Les œuvres situées en Seine Maritime (76)
du sculpteur Maxime Réal del Sarte (1888-1954)
Monarchiste et antidreyfusard, Maxime Real Del Sarte marqua profondément l’extrême droite française du début du siècle. Il fonda les camelots du roi en 1908 – un bras de l’action française – et fut emprisonné 10 mois la même année après l’affaire Thalamas (manifestation d’étudiants de l’Action française emmenée par les camelots en réaction à un débat sur Jeanne d’Arc à l’Université de Paris). Engagé en 1914, il perdit à Verdun un frère et son bras gauche, et revint avec un patriotisme plus vibrant encore. Ses œuvres à la mémoire des morts de la Grande Guerre sont visibles dans de nombreuses villes et villages, Montpellier, Paris, Guéthary… En tout, plus de 38 monuments aux morts et 16 commémorations militaires, dont la sculpture monumentale en mémoire des armées de Champagne, dans le département de la Marne, inaugurée en 1924. Son infirmité ne l’empêcha pas d’honorer les commandes que lui fit l’Etat français. On lui doit notamment la statue du maréchal Joffre sur l’esplanade des Invalides à Paris et le monument commémoratif de Pierre de Serbie et d’Alexandre de Yougoslavie, dans le 16ème arrondissement de Paris. Ardent catholique, il fit de Jeanne d’Arc le symbole de son attachement patriotique et royaliste. Il s’en disait « l’eternel serviteur » et couvrit la France de représentation de la sainte. Il en sculpta plus d’une quarantaine. Ami proche de Charles Maurras, il militera pour obtenir la libération de l’écrivain auprès du Président Auriol en 1952, et donna ses traits à plusieurs personnages, notamment à l’un des deux poilus sculptés aux pieds de la colonne du monument à la Victoire de Rouen. Si le style académique du sculpteur dénote avec le modernisme des années 30 (on pense à Man Ray ou à Modigliani), on est frappé par l’inspiration et l’extrême sensualité de certaines de ses œuvres. La magnifique Pietà républicaine de Sare, au pays basque, dont il existe plusieurs répliques, en est un excellent exemple.
Rouen
L’œuvre a été déplacée lors de l’édification de l’église Sainte Jeanne d’Arc en 1978
Ce monument de Rouen n’est pas un monument aux morts car aucun nom de soldats n’y figure. Il s’agit d’un monument de la Victoire.
Situé sur la rive gauche de la Seine, place Carnot, depuis 1995 ; son emplacement originel était sur la rive droite, place Foch, près du Palais de Justice depuis 1925. Réalisé par Maxime Real del Sarte en 1925, il se compose d’une colonne surmontée d’une femme ailée (symbole de la victoire), d’un groupe de 3 civils (Jeanne d’Arc est entourée d’une veuve et d’un orphelin) et, au pied de la colonne, de deux soldats montant la garde. Le soldat de gauche a les traits de visage de Charles Maurras (lire cet article pour en savoir plus) ce qui a suscité une polémique en 2010.
Sur les côtés, on peut également voir des bas-reliefs représentant des refugiés belges qui furent accueillis en Normandie pendant la guerre.
La phrase « Ils ont des droits sur nous » est inscrite dans le granit sous le groupe de civils. Elle est extraite du discours d’investiture de Georges Clemenceau en 1917 :
« Ces Français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous. Ils veulent qu’aucune de nos pensées ne se détourne d’eux, qu’aucun de nos actes ne leur soit étranger. Nous leur devons tout, sans aucune réserve. Tout pour la France saignante dans sa gloire, tout pour l’apothéose du droit triomphant. »
Le monument aux morts de Rouen a été inauguré le dimanche 15 novembre 1925. Une imposante cérémonie se déroula en présence de Raymond Poincaré, ancien Président de la République, ancien Président du Conseil. (Voir le journal de Rouen du 16 novembre 1925)
Monument aux morts des forains – le Boulingrin –
Désireux de commémorer le souvenir de leurs propres disparus, les forains fondent à Asnières (aujourd’hui Asnières-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine) un « Comité pour l’érection du Monument aux Poilus forains morts pour la France ». Une maquette est alors réalisée par le sculpteur Maxime Real del Sarte (1889-1954).
Le 11 juillet 1923, le conseil municipal de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) examine la demande d’implantation du monument sur le territoire communal. Mais renvoie la décision au préfet de la Seine (ancien département de Paris et sa petite couronne), au motif que « l’emplacement demandé est situé sur une contre-allée du boulevard Maillot dont le sol appartient à la ville de Paris ». Toutefois, les forains n’obtiendront pas l’autorisation d’édifier leur monument à Paris. Le roi des Belges, Albert 1er, proposa de l'ériger à Bruxelles, mais ce fut finalement Rouen qui fut choisie par le comité, en raison de l'importance de la foire Saint Romain de Rouen qui permet à la plupart des forains de s’y réunir un mois durant fin octobre-mi-novembre. Le 27 novembre 1930, la ville de Rouen autorise l’implantation de l’édifice sur un emplacement de choix : la place du Boulingrin, épicentre, à l’époque, de la foire Saint-Romain. L’architecte Jean Dahmen est chargé de la réalisation, suivant la maquette de Maxime Real del Sarte.
L’œuvre a été déplacée en 1974 par suite de l’élargissement du boulevard de l’Yzer.
Voir les commentaires de Jacques Tanguy guide-conférencier à Rouen
Le Tréport
Au Tréport
Historique : date de création : 1920 : réalisation du monument pour Sare
1921 : 1er novembre, inauguration au Tréport
Les traits du gisant sont empruntés à Charles Eudes, tué pendant la guerre.
Le poème de Charles Maurras qui a donné son titre au monument est :
“Je t’ai cherché sous le ciel qui tonne / et jusqu’à ce bord de talus désert / Ne rêve pas que je t’abandonne / O mon amour, ô grande âme fière / Ne suis-je pas la chair de ta chair ? “
Oeuvres en rapport : même monument à Sare, inauguré le 11 novembre 1920. Même monument, à Cerisy-la-Salle, en pierre, inauguré le 14 novembre 1921, en bronze, à Saint-Chély d’Apchez en 1922 et en pierre à Ressons-sur-Matz en 1924.
Saint-Martin aux Buneaux
A Saint-Martin aux Buneaux – 1924 -
Voir :
Anne de Roux-Glandy : livre-souvenir sur Maxime Réal del Sarte, publié en 1954 par les Éditions d’Histoire et d’Art.
En 1956, album de photographies de ses œuvres, préfacé par le baron Meurgey de Tupigny qui note : « L’amour de la patrie, la poursuite de son idéal, son culte pour Jeanne d’Arc se confondent, se pénètrent et s’enroulent autour de ce pivot que fut pour lui l’idée monarchiste. »
En mars 2004, le bulletin Lecture et tradition consacra un numéro au cinquantième anniversaire de sa mort.
Dictionnaire des monuments aux morts de la guerre 1914-1918