Un malaise dans nos villages de France

           

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            Depuis de nombreuses années, la situation des villages de France est évoquée auprès des pouvoirs publics, dans les médias et puis surtout dans les villages eux-mêmes où les habitants ainsi que leurs responsables locaux se lamentent de la situation.

            Une écoute de circonstance ou de politesse existe tout de même depuis toujours, mais rien n’y fait ; le temps passant, la situation se dégrade ; quelques villages arrivent à s’en sortir grâce à une situation particulière, géographique, historique ou touristique ; mais des milliers d’autres sont en réelles difficultés avec des finances dans le rouge, des démissions de conseillers, un abandon des services, etc …

            Depuis bien longtemps, nous avons assisté à un vieillissement de la population avec à la clé la fermeture des écoles ; les indices d’alerte sont nombreux et anciens mais rien n’y a fait ; à chaque rentrée de septembre, les contestations villageoises auprès des rectorats sont régulièrement relatées dans la presse ; certains maires se sont lancés dans la confection de terrains à bâtir pour attirer des jeunes ménages avec leurs enfants, mais l’opération devait se renouveler à chaque fin de scolarité primaire pour régulièrement alimenter l’école locale de jeunes enfants ; en fait, la galère …

            Dans le même temps, par suite du nivellement par les grandes centrales d’achat des prix des biens de consommation, il y eut la disparition des petits commerces de proximité, remplacés par les supérettes de périphérie de villes, souvent éloignés des villages.

            La plupart des services sont également touchés tantôt par les règles strictes sur les locaux recevant du public, tantôt par les exigences de rentabilité des groupes financiers ou mêmes des administrations : il faut parler ici des retraits des stations-services, des postes, des perceptions etc….

            Depuis peu, nous assistons à une autre catastrophe : celle des déserts médicaux, les mots catastrophe et désert n’étant pas exagérés : cabinets médicaux quand il y en a, saturés, refus d’instrumenter sans même fixer de délais d’attente notamment par les médecins non-référants, absence de services SOS médecins dans plusieurs départements, le dernier recours étant le service d’urgence des hôpitaux et l’on sait aussi ce qu’il en est dans ces ultimes services de soins ; chez les médecins spécialistes, les délais d’attente sont de plus en plus longs ; en Australie, on obtient un ophtalmo sous 48 heures ! Mais pourquoi donc attendre que l’on soit au fond du gouffre !

            Les difficultés de nos villages hélas ne se terminent pas là ; nous en pressentons de nouvelles avec le regroupement des collectivités locales, appelé pudiquement «transferts de compétences» , l’étape importante étant le retrait dans nos villages, je veux dire le transfert, des services de l’état-civil à une autre collectivité supérieure ; le processus est déjà engagé avec la délivrance des passeports et cartes d’identité ; le poste de secrétaire de mairie va se fragiliser ; l’existence d’une mairie par commune ne pourra plus se justifier ; dans quelques temps, les communes seront ce que les hameaux sont aujourd’hui, un désert de services .

            Autre point actuellement sensible : les « passoires thermiques » dénoncées par notre ministre de l’environnement ; les villages de France sont certainement les premiers visés par les mesures qui sont désormais menaçantes ; les villages sont essentiellement composés d’habitats anciens, rarement jointifs, très isolés humainement mais peu isolés thermiquement ; il y a donc ici fort à faire, peut-être plus qu’ailleurs, alors que nous sommes déjà en difficulté …  mais avant de décider de telles règles, peut-être y aura-t-il pour cette réforme une étude d’impact si chères aux écologistes !

            Dernièrement, les quelques permis de construire ont été retirés de nos villages – retrait du préfet – pour ne pas respecter les nouvelles règles de sécurité, à savoir : un poste spécifique d’eau aux normes actuelles à moins de 200 mètres de la construction nouvelle – je dis bien 200 mètres -

            Des réactions actuellement existent en faveur des villages : des publications de qualité, des concours, des routes touristiques, des labels concernant les villages de France, mais bien franchement, tout cela est très utile mais nettement insuffisant ; en quoi l’engouement pour un certain village d’Alsace ou bien un autre du Périgord pourrait-il rendre service aux 20 ou 30 000 autres villages de France qui eux se désertifient régulièrement. Il ne s’agit pas de soutenir Eguisheim ou bien Saint-Cyrq-Lapopie mais plutôt un village comme Trifouilly-les-Oies ! Des mesures de faveur à portée générale sont préférables à des récompenses seulement élitistes.

            Alors, un APPEL GENERAL est nécessaire, en faveur de nos villages de France, quel que soient leur nom et leur qualité, ceux qui sont à côté de nous mais que l’on ne regarde plus, ceux qui ont vu naître et puis mourir nos ancêtres, ceux où nous ne nous sommes pas promener depuis bien longtemps ; un attrait y existe toujours, soit humain, soit monumental ; la nature y est à portée de nous pour la réapprendre et mieux la comprendre ; dans un village, le contact est plus facile ; souvent, on se souhaite le bonjour en se croisant …

            Alors, nous en appelons d’une part aux Pouvoirs Publics d’autre part aux Grands Responsables Nationaux – CAC 40 ou VIP – pour donner le ton et lancer un certain mouvement …    

            Des dispositions, des initiatives existent déjà : les Zones de revitalisation rurales ou ZRR, les Plans de développement rural, les aides à l’économie et aux territoires ruraux,  les exemples des maisons à vendre à 1 euros à Roubaix et à Thouars, les concours de villages organisés par Stéphane Bern, etc …

Mais il faut aller plus loin, beaucoup plus loin, il faut des MESURES-CHOC, l’homéopathie ne conviendra pas :

-                      Créer une fiscalité spécifique, plus favorable en villages : fiscalité locale, droits d’enregistrement, impôts sur le revenu, etc … Attention, il est toujours difficile de fixer un certain zonage ou bien un seuil applicable en fonction du nombre de population ; il y a forcément des mécontents et puis des injustices ; sans vouloir compliquer, un système progressif parait nécessaire ; il faudrait revoir sérieusement la fiscalité locale : mais pourquoi donc les taxes locales sont-elles dans un village aussi chères qu’à Paris ? Et faudrait-il donc faire la révolution comme lors de la Commune de 1870 pour aboutir sur ce point ; attention cette question est « à double tranchant » , car alléger les impôts convient aux contribuables villageois mais diminue d’autant les ressources des collectivités locales concernées ; il faut donc surtout imaginer une compensation entre les régions ou entre les collectivités ou avec l’Etat …

-                      Soustraire au plus tôt les immeubles de nos villages des bases de ce nouvel impôt qu’est l’impôt sur la Fortune Immobilière ou I.F.I.

-                      Réaliser un vrai système de parrainage ; solliciter l’exemplarité, ainsi que des subsides avec en contrepartie un nom de rue ou de place par exemple à MM Bolloré ou Pinault, Arnault ou Bouygues ou plutôt à leur société respective ….

-                      Etendre la loi sur le mécénat aux villages abandonnés surtout en montagne par suite de l’exode rural.

-                      L’Etat doit aussi prendre des dispositions financières ; il ne peut pas en sa qualité de titulaire du Pouvoir Réglementaire répartir les charges uniquement sur les collectivités locales et sur les particuliers-contribuables sans participer aussi à de telles dépenses qui nous paraissent prioritaires.

-                      Repensez les Zones de Revitalisation Rurale ; étendre sensiblement les secteurs géographiques concernés ; attention, une zone c’est une frontière et donc en quelque sorte une injustice ; et puis y inclure des mesures très favorables, et non pas des « mesurettes » , bien au-delà de ce que la dernière loi de finances pour 2018 a prévu sur ce point. Dans ces zones, les entreprises étaient autrefois exonérées de taxe professionnelle, mais lors de la suppression à toutes les entreprises de cette taxe, avait-on prévu une compensation, une autre exonération dans les zones rurales !

-                      Développer un système de prêt à taux zéro pour les achats ou travaux en villages

-                      Organiser un régime économique, fiscal et social de « maisons de village tout à zéro » : prix, loyer, impôt … Cela rejoindrait l’idée de la « croissance zéro » , ce qui en fait n’est pas si mal, par les temps qui courent … Rien de farfelus dans cette proposition, quand on regarde le coût des allocations chômage et logement …

-                      Y créer des emplois bien sûr, des emplois de proximités pour éviter les transports, des emplois à domicile, du télé-travail, il faudrait ici un « super-télé-travail » en villages …

-                      Associer les villages à toutes réflexions sociétales, à toutes réflexions sur l’énergie, sur l’environnement, sur la fiscalité…

-                      Créer au Gouvernement un poste spécifique de défense des villages de France, auquel on pourrait d’ailleurs adjoindre la défense des paysages, à séparer de l’écologie comme étant à notre avis incompatible …

Alors, prenons bien conscience d’un tel sujet, majeur pour notre société, allons donc nous promener pour voir vraiment la réalité et puis agissons, s’il vous plait, en faveur de tous ces villages de France qui nous tiennent tant à cœur et qu’il faut impérativement préserver ; ils font partie de notre histoire, ils encore là pour le temps présent, accordons leur un avenir ; il y va de notre responsabilité, il y va de la préservation de notre identité …

Y.D.F.

 

 

Le village abandonné d'Occi en Corse

 

Les statistiques de nos villages :

Sur les 36 529 communes de France métropolitaine, plus d’une sur deux compte moins de 500 habitants au 1er janvier 2013. Elles ne représentent plus que 7% de la population française, contre 11% en 1968.

En 1968, la France comptait encore 24 200 communes de moins de 500 habitants. Elles ne sont plus que 19 800 aujourd'hui.

En 50 ans, plus de 4 000 petites communes ont grandi ou fusionné ; un peu plus de 1 000 villages ont ainsi disparu entre 1971 et 2015.