A Terre-Neuve, l’ouragan du 12 septembre 1900
Les coupures de presse de l’époque
Le 13 septembre à Saint-Pierre – A la suite du cyclone qui s’est déchainé sur Terre-Neuve, le navire français « Francis Eugène » s’est perdu sur l’île Massacre. L’équipage est sauvé.
Les navires français « Océana » et « Jules Jean Baptiste » se sont échoués sur la barre du Barachois
Le 13 septembre, deux goélettes étaient à Saint-Pierre. L’une « l’Alerte » était mouillée au milieu du Barachois, l’autre le « Francis Eugène » était mouillé en rade. La première chassant sur ses ancres s’échoue au fond du port. La seconde se brisa sur les rochers de l’île au Massacre à l’intérieur de la rade. Les deux équipages sortirent indemnes de ces naufrages.
Sur les bancs, il n’en fut pas de même et le bilan fut très lourd. Neuf goélettes disparurent entrainant à la mort 120 marins. A Saint-Pierre, cette tragédie maritime fit une centaine d’orphelins.
Le 13 septembre – Cyclone de nord-ouest. La goélette « Alerte » fait côte dans le Barachois de Saint-Pierre et la goélette « Francis Eugène » sur l’île Massacre, sans victime ; 6 pirogues au tangon partent en dérive ou s’échouent sur l’île aux chiens. Dans les jardins, tout est brûlé, desséché comme sous le coup d’un feu dévastateur. Plusieurs cheminées sont abattues et quelques toitures enlevées. Sur le banc, 9 goélettes se perdent corps et biens coûtant la vie à 120 hommes.
Le 17 septembre à Saint-Jean de Terre-Neuve - Un ouragan a causé de nombreux sinistres parmi la flottille des pécheurs. Plus de cinquante bâtiments ont sombré. Jusqu’ici, les pertes de vies n’ont pas été trop considérables …
Rectificatif du 19 septembre à Paris – J’apprends de bonnes sources que la dépêche de Terre-Neuve annonçant la perte de 50 navires a très probablement exagéré la vérité. C’est « avariés » que la presse devait lire et non coulés – Nous attendons les détails d’un moment à l’autre
Le 20 septembre à Cancale – D’après certains renseignements de source privée que je ne puis contrôler, les 50 bateaux sombrés ou plus probablement simplement avariés dont il a été question dans vos précédents … ne seraient pas des goélettes de pêche venues de la côte française, mais bien des petites barques de pêche analogues aux bisquines cancalaises et appartenant à la colonie même. Espérons que cette information se confirmera.
Rectificatif du 25 septembre à Paris – On câble aujourd’hui de Saint-Jean de Terre Neuve que plus de cinquante bateaux ont disparu au cours de la dernière tempête.
Le 9 octobre à Bordeaux - Tous les navires arrivant de Terre Neuve ont été terriblement éprouvés par le cyclone. C’est ainsi que le trois-mâts « Gladiateur » avait eu son pont balayé par la mer, le 18 septembre sur le Grand Banc. Sa cuisine, ses doris ont été enlevés. Un marin de son équipage, le nommé Pelé, âgé de 52 ans, inscrit à Cancale, a été enlevé par un coup de mer. On lui a jeté des cordes, mais le malheureux, blessé sans doute, a disparu.
Un autre voilier, « l’Ange », avait également eut son pont balayé par la mer. Sa cuisine a été brisée et ses doris enlevés, et un homme de son équipage a eu une jambe cassée.
Ces deux navires ne pouvant continuer leur pêche faute de doris ont dû quitter le banc de Terre Neuve.
D’autre part, on écrit de Saint-Pierre :
La goélette française « Jeune André » mouillée sur rade a failli être mise à la côte par le cyclone, mais elle a pu être secourue à temps et entrer au port par le remorqueur « Fraternité ».
Le navire français « Stella Maris » amarré dans le barachois de Miquelon, en couple de « l’Océana », a été entrainé à la côte par ce dernier qui avait perdu sa chaîne. L’un et l’autre ont été renfloués le lendemain sans avarie grave. Le « Stella Maris » est parti pour les Antilles le 21 septembre.
Enfin, on télégraphie de Saint Jean de Terre Neuve à Londres : A Saint-Pierre, on est sans nouvelle des 70 bateaux de pêche français, depuis la tempête du 12 septembre. Les équipages de ces bateaux formaient un total de 200 hommes.
Les pertes des autres barques françaises, à Saint-Pierre, portent à 300 le nombre des victimes de ces tempêtes.
Les pertes des bateaux de Terre Neuve se montent à une centaine.
On écrit de Granville au journal Le Petit Parisien :
Voici les noms des cinq marins enlevés par un coup de mer du trois mâts « François Joseph », capitaine Dufau de notre port, pendant le cyclone : Augustin Cochet de Langrolay quartier de Dinan, Cas-abon de Bidart Basses Pyrénées quartier de Bayonne, Henri Léon du Pléguien, Léon Cabal et Jean Marie Le Guétennec de Plouhan quartier de Binic.
(Sources : Gallica avec l’aide de Michèle Théveniault)
P.S. : Il est apparu que cet ouragan de Terre-Neuve du 12 septembre dépendait d’un cyclone tropical plus important dit ouragan de Galveston qui atteignait le continent américain le 8 septembre 1900, à la hauteur de la ville côtière de Galveston dans l’État du Texas, avec des vents d’une vitesse de 233 kilomètres par heure. Il se poursuivit le 12 septembre vers le sud de Terre-Neuve, sur les bancs. Mesuré avec l’échelle de Saffir-Simpson, ce cyclone est rangé dans la catégorie 4. Il causa des dégâts massifs et fait entre 6 000 et 12 000 victimes, le nombre le plus souvent cité étant de 8 000 personnes. Il s'agit du troisième ouragan atlantique le plus meurtrier après le grand ouragan de 1780 et l'ouragan Mitch de 1998. Il y eut aussi l'ouragan Katrina qui détruisit une partie de La Nouvelle-Orléans fin août 2005 et l'ouragan Rita, qui l'a suivi peu de temps après, et ont été souvent comparés à l'ouragan de Galveston. (Source : Wikipédia)