La légende des Saints Bretons

voguant dans des auges en pierre

 

L’Armorique au cours des V et VIèmes siècles fit l’objet d’une immigration et d’une évangélisation en provenance de la Cornouaille anglaise, de l’Irlande et du Pays de Galles, du Devon ; tout le nord de l’Armorique, de Dol à Brest, vit déferler des brittons, pour y fonder des paroisses, des « plou » … Ils étaient eux-mêmes pourchassés par les Saxons sur leurs côtes, les Pictes par l’est et les irlandais par les côtes de l’ouest, les Scots d’Irlande ; ces chrétiens n’avaient que peu de lien avec Rome et la papauté ; ils calculaient différemment la date de Pâques et à la communion présentaient le calice par des femmes, des diaconesses … Les plus célèbres des monastères créés devinrent des évêchés : Dol, Alet-Saint-Malo, Saint-Pol de Léon puis Saint-Brieuc et Tréguier .

Tableau du retable de la chapelle Saint-Philibert à Locmariaquer – Morbihan -

Auge en pierre bravant les flots selon la légende, puis cercueil d'un vénérable saint breton, on osa les confondre avec un vulgaire abreuvoir …

Saint Malo

Une légende existe selon laquelle Malo aurait traversé la mer dans une auge de pierre.

Saint Budoc est un saint breton, originaire du Pays de Galles, qui aurait établi une école monastique sur l'Île Lavrec (Lavret), dans l'archipel de Bréhat au cours de la deuxième moitié du Vème siècle ou du VIème siècle. On dit que saint Budoc serait arrivé miraculeusement en Bretagne à bord d'une auge de pierre.

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Sarcophage mérovingien  ou "auge de pierre" dite de saint Budoc

trouvée à Dol-de-Bretagne (Musée de Bretagne, Rennes)

 

La légende de saint Budoc prétend qu'après avoir séjourné à Porspoder, il fit charger sur un chariot attelé de quatre bœufs le cercueil de pierre qui lui avait servi d'embarcation pour traverser la mer et décida que là où l'essieu du chariot se romprait, il élèverait son église ; ce serait l'origine de l'église de Plourin.

Saint Conogan

La légende dorée de saint Conogan est indissociable de son auge de pierre (le « Bag Sant Konogan », le bateau de pierre de saint Conogan). Il est représenté en majesté sur ce vaisseau de pierre, tenant une burette d’eau bénite pour soigner le malade représenté sur son bateau, entouré de cercles (symboles de protection).

Saint Ernog

La légende rapporte que Ernog traverse la Manche assis dans une auge de pierre et fendant les flots sous l'impulsion de deux anges vigoureux.

Saint Mael

Dieu permet au saint de remorquer l'île des Pingouins avec son auge de pierre afin de la transporter «sur les côtes d'Armorique »

Saint Gildas

Gildas gagne l’Armorique sur une auge de pierre et débarque sur l’île de Houat, face à la presqu’île de Rhuys. Il aspire à mener une vie d’ermite, dédiée à la prière et la méditation des Écritures. Mais, très vite, le charisme de Gildas se répand et les disciples affluent. Fascinés par la profondeur spirituelle de Gildas, les pêcheurs de Houat en parlent aux habitants de la côte qui le supplient de venir à Rhuys y établir un monastère. La demande émane aussi de Gwereg, le comte de Vannes. C’est de ce monastère qu’il étendra son influence spirituelle à toute la Bretagne.

Sainte Evette

La légende de Sainte Evette ou Edwette la fait naître au pays de Galles (ou Ecosse). Le navire qui la transporte avec son frère Saint Demet se fracasse sur un écueil. L’embarcation disparaît avec son équipage. Cependant Dieu qui avait pour eux une autre destinée, les dépose sur la plage de Plozèvet dans la baie d’Audierne.

Après avoir rendu grâce à Dieu, ils décidèrent en remerciement de construire un ermitage et un sanctuaire. A peine terminés, Saint Démet reçoit une révélation qui interdit à une sainte et un saint de cohabiter. Il conseille à sa soeur de partir non loin de là, afin qu’ils puissent se voir dans une même pénitence. Sur ces paroles, Sainte Evette monte dans une auge de granite, joint les mains, les yeux vers le ciel. L’auge se met en mouvement et traverse la baie pour accoster à l’endroit où se trouve encore aujourd’hui sa chapelle.

Saint Guirec

Selon sa légende, il venait d'Irlande et traversa la mer dans une auge de granit au 5ème siècle. Il s'installa à Traou-Perros où il fondit son monastère. Ploumanac'h pourrait signifier aussi sa présence car sa traduction veut dire "Marais du Moine".

En réalité, des curraghs …

Il semblerait que les auges en pierre voguant sur l’eau, évoquées dans les légendes de Bretagne, seraient en réalité des coracles ou des currachs, des embarcations que les britanniques utilisaient et qu'ils lestaient d'une pierre ; ils seraient encore utilisés de nos jours en Irlande.

 

 

Origine : chapelle Saint-Guirec à Ploumanac’h