Souvenez-vous de « Florentine »
Souvenez-vous de cette goélette islandaise à hunier (à corne ?), construite à Binic en 1895, aux chantiers de Louis Mintier, commandée en paire avec la goélette La Madeleine par Paul Tavernier armateur domicilié à Fontainebleau, ayant les caractéristiques suivantes :
Florentine :
Longueur totale sans la guibre : 33,10 m
Largeur au fort : 7,20 m
Tirant d’eau : 3,90 m
Déplacement : 292 tonnes
Les cotes du Bureau Veritas :
Longueur : 30,88 m
Largeur : 7,29 m
Creux : 3,58 m
Franc-bord au milieu du disque : 528
Port en lourd approximatif 200
Jauge brute 153,43 tx
Jauge nette : 126,31 tx
Plan des formes de la Florentine
Sources : Jean Le Bot dans « Bateaux des côtes de Bretagne Nord »
Antérieurement M Jean Herbert 1965
A l’origine M Arthur Balsen 1932
Premier armateur donc Paul Tavernier, de Binic, de 1895 à 1897
Francisée à Binic le 28 octobre 1895 sous le numéro 265
Armée le 4 février 1896 pour la pêche à Islande avec le capitaine Thébault et 26 hommes d’équipage
Résultat de la pêche : 49 000 morues pour un poids de 80 000 Kg, 19 barils d’huile, 2 000 Kg de rogues.
Désarmée le17 août
Réarmée aussitôt pour le cabotage et aller faire sa livraison de morues
Armée le 13 février 1897 avec le même capitaine
Résultat de pêche : 46 000 morues pour 77 000 Kg, 24 barils d’huile, 1 800 kg de rogues
Désarmée le 26 août
Réarmée le 30 août pour le cabotage
Désarmée le 3 octobre à Dunkerque
Vendue le 23 octobre 1897 à G. Comyn et Cie de Dunkerque pour la pêche à Islande
Immatriculée à Dunkerque le 10 novembre 1897
Armée à Dunkerque le 10 février 1898 destination Islande avec toujours le capitaine Thébault
Désarmée le 3 septembre
Armée le 20 février 1899 avec le capitaine Thébault ; résultat de la pêche : 43 680 kg de morues, 994 kg de rogues et 18 barriques d’huile
Désarmée le 10 septembre
Armée le 5 février 1900 avec le capitaine Fournier
Le 14 mars 1900, perte d’une embarcation – doris -
Désarmée le28 août
Armée au cabotage le 21 septembre avec le capitaine Lebergue
Désarmée le 26 janvier 1901
Armée le 1er février 1901 avec le capitaine Fournier
Désarmée le 29 août
Armée le 13 septembre pour la pêche fraiche, capitaine Blondel
Le 16 octobre 1901, dans la traversée de Dunkerque à Sétubal, collision avec le « S. Galicia »
Désarmée le 5 février 1902
Armée le xx février 1902 avec le capitaine Fournier
Désarmée le 12 septembre
Armée le 1er février 1903
Désarmée le 1er septembre
Armée le 28 février 1904 avec le capitaine Fournier
Le 8 mai 1904, rencontré par le vapeur de pêche Articque, avec à son bord 85 tonnes de morues – journal Le Grand Echo Nord de la France du 18 mai 1904 -
Juin 1904, le second tombe de la mature et se tue.
Désarmée le 7 septembre
Armée le 1er février 1905 avec le capitaine Boulanger
Désarmée le 31 août
Armée le 26 février 1906 avec le capitaine Bernard
Désarmée le 7 septembre
Armée le 4 mars 1907 au cabotage
Désarmée à Bordeaux le 5 août
Armée à Bordeaux le 6 août 1907 au cabotage
Désarmée à Dunkerque le 22 décembre
Vendue le 23 décembre 1907 à Yvon Frères de Granville avec pour destination supposée Terre Neuve
Francisé à Granville le 27 janvier 1908 sous le numéro 1561 – folio 384 numéro 1115 –
Yvon arme également deux autres goélettes « Rose » capitaine Dorvai(l) et « Félicité » capitaine Quesnel.
Armée le 26 décembre 1907
Désarmé à Granville le 4 janvier 1908
Armée le 4 mars 1908 : résultat de pêche 2 400 qtx de morues
Désarmée le 26 octobre
Armée le 13 mars 1909 : résultat de pêche 2 000 qtx de morues
Désarmée le 1er novembre
Armée le 16 mars 1910
Désarmée le 8 novembre
Armée le 6 mars 1911 avec 26 hommes dont le capitaine Foucher – voir journal Ouest-Eclair du 6 décembre 1910 -
Désarmée le 12 octobre
Armée le 25 mars 1912
Désarmée le 28 octobre
Armée le10 mars 1913
Le 16 mars 1913, un homme tombe à la mer
Le 13 avril 1913, le marin Le Chapelier tombe à la mer, sans avoir pu être sauvé – voir ci-après -
Désarmée le 16 octobre
A Saint-Malo, retour d’une goélette de Terre-Neuve
Vendue à Mme veuve Auguste Lemoine née Clémentine Hovius, de Saint-Malo, le 7 décembre 1913 pour les bancs de Terre-Neuve
Inscrite à Saint-Malo le 12 février 1914 sous la cote 4153 - folio 1384 numéro 4151
Armée le 14 mars 1914 avec le capitaine Josset
Désarmée le 1er janvier 1915
Inactivité en 1915 du fait de la guerre
Armée le xx 1916 pour le commerce avec 11 hommes – au lieu de 26 pour la pêche –
Départ de Fowey à l’ouest de Plymouth (G-B) le 2 novembre 1916, puis disparition …
Modèle réduit de « Florentine » par Jean Herbert du 1er mars 1965
Souvenez-vous de la tentative de sauvetage réalisée le 13 avril 1913 lors de la traversée pour Terre Neuve, en plein océan, du marin Le Chapelain … Une bouée est lancée au désespéré, à la suite on envoie un premier doris, monté par trois marins Eustache, Briant et Leroy, mais qui, mis en travers de la lame chavira, puis un second doris monté par Homo et Marie, lequel pu ramener les trois premiers hélas sans le dénommé Le Chapelain - voir bulletin généalogique numéro VIII
Souvenez-vous de la disparition définitive de la goélette en 1916-1917 : Partie le 2 novembre 1916 de Fowey (GB) pour Gènes (I) avec un chargement de kaolin ; sans nouvelle depuis et après de multiples recherches, elle a été présumée perdue corps et biens le 10 mai 1917 ; une seule bouée dite bouée couronne, avait été retrouvée sur la côte à Fermanville, près de Cherbourg, les pertes humaines ayant été les suivantes :
- Yves Marie Le Roux, capitaine, inscrit à Paimpol numéro 294 C C, domicilié à Paimpol au bourg de Kérity
- (Le) Coldic Yves Marie second inscrit à Paimpol numéro 2697
- Hervé Pacifique matelot inscrit à Paimpol numéro 30913
- Cornic Joseph Marie matelot inscrit à Douarnenez numéro 2201
- Goanvic François Marie matelot inscrit à Paimpol numéro 1987
- Kernoanet Joseph Marie novice inscrit à Paimpol numéro 23010 I.P.
- Balard Vincent Louis Marie novice inscrit à Paimpol numéro 22805 I.P.
Un jugement du tribunal de Saint-Malo du 3 janvier 1919 constata la disparition et le décès de l’équipage.
Aucun des trois sous-marins allemands qui opéraient en Manche à cette période n’a revendiqué la destruction volontaire de la goélette ; cette dernière a pu aussi bien heurter une mine, mais à défaut de survivant ou de témoignage de navire voisin, l’hypothèse d’un naufrage par fait de guerre ne fut pas retenue.
Un très gros temps ayant été signalé du 3 au 5 novembre 1916, le naufrage par tempête fut sans doute l’origine réelle de sa perte.
Souvenez-vous d’un échange de lettres entre Mme Lemoine l’armateur et la veuve du capitaine Le Roux, en date à Paimpol-Kérity du 31 mai et Rennes du 2 juin 1917, Mme Lemoine s’excusant de n’avoir pu par ce temps de guerre obtenir de permission pour venir à Paimpol assister à la cérémonie religieuse du 6 juin, et accédant à la demande de Mme Le Roux de lui remettre en souvenir la bouée retrouvée.
Cent ans plus tard, un contact avec les descendants de M et Mme Le Roux, nous a permis d’apprendre que la fameuse bouée était restée pendant bien longtemps dans un grenier et qu’elle était tombée en poussière !!!
Désormais, la bouée de sauvetage existe à nouveau grâce à Michel Trenit, un antiquaire marine de la Trinité sur Mer ; nous avons pu par la confection d’un nouvel exemplaire – voir photo ci-après - renouveler l’histoire, perpétuer le souvenir de ce navire, de ce dramatique accident de mer, et puis le souvenir de tous ces hommes qui alors travaillaient au péril de leur vie …
Y.D.F.
Sources :
- Pierre Yves Decosse et son site internet : www.histoiremaritimebretagnenord.fr
- Notes et recherches de Marie Deniel,
- Informations venant de Gilles Marivin, demeurant à Saint Fargeau Ponthierry, descendant du capitaine Le Roux
- Ouvrage de Louis Lacroix : « Les derniers voiliers caboteurs français »
- Bureau Veritas – archives de l’inscription maritime
Photo de la nouvelle bouée de « Florentine » au pied du mémorial malouin aux terre-neuvas