La véritable identité de Jeanne d’Arc
L’identité de celle qu’on a appelé successivement Jeannette puis Jeanne de Domrémy ou la Pucelle puis encore Jeanne d’Orléans a fait récemment l’objet de recherches et aussi de révélations sur lesquelles nous devons nous arrêter.
L’histoire officielle est celle décrite depuis toujours dans les livres d’histoire ou scolaires : Jeanne serait née le 6 janvier 1412 à Domrémy en Lorraine ; elle était bergère, gardait des moutons et un jour entendit des voix qui lui demandaient de sauver la France ; pour cela, elle voyage à cheval jusqu’à Chinon pour rencontrer le dauphin, futur roi Charles VII (25 février 1429), le reconnait parmi tous les membres de la Cour, obtient de lui un entretien privé et le persuade de lever une armée pour libérer Orléans (29 avril - 8 mai 1429), puis de se faire sacrer roi de France à Reims (17 juillet 1429) ; avec sa famille, elle sera anoblie par le Roi à Mehun sur Yèvre en décembre 1429.
La suite de cette histoire, c’est l’échec devant Paris, sa capture par les Bourguignons à Compiègne (23 mai 1430) puis vendue aux anglais (21 novembre 1430), c’est le procès de Rouen pour hérésie (21 février 1431) et sa condamnation au bucher (30 mai 1431).
Plusieurs anomalies existent dans cette présentation de l’histoire : la maturité de Jeanne, sa connaissance de la langue française, ses connaissances équestres, sa reconnaissance du Dauphin, son pouvoir de persuasion, ses connaissances militaires sur la stratégie, sur les armes, le maniement de l’épée et de la lance, ses connaissances théologiques, etc …
Alors quelle serait donc l’histoire véridique ? Pour cela, reportons nous à l’histoire de la famille royale : Charles VI est le roi de France depuis 1380, le royaume est en guerre depuis longtemps avec l’Angleterre (1336) et de plus subit une guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons ; le territoire est réduit à sa plus simple expression, les anglais sont partout et les bourguignons sont leurs alliés ; à partir de 1392, le roi sombre dans la folie ; le « Bien Aimé » devient « le Foll » ; il s’est marié en 1385 à Isabelle de Bavière qui a eut 12 enfants ; les premiers sont du Roi mais ils sont tous morts, les derniers, à partir du 7ème, ont la paternité douteuse, parmi eux Catherine, la future reine d’Angleterre, Charles, le dauphin futur Charles VII, et puis le 12ème et dernier enfant qu’il faut protéger de tous les adversaires de la couronne et du Roi lui-même.
Henri V d’Angleterre a des prétentions sur le trône de France par le biais d’Henry III d’Angleterre, son grand-père ; il débarque en Normandie à Harfleur en août 1415 puis c’est le désastre d’Azincourt (25 octobre 1415) ; la France est au plus bas.
En 1420, le traité de Troyes auquel participent les deux rois mais aussi la reine et régente Isabelle, lesquels décident d’un roi unique pour les deux pays : quand Charles VI mourra, Henry V, tout en épousant Catherine de Valois, la fille de Charles VI, sera par la suite roi de France et d’Angleterre ; en fait, ce projet n’aura pas lieu car Charles VI et Henry V mourront tous deux en 1422 (respectivement le 21 octobre et le 31 août) ; Henry VI d’Angleterre était trop jeune pour régner (neuf mois) ; en France, Charles VII, le fils présumé de Charles VI, se dispose pour le trône, en cela conseillé par sa belle-mère Yolande d’Anjou ; la querelle successorale continue; les anglais contestent la paternité de Charles VII qui se réfugie à Bourges ; depuis Azincourt, ils détiennent prisonnier le cousin du Roi, Charles d’Orléans [i]…
Yolande d’Anjou veut libérer Charles d’Orléans et puis la France des Anglais tout en plaçant son gendre sur le trône ; elle veut galvaniser les esprits et aussi les armées ; elle organise alors, dès avant la rencontre de Chinon, d’une part auprès de la Cour la légende d’un messager inspiré par Dieu [ii] et d’autre part l’instruction de Jeanne pour servir la France. Yolande d’Anjou a été l’instigatrice du rôle de Jeanne, la jeune pucelle à l’étendard divin, de sa mission et aussi de la renaissance de l’âme française. Sous l’impulsion de Yolande d’Anjou et de Jeanne d’Orléans, le roi de Bourges entreprit pendant plus de vingt ans une lutte de conquête du royaume ; après les victoires de Formigny (1450) et Castillon (1453), les anglais seront chassés de France, ne conservant que Calais ; ainsi prendra fin la Guerre de Cent Ans.
L’appartenance de Jeanne à la famille royale et à la famille d’Orléans ne devrait plus faire de doute; elle devait être en vérité la fille d’Isabelle dite Isabeau de Bavière, la reine et régente de France, et de Louis d’Orléans, le frère du Roi Charles VI ; l’enfant serait née en novembre 1407 (et non pas en 1412) ; on la fait disparaitre car elle était en danger ; Louis d’Orléans son père sera assassiné quelques jours plus tard [iii] ; l’enfant est placée chez une dame d’Arc pour être protégée et éduquée dans l’anonymat et en sécurité. Elle parle le français et sait peut-être l’écrire, a appris à monter à cheval et à se battre. Elle avait cinq ans de plus qu’on ne le disait, se nommait Jeanne et ne s’était jamais appelée d’Arc, portait les couleurs de la famille d’Orléans et aussi les fleurs de lys.
Une thèse complémentaire s’ajoute à cette histoire : sur le bucher de Rouen, la condamnée est encagoulée ; cette personne était-elle vraiment celle dont nous parlons ; certains prétendent que Jeanne serait réapparut en 1446 dans son village pour y retrouver ses frères, serait retourner à Orléans pour y rencontrer ostensiblement le Roi et des gens de cour ; elle se serait mariée en 1436 à Robert des Armoises ; sans enfant, elle part guerroyer avec Gilles de Rais, est blessée en 1436, revient chez son époux au château de Jaulny, décède le 4 mai 1449 laissant une rente à sa mère ; sa tombe a été retrouvée à Pulligny sur Madon.
Entaché de nombreuses irrégularités, le procès de Rouen de 1431 est cassé par le pape Calixte III en 1456 ; un second procès, en réhabilitation, est instruit, conclut à son innocence et l'élève au rang de martyre ; des témoignages nombreux durent rétablir la vérité sur son innocence et sans doute sur ses origines ; bien plus tard, elle sera béatifiée le 18 avril 1909 puis canonisée le 30 mai1920.
Jeanne d’Arc est un personnage essentiel dans l’histoire et dans l’identité de la France ; la littérature qui la concerne est abondante ; plusieurs publications récentes sont venues bousculer la thèse officielle ; les historiens doivent reprendre en mains les sources connues qui sont nombreuses mais pour la plupart erronées; l’une de ces sources détient pourtant immanquablement la vérité : il s’agit du « Livre de Poitiers » déposé aux archives du Vatican ; cette pièce contenant les dépositions de Jeanne faites en mars 1429 auprès d’une commission ecclésiastique est malheureusement et depuis toujours non consultable ; elle permettrait pourtant d’établir la vérité sur l’un des points essentiels de notre Histoire de France.
YDF