoral seino-marin – arrêté interministériel du 27 mai 2009 paru au JO du 27 juin 2009 puis arrêté du 3 septembre 2013 (extension de la ZPS Falaise du Cap Fagnet) et avec deux SIC ou Site d'importance ou d’intérêt communautaire celui numéro FR 2302001 intitulé le Réseau des cavités du Nord-Ouest de la Seine Maritime, et celui numéro FR 2300139 intitulé du littoral cauchois ; et aussi avec une ZPC ou zone spéciale de conservation ; à nouvelle extension par un arrêté du 2 mai 2016.
L’inventaire national du patrimoine naturel ou INPN fournit 198 résultats uniquement pour Fécamp ; il répertorie tous les espaces naturels protégés, toutes les mesures de protection de la faune et de la flore ; comme vous le voyez, les mesures ne manquent pas, elles se superposent, il y a parfois de quoi s’y perdre [13] …
Il faut s’intéresser à toutes ces mesures ; si elles sont nombreuses et contraignantes, elles le sont tout de même en faveur du patrimoine naturel local ; par contre, elles génèrent pour Fécamp une problématique qui est la suivante : les plateaux de la côte Saint-Jacques risquent fort dans l’avenir de ne plus devenir constructibles , sauf peut-être pour les services publics ; en effet, le Plan Local d’Urbanisme est à cet endroit plus restrictif que ne l’était le Plan d’occupation des Sols ; parallèlement le Plan de Prévention des Risques apporte ses propres restrictions sur le front de mer (submersions marines), le fond de la vallée (inondations) et sur les constructions réputées dangereuses (marnières et carrières) ; les documents d’urbanisme cités ci-dessus sont également vigilants sur l’aggravation du ruissellement dans les terrains en pente ; rien donc de très facile pour Fécamp, compte tenu de sa situation orographique. La loi SRU du 13 décembre 2000, se proposait de densifier l’habitat, de construire plus haut ; la chasse aux logements inoccupés avait été évoquée, également des compensations sur la démographie des communes environnantes ; pendant ce temps-là, alors même que la population de la ville stagne, le taux d’occupation des logements continue à baisser avec 2 personnes par logement, ce qui faisait encore 3 vers 1980, et puis 4,6 en 1731 !
Les équations sont compliquées, et malgré cela, le paysage doit s’y retrouver dans les solutions !
Les dispositions d’urbanisme à caractère sensible pour le paysage
Le front de mer
Comparer le front de mer des cartes postales anciennes à celui d’aujourd’hui n’est malheureusement pas à notre avantage ; la guerre 1939-1945 a détruit de nombreux éléments du paysage de la « Belle Epoque », celle des bains de mer ; la reconstruction rapide de l’après-guerre nous a produit une barre d’immeuble d’un modèle courant où grâce à la vue, il fait bon vivre ; le contraste n’est pas aussi grand qu’entre le front de mer du Tréport et celui de Mers les Bains ; ici, nous sommes plutôt sur un développement urbain disparate avec des petites maisons en série, des villas et aussi des immeubles collectifs ; les matériaux, les couleurs sont également très variables. Modifier l’existant paraît difficile : il suffirait d’harmoniser tout ce qui est présent en formes, couleurs et matériaux, de tenter de végétaliser, au moyen par exemple d’une promenade couverte type pergola, de personnaliser le mobilier urbain …
La côte de la Vierge
L’urbanisation débuta à la fin du 19ème siècle avec les ventes par adjudication de terrains à construire par Jean Lorrain et sa mère, propriétaires d’une bonne partie de la côte de la Vierge, 8 ha environ ; et aussi par la viabilisation et les ventes réalisées par la société civile constituée en 1882 entre François Godard, entrepreneur au Havre, et Henri Bénard, architecte.
Quelle est donc la ligne directrice de cet endroit très visible et donc très sensible pour les fécampois ; les dominantes sont, nous semble-t-il, le pavillonnaire, les couleurs claires, l’ardoise, les toits à deux ou quatre pans et les pignons latéraux parfois frontaux ; ici, le règlement de l’AVAP introduit les toits plats, interdit les pignons frontaux et préfère les couleurs sombres ; il faudrait y soutenir les points communs plutôt que d’en autoriser de nouveaux dans le goût du temps ; il y a déjà une grande multiplicité que certains qualifient d’hétéroclyte, il faudrait vraiment y donner une ligne directrice plus harmonieuse dans les formes et les couleurs [14] …
Les éoliennes
Nous ne souhaitons pas rentrer dans le débat plutôt « venteux » et même parfois tendu qui s’instaure partout où l’on dresse des éoliennes ; il y a les « pour » et puis les « contre » ; rien de tel pour diviser les populations ainsi que les corps politiques ou administratifs concernés, mais il faut bien avouer que l’effet visuel à Fécamp est catastrophique, juste derrière la chapelle Notre Dame de Salut, au vu de tous, depuis Yport, Ypreville-Biville et Ouainville, soit sur plus de 100 Km2, uniquement pour la partie terrestre …
Par arrêté préfectoral du 15 octobre 2001, la société SIIF Energies France s’est donc vue délivrer un permis de construire pour cinq aérogénérateurs d’électricité dites éoliennes sur le territoire de Fécamp.
Une association Bien Vivre en Caux sollicita en justice l’annulation de l’arrêté ; le tribunal administratif de Rouen par jugement du 10 décembre 2003 rejette la demande, puis également la Cour administrative d’appel de Douai par arrêt du 16 décembre 2004 ; parmi les détails de cette affaire, visible sur le site Légifrance, nous notons seulement quelques éléments au passage des conclusions en faveur :
- Le site n’a manifestement pas vocation à une protection particulière au titre de l’article R 111-21 du code de l’urbanisme [15] …
- Au contraire, le site sera valorisé par l’implantation des éoliennes …
- Le site Natura 2000 du littoral cauchois n’a été retenu qu’après la date du permis de construire attaqué (la première proposition du site Natura 2000 date du 30 avril 2002)
- Le projet contribuera au contraire au renouvellement du paysage ...
En réalité, le seul argument acceptable est celui de la nécessité d’un service public …
Les bois
Ils sont tous classés en catégorie Espaces Boisés Classés ou EBC, autant les bois communaux que les bois privés [16] ; le dispositif est régi par l’article L 130-1 du code de l’urbanisme ; l’appliquer à tous les bois quels qu’ils soient nous parait trop contraignant [17] ; en voici les raisons :
Les territoires boisés de plus de 25 ha doivent faire l’objet d’une gestion durable et d’une sage gestion économique – article L124-1 du code forestier – Un plan de gestion forestier est nécessairement établi en premier lieu – article L312-1 du code forestier – Les coupes y sont réglementées avec des contrôles tant préalable que postérieur ; ce système s’applique partout en France de façon assez satisfaisante.
Dans les zones E.B.C., les coupes sont difficilement admissibles ; il est par exemple difficile d’exploiter un taillis comme autrefois et depuis toujours, par des coupes régulières tous les 10 ou 15 ans, mettant certes à nu des parcelles entières, mais en vue d’une repousse immédiate sur souches ; l’exploitation d’une futaie régulière parait également difficile à réaliser car elle aboutira au final à une coupe d’ensemble ; il ne reste plus qu’à pratiquer une exploitation irrégulière issue d’une régénération naturelle ; celle-ci est parfois d’application complexe.
Les plus petites parcelles boisées, de moins de 25 ha n’ont pas l’obligation de produire un plan de gestion forestier, et donc ici, la moindre coupe doit faire l’objet d’une autorisation spéciale – article L 124-5 du code forestier – laquelle peut aussi bien être refusée ; seule la consommation personnelle de bois de chauffage est autorisée ; nous conseillons ici aussi un plan de gestion qu’il est possible d’établir facultativement à partir de 10 ha.
Le régime E.B.C. aboutit parfois et malheureusement à une absence totale de gestion des bois ; faire des éclaircies et des prélèvements mesurés, c’est-à-dire programmés dans un plan de gestion, ne relèvent pas de pratiques exagérées ; à défaut, les arbres rivalisent et puis s’étiolent par manque de lumière, les sous-bois s’assombrissent, les couvre-sols disparaissent, également la faune et la flore, la nature ne se renouvelle pas …
Sous-bois du parc municipal - Carte Postale Ancienne – Cayez éditeur -
Les réalisations ayant un impact sur le paysage
Les équipements publics de la ville - ou ouverts au public - ; nous avons :
La mairie qui s’installe vers 1850 dans les bâtiments abbatiaux ;
L’ancien hôpital de la rue Saint-Nicolas agrandi vers 1850, augmenté du dispensaire de la rue Dunant, avec depuis la construction du nouvel hôpital, une nouvelle vocation difficile à trouver ;
Le pavillon de l’enfance, œuvre de la Goutte de Lait, de la rue de la République ;
Les collèges et écoles : Paul Bert, Jules Ferry, Jean Lorrain, 14 juillet, école Albert Camus dite camembert, Jean Macé, le collège Cuvier … le dernier établissement en date étant le lycée Anita Conti ;
L’ancien Tribunal de Commerce, l’ancienne Banque de France, les restes de certains services disparus de la place ;
Le centre Saint-Exupéry, la salle de l’Union … ;
La Poste et les Banques, Caisse d’Epargne et autres ;
Les édifices religieux : l’abbatiale de la Sainte-Trinité, l’église Saint-Etienne, le Temple protestant, la chapelle de la Vierge, la chapelle-fontaine du Précieux Sang, les deux chapelles de l’ancien hôpital ;
Le casino reconstruit de façon assez simple après la guerre ;
Et puis désormais il y a les équipements récents sur le plateau (voir plus loin) …
Le patrimoine naturel de la commune est également important ; Fécamp dispose de 31 hectares d’espaces verts naturels ou forestiers, avec :
Le jardin public du centre-ville – autrefois jardin Legros puis Le Monnier – où un tilleul argenté a été planté en 1992 pour le bi-centenaire de la proclamation de la République ; un arbre de la liberté, un peuplier [18] , disparu depuis, avait été planté en 1793 près de la Fontaine du Précieux-Sang, sur une place désormais dénommée de la Liberté…
L’ancien parc public du Val aux Clercs, de 7 hectares environ, désormais privatisé, où les anciens se souviennent des kermesses d’écoles, composé essentiellement de hêtres .
Les jardins de Louanne au bord de la rivière de Ganzeville, créés vers l’an 2000, sur des terrains en résiduel de l’ancienne ferme Prévost, expropriée pour créer la rocade Mandela ; d’une surface de 1,5 hectare, plantée de 500 espèces dont des bambous, acacias, bananiers, palmiers, graminées, complétée par des plans d’eau et une mini-ferme avec des poneys, moutons, chèvres, poules, canards, oies …
D’autres espaces verts sont disséminés dans la ville, avec notamment les pourtours de l’abbatiale, le carrefour de l’Europe, les dessous de l’avenue Gambetta, également dans la ville haute …
arbre de la liberté
Les bois communaux :
Le Bois de la Côte Saint Jacques, acquisition Gosset-Grainville de 1963, d’une surface de 10 ha environ, ancien taillis non exploité composé de chênes, châtaigniers et hêtres, complétés par des frênes et des érables et aussi de quelques vieux pins ; l’ensemble sert de parcours sportif ; il nécessiterait une éclaircie, bien que situé en zone E.B.C. ;
Le bois sous la Chapelle, ancienne propriété Le Roy, d’une surface de 3 ha environ, composé de taillis et de ronciers .
Les industries d’autrefois
Il y a dans le quartier du port, toutes les anciennes maisons d’armateurs avec les ateliers de salaisons, les boucanes, sècheries, corderies, entrepôts …
Les autres manufactures de la ville ont toutes disparu ou presque, elles ont été parfois réemployées à un autre usage [19] , les filatures de coton, une manufacture de draps (Cossard), les scieries mécaniques, les différents moulins à blé, à huile, à tan, à foulon, etc … ; seul a survécu, de par sa notoriété et sa qualité architecturale, le Palais Bénédictine, reconstruit après 1892 à la suite d’un incendie.
Les extensions urbaines sur les coteaux
Elles ont été réalisées au fur et à mesure, surtout au cours du 20ème siècle, le long des rues par des maisons accolées et puis en lotissements ; les voiries n’étaient à l’origine que des voies de dessertes de jardins qui ont été élargies et prolongées ; l’ensemble à vrai dire ne développe aucune harmonie particulière, si ce n’est les maisons jumelées ou celles en série des lotissements …
Depuis la dernière guerre, les constructions en collectif ont appréhendé les derniers jardins et maraichers disponibles du secteur (Elisabeth, Vikings, Mozart).
Une réussite entre autres : les quelques cyprès plantés à l’entrée de l’ancienne école Albert Camus.
Les extensions sur le plateau – les hauts-camps-ramponneau, côte Saint-Jacques, vers Saint-Léonard –
Sur le plateau des Hauts-Camps, la politique de l’habitat des années 1960-1980 a développé aux abords de chacune des villes, des cités de logements sociaux occupés tant par les sinistrés de la guerre que par les populations venant de l’exode rurale, en recherche d’emplois citadins.
Sur le plateau Saint-Jacques, les toutes premières extensions vinrent avec le stade Le Dantec, le lycée Guy de Maupassant et puis un premier lotissement Seri ? Ensuite, viendra le nouveau centre hospitalier …
Le POS avait classé une bonne partie du plateau, une vingtaine d’hectares, en « urbanisation future » soit en zone NA, mais le PLU les reclassa en zone naturelle ou N .
Deux exceptions furent acceptées avec la création du nouvel hôpital et puis d’un lotissement de logements collectifs et individuels, dit du plateau Saint-Jacques aménagé par la société Altus .
De nouvelles extensions ne seront désormais admises qu’avec un avis favorable de la commission départementale de la préservation des espaces naturels agricoles et forestiers ou CDPENAF.
Les zones d’activités économiques du plateau et de la vallée
La première zone d’activité fut créée sous la municipalité Couturier ; affecter les meilleures terres de la région à un usage non agricole avait à l’époque fait couler beaucoup d’encre [20] ; mais l’on parlait aussi d’un grand retard dans la nécessité de créer des emplois, suite à la reconversion de la pêche …
Celle de la vallée réalisée sous la municipalité Bredin n’eut malheureusement aucun impact pour de nouvelles implantations commerciales ou industrielles, et sur l’emploi …
Ici, dans de telles zones, les arbres sont nécessaires, même s’ils ne figurent pas dans les cahiers des charges. L’alignement d’arbres de l’avenue André Houvenaghel commence à créer un bel effet. Nous avons apprécié aussi les quelques pins maritimes situés devant les établissements Peugeot-Citroën, il en reste quatre ; le même effet aurait pu être repris pour les établissements avoisinants .
Les voies de circulation
Elles créent le paysage, et aussi permettent d’y accéder :
Les voies anciennes – romaines - :
La voie Fécamp-Lillebonne et Harfleur qui débute par le Val aux Clercs
La voie Fécamp-Cany-Arques jusqu’à Boulogne qui débute par la rue Arquaise
La voie diection Rouen débute par la rue des murs Fontaine et la vieille côte du Nid de Verdier pour atteindre Toussaint puis la Roussie.
Les voies des vallées : celle vers Valmont partait de la rue des Fourneaux et du Gibet, celle de Ganzeville était sur la rive gauche de la rivière.
Les voies nouvelles :
La route de Rouen est ouverte à la fin du 18ème siècle en décharge de la rue des murs Fontaine, la rue Jacques Huet (rue Neuve du Marché) et la rue Charles Le Borgne (rue des Capucins) au début du 19ème siècle, l’avenue Gambetta (la retenue) en 1838, la rue d’Etretat vers 1840, la rue de l’Inondation en 1851, suite à une grande inondation du quartier du bail de 1842, le tronçon de la route de Bolbec entre la rue de la Grande Ecole et la rue des Forts est ouvert en 1862.
Les grandes routes départementales en direction d’Etretat, Goderville, Bolbec, Fauville et Cany datent du début du 19ème siècle (époque napoléonienne ?) ; elles étaient toutes bordées d’arbres ; ces arbres ont été supprimés pour raison sécuritaire, ceci malgré l’avis contraire du président Georges Pompidou [21] .
La rocade sud-ouest (Boulevard Nelson Mandela) est ouverte en 1990.
Les ballastières
Les créateurs de routes et des voies ferrées ont été les premiers à faire creuser des ballastières pour l’empierrement des chaussées et des ballasts ; par la suite, les entreprises privées – Marybrasse et Mercier – poursuivirent l’activité pour fournir des agrégats à la construction ; les ouvertures de ces ballastières ont fait l’objet d’autorisations préfectorales avec parfois des obligations d’aménagements in fine ; elles font désormais partie du paysage, mais doivent être spécialement contrôlées du fait que les eaux y sont dormantes. Un meilleur entourage d’arbres – des peupliers ou des aulnes – en faciliterait l’intégration.
La voie verte Fécamp-Dieppe
On en parlait depuis longtemps ; il s’agissait de réutiliser une ancienne voie de chemin de fer abandonnée ; pour cela, une transaction eut lieu entre la société Réseau Ferré de France et le Conseil Général de Seine Maritime .
La ligne Fécamp Dieppe avait été concédée « à titre éventuel » , dans le cadre d'un itinéraire de Dieppe au Havre, par l'État à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest par une convention signée entre le ministre des Travaux publics et la compagnie le 17 juillet 1883 ; cette convention avait été approuvée par une loi le 20 novembre suivant, et la ligne déclarée d'utilité publique et concédée « à titre définitif » à la compagnie par une loi le 17 août 1885.
Ce tronçon fut désaffecté dans les années 1970 , le dernier utilisateur ayant été la sucrerie de Colleville.
Le Département, après plusieurs années de tergiversations, en concours sur une partie du trajet avec la Ville de Fécamp, a créé après retrait des rails et des traverses , une voie à l’usage des piétons, trottinettes, rollers et vélos qui prend le nom indifféremment de « voie verte » ou « vélo-route du littoral » ou « vélo-route de la côte d’albâtre » ou encore « vélo-route du lin » ; cette voie va de Fécamp à Dieppe ; certains tronçons sont encore en travaux … ; elle nous permet de redécouvrir notre région sur un circuit non motorisé et dans des angles de vue inhabituels ; voici donc une très belle réalisation en faveur du paysage, avec cependant un petit regret : que les bas-côtés ne soient pas mieux entretenus – paysagés ? – et que le nouvel enrobé ne soit pas aussi de couleur verte !
Les biens disparus [22] :
Il nous faut les citer non pas pour accabler mais pour prendre véritablement conscience de la perte patrimoniale [23] et puis pour éviter si possible toute récidive dans l’avenir ; les motifs de disparitions sont variés : les guerres, les incendies mais il y a aussi des démolitions par négligence, quasi-volontaires, avec donc :
- L’incendie de l’abbatiale en 1168.
- Les églises désaffectées et détruites à la Révolution – Saint-Fromond, Saint-Thomas, Saint-Léger, Sainte-Croix, Saint-Nicolas, Saint-Benoit, Saint-Valéry.
- Le logis de l’Abbé, la cour de la Fontaine, détruits pour le passage de la voie de chemin de fer.
- L’ancienne gare de chemin de fer, bombardée avec les installations portuaires en 1944 lors du départ des allemands.
- Le château de Nesmond, abandonné après la guerre.
- Le manoir Gayant démoli en 1978.
- La maison Morillon de la rue de la Voûte détruite en 1992.
- La petite maison de matelot du 25 rue de la Plage abattue en 2004.
- La maison Couturier rue Gustave Couturier, détruite après un incendie aux environs des années 1980.
- L’ancienne église Saint-Ouen, transformée depuis longtemps en habitation mais démolie vers 1980-1990.
- L’espace Jules Ferry avec les deux maisons Giverville et Massif, pourtant expropriées en 1906 .
- Les grandes cheminées ont disparu, mais elles étaient dangereuses ; il ne reste plus que celle de l’ancienne chocolaterie Hervé … le pigeonnier de Briqueville, etc …
Reconnaissons que l’idée de préserver a évolué dans le temps ; l’on pense aujourd’hui à sauver ce qui hier n’était encore bon qu’à abattre.
Quelques orientations
Il ne s’agit pas d’imaginer de faire marche arrière dans notre histoire de l’humanité, au niveau de l’écoulement des rivières, des plans d’eau artificiels à reboucher ou des zones humides à reconstituer ; il n’y a pas lieu de tenter de supprimer l’intervention humaine mais plutôt de faire en sorte que celle-ci se manifeste très régulièrement en faveur de la nature ; alors, pour favoriser notre paysage naturel, passons par la nature elle-même et essayons de planter [24] ! …
L’amélioration du paysage doit être examinée à trois niveaux, selon les trois hauteurs de végétation : les arbres de hauts-jets, les arbres intermédiaires avec les haies, les taillis, les arbustes, et puis les couvres-sols avec les pelouses et les plates-bandes. La ville fournit de gros efforts pour les fleurs mais elle manque cruellement d’arbres de hauts-jets ; ceux-ci sont souvent considérés comme encombrants [25] voire dangereux .
Planter des arbres nous parait être efficace et assez facile à réaliser pour améliorer l’environnement paysager ; et par exemple, il y a mieux à faire que des palmiers sur la digue ! De nombreuses espèces d’arbres résistent à l’air marin, notamment le pin maritime ; Lecanu, l’horticulteur spécialiste, le savait bien, en son temps …
Ne faudrait-il pas planter des résineux sur la côte de la Vierge ? La rue située au pied de la côte de la Vierge s’appelait autrefois « rue sous le bois » ! Il y avait donc des arbres sur ce versant nord-est de Fécamp ; il y en avait encore quelques-uns avant la dernière guerre, ils ont parait-il été abattus par l’occupant ; un tout dernier a été coupé vers l’an 2010 ; une personne bien-pensante en aurait prélevé les graines de façon à réintroduire la même espèce à ce même endroit : qu’en est-il désormais ?
Un arbre peut gêner la vue, mais il peut aussi l’améliorer … Un paysage arboré est, n’en doutons pas, ce qu’il y a de mieux !
Les alignements d’arbres sont essentiels pour la perception visuelle d’une ville, y compris de son patrimoine bâti ; une avenue est par définition une voirie bordée d’arbres, mais combien de fois n’avons-nous pas rencontré d’avenues sans arbre ! L’alignement de l’avenue Gambetta est essentiel, il est agréable à toutes saisons, y compris sous la neige ou bien agrémenté de décorations de Noël ; donc préservons-le le plus longtemps possible, et essayons d’en renouveler le même effet à un autre endroit de la ville …
Des aménagements paysagers : le quartier du Ramponneau a eu la primeur d’un nouvel aménagement urbain paysager, créé par la Ville et assisté du paysagiste Samuel Craquelin, récompensé en 2018 dans le cadre du concours « Les Victoires du Paysage », avec une médaille d’or dans la série collectivités. Il faut poursuivre de tels efforts pour lesquels le secteur public devrait être rejoint par le secteur privé.
Les zones d’activités, les îlots portuaire ou ferroviaire pourraient être améliorés de la sorte ; également les abords des cours d’eau ; le canal de la Voûte longeant en partie la rue Gustave Couturier pourrait être ré-ouvert …
Les entrées de ville mériteraient d’être améliorées par une gestion raisonnée des panneaux publicitaires et puis par des arbustes à fleur ; dans les descentes de ville, il suffirait de planter dans les espaces libres, et puis d’élaguer correctement [26] les arbres, d’ôter les lierres à leurs pieds qui parfois les étouffent …
Des aménagements de balcons panoramiques : le panorama de la chapelle de la Vierge est réussi et il est fréquenté ; il est apprécié des fécampois et également des visiteurs ; nous pensons que d’autres emplacements identiques en forme de balcons sont possibles avec petit parking, bancs et parapet, par exemple le long de la côte de Cany, vers l’intérieur de la vallée et aussi sur l’autre versant sud-ouest ; le relief de Fécamp est accidenté, alors profitons-en pour multiplier les panoramas, les angles de vues, pour mieux apprécier notre environnement …
Voici donc quelques idées, mais de nombreuses autres pourraient aussi bien surgir, tant des quartiers que des écoles, nous ne livrons ici que des exemples.
Conclusion :
D’une façon générale, la nature ne peut plus être au service de l’homme, comme cela a été le cas jusqu’alors, nous en avons tous conscience ; il faut désormais considérer qu’à l’inverse, ce soit à l’homme d’être à son service ; le changement des comportements doit se faire en douceur, si possible sans heurt, mais pour certains il faut aller vite, beaucoup plus vite, compte tenu des changements climatiques ; alors portons une appréciation sur ce point, mais surtout agissons dans la bonne direction, vraiment …
Protéger de façon réaliste notre patrimoine paysager, c’est devoir mettre en place une préservation éclairée de la nature tout en restant compatible avec l’économie. Les activités économiques ne peuvent pas s’interrompre pour autant ; il nous faut là encore concilier …
L’enjeu essentiel dans l’avenir portera sur les décisions à prendre au sujet de l’occupation des sols ; il y a déjà pour cela des tensions entre les différents corps sociaux ; évitons les conflits d’intérêts, les crispations et recherchons les causes communes, un élan général en faveur de notre environnement, l’objectif n’est pas seulement esthétique, il devient aussi vital …
Y.D.F.
Notes
[1] Le marais se terminait au niveau de la rue du Précieux-Sang ; au-dessus les terrains étaient humides, traversés par la rue Saint-Nicolas et par la rue Queue de Renard ; à chaque endroit, un pont permettait le passage de la rivière.
[2] Obliger quelqu’un à planter en essences locales fait parfois sourire les spécialistes : mais quelles sont donc ces essences locales et puis à quel moment se fixer pour le dire !!
[3] Sainte-Marie-au-Bosc, Saint-Ouen-au-Bosc, Les Loges, Boschêtre, La Chesnay ou Iclon, La Hêtraie ou Bouquelon, Les Ifs, Le Bouleran, Le Coudray, La Mare aux Saules : voir « L’ancienne forêt ducale de Fécamp » par S. Deck dans les Annales de Normandie de juin 1970.
[4] D’autres entreprises horticoles existaient dans la région ; nous avons relevé l’entreprise L. Mail au15 rue Alexandre Legros, création et entretien de jardins et Beaufils rue de l’Avalasse.
[5] Voir le journal de Fécamp du 18 mars 1950
[6] Les calques étaient dessinés au trait de plume et parfois aquarellés, avec une légende.
[7] La propriété est cédée à Me Stéphane Lemonnier, notaire, puis par la suite à la Ville de Fécamp en 1957 ? pour y transférer le Musée Municipal provenant de la rue Eugène Marchand.
[8] Il y subsiste des houx, if, frêne, sorbier, cèdre, tulipier, sophora, magnolia, bouleau, paulownia, hêtre, tilleul, érable, chêne, ginkgo …
[9] « La propriété Massif, demeure d’un ancien maire de Fécamp » par Anne Bourienne dans Annales du Patrimoine de Fécamp numéro 12 année 2005
[10] Ce paragraphe nous a paru nécessaire pour mieux appréhender la protection du paysage naturel, au travers des outils législatifs et réglementaires mis à disposition.
[11] Le Plan d’Occupation des Sols de Fécamp (P.O.S.) avait été prescrit le 16 septembre 1975, arrêté le 28 février 1980, approuvé le 27 octobre 1982, révisé deux fois en 1990 et 2002, modifié quatre fois en 1992, 2005 et 2009.
[12] Protection prise en dernière minute lors d’une mise en vente par adjudication du terrain d’assiette par le ministère de l’auteur.
[13] Un exemple : le défrichement des forêts est strictement réglementé au moyen de textes appropriés ; malgré cela, on instaure le plus souvent possible le régime des Espaces Boisés Classés ou E.B.C., et pourquoi donc ? pour éviter les défrichements …
[14] Extrait d’un courrier adressé au commissaire enquêteur.
[15] Article R 111-21 du code de l’urbanisme : « Le projet peut être refusé ou n'être accepté que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leurs dimensions ou l'aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier ou à modifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l'intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des perspectives monumentales. »
[16] Il s’agit du bois sous la Chapelle, le bois du Goulet, la côte de Launay, le bois des Plantis, le bois du Val aux Clercs, le bois de Bosclong, une partie du bois des Landes, le bois de la côte du Canada, le bois de l’Epinay, ainsi que des petits parcs et boisements répertoriés en 2001, et puis des alignements autour d’anciens corps de ferme .
[17] Nous ne sommes pas dans des lieux de « sanctuaire de la nature » !
[18] Le peuplier était souvent choisi, comme étant de par son nom, l’arbre du peuple ; lors du bi-centenaire, le choix s’est porté sur le tilleul, après d’âpres débats.
[19] L’école Jean Macé était jadis une filature et aussi une scierie.
[20] Beaucoup moins – d’encre - lors de la création de la zone Leclerc.
[21] Lettre à Jacques Chaban-Delmas du 17 juillet 1970.
[22] Voir le livre blanc de l’association des amis du Vieux Fécamp, année 2005 ; les Annales du Patrimoine de Fécamp ont également tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme .
[23] L’oubli est trop facile !
[24] Nous avons à cet instant une pensée pour Noé Lejeune, un ancien garde-chasse, qui a passé une grande partie de sa vie à planter des arbres dans la région de Fécamp.
[25] Voir la place de la liberté dans le bas de la rue de l’inondation, le parking de la rue Jean Louis Leclerc, les réclamations EDF concernant la protection des lignes aériennes, les réclamations des services de voiries pour couper les arbres et les branches afin de favoriser l’asséchement les routes …
[26] Attention, les coupes sécuritaires ne sont pas toujours esthétiques … voir les coupes récentes réalisées en dessous de la côte de Cany.
Entreprise Louvel-Lecanu paysagiste-pépiniériste à Fécamp
Gérant : Auguste Lecanu (1861-1933)
Liste des clients pour lesquels des plans de jardins ont été dressés sur calque
Période : 1880-1930 environ
Clients
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Localités |
Précisions |
Billard Capelle Charley-Drouilly commodore - 1915 Cottard – Le Havre Dorizon Louis – Société Générale Eloi Grun Jules peintre vers 1908 Haemers M Mme Albert en 1914 ? Lafaurie Leblanc Maurice écrivain Le Borgne Augustin armateur Le Grand Eugène Le Monnier Stéphane notaire Lepicard maire ? Madroux Marescot Michel Michelat Paul – en 1909 Montays Nesmond (Comte de) banquier Paillette Pollet – Le Havre Pomereu d’Aligre (Marquis de) Quesney Edgar maire Rebel – en 1919 Renault Louis industriel Rocquigny, filateur à Barentin Rose Schneider Charles – Le Creusot Siguret Siou
Hospices Civiles de Rouen Ponts et Chaussées – adjudication -
Société Française de la Viscose
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Saint-Laurent Rouville Ouilly le Vicomte - Boutemont Houdalle Vaucottes – La Maison Rouge - Rue Félix Faure – Le Havre Le Breuil en Auge – Les Girouettes Thil Manneville par Gueures Rue Félix Faure – Le Havre Etretat Fécamp Les Capucins Les Grandes Dalles Ganzeville Normanville La Chaussée ? Les Petites Dalles Doudeville Criquebeuf Les Grandes Dalles Socx par Bergues - Nord Côte de Renéville - Fécamp - Avenue Nicolas II les Ormeaux Daubeuf Cany Sainte Hélène Herqueville – Le Vaudreuil La Chapelle sur Dun Saint-Laurent – Bolbec Gonfreville – hameau de Mayville Saint Pierre en Port Quiberville
- Routes nationales n° 14 et 27
Arques la Bataille
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- - Jardins du château Jardin Jardin privé - Jardin du manoir - - Le Clos Lupin Roseraie Jardin du sanatorium ? Jardin du manoir Jardin municipal ? - - Jardin privé Jardin du Gd Hôtel ? - Jardins du château Projet de roseraie - Jardins du château Jardin municipal ? Jardin du manoir Domaine agricole Château Saint-Jean - Jardin de l’usine - Moscou
- Plantation d’arbres en alignements Jardin de l’usine
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