Les armements corsaires à Saint-Valéry en Caux
Dès le 16ème siècle, le célèbre marin Paul Blondel, muni d’une approbation du roi de France, avec trois caravelles, part de Saint-Valéry, en 1571, pour courir les bateaux espagnols à travers le Nouveau Monde.
Sous Henri IV le célèbre armateur Guillaume Ladiré reçoit le roi le 16 novembre 1593 dans sa belle demeure du quai d’aval.
En février 1793, la Convention Nationale déclarait la guerre à l’Angleterre ; aussitôt l’imposante flotte anglaise se mit à surveiller les côtes et les ports normands, bloquant ainsi toute activité de cabotage et autre ; il fallut réagir et les marins et volontaires étaient si nombreux que une fois les équipages locaux complets, ils allèrent régulièrement s’engager pour la course aussi bien à Calais, Boulogne, Cherbourg, Saint-Malo, Morlaix …
Voici quelques exemples de navires corsaires en activité à Saint-Valéry :
- L’Espoir brigantin de 70 tx construit à Saint-Valery en l’an 14 capitaine Collos puis Angot ? comprenant 56 hommes, réalisa huit croisières avec 32 prises, capturé par les anglais le 6 octobre 1811,
- L’Aurore, armateur Frédéric Follin, bâtiment de 50 pieds de quille, 13 pieds de bau, avec 16 canons, 4 de 4 livres, 7 de 3 livres et 5 d’une livre, avec 70 hommes d’équipage,
- Le Surcouf, armé par Frédéric Follin, longueur 20,85 m, largeur 5,35 m avec 52 hommes,
- Le Modeste, armateur Victor Rigoult avec 45 hommes
- Le Braconnier armateur F Follin avec 50 hommes,
- La Victoire armateur Victor Rigoult avec 50 hommes
- L’Emile armateur V Rigoult,
Et voici quelques prises réalisées :
- Le Frederick de 212 tx armé de 4 canons chargé de vins, étoffes, cuirs et lièges dont la vente atteignit 168 414 frs, capturé par l’Espoir amené à Saint-Valéry le 2 décembre 1810,
- Le Mesoda-Fortuna dont la valeur de chargement dépassait 200 000 francs, amené à Saint-Valéry en 1809
- Le brick Anson de 113 tx armé de 2 canons et de 2 pierriers, capturé par le corsaire Le Courrier capitaine Leroux armé à St-Malo mais dont le consignataire est Victor Rigoult de St-Valéry,
- L’Olive Branck de 103 tx chargé de douvelles, de lard et de bœuf salé, la cargaison étant réquisitionnée par la Marine Impériale,
- Le Fame brick de 160 tx,
- L’Eleanor
- Le Président de Boston,
- Le Johanna Elisabeth,
- Le Citty,
- Le Rebecca,
- Le Marie Rose …
L’animation à Saint-Valéry était grande sur les quais et dans toute la ville, lors du retour de brigantins, lougres et autre bâtiments armés à la course, accompagnés de quelques prises dont on tentait de connaître la valeur et donc le résultat de la capture.
Lors d’une audience du 3 décembre 1807, le tribunal de Commerce de Saint-Valéry avait à procéder au règlement de prises faite par le corsaire l’Espoir commandé par le capitaine Jean Collos.
L’ennemi, en représailles n’hésitait pas à se « venger » sur de plus petites embarcations affectées à la pêche fraiche, montées par des marins âgés ou hors service, au mépris de ce que l’on admettait habituellement, « la trêve pècheresse » (voir un autre article à ce sujet), savoir :
- La Jeune Eleonore, bateau de 52 tx patron Jean Joly armateur Philippe Rigoult capturée par la corvette anglaise La Couleuvre,
- Le Saint Théodore de 52 tx armateur G Ango,
- Les Sept Frères de 54 tx armateur Thomas Doré,
- Le Saint-Jacques de 42 tx armateur Pierre Canard,
- Le Jeune Frédéric de 41 tx armateurs Follin père et fils,
- La Jeune Aimée armateur Philippe Rigoult.
La signature du Traité de Paris en 1814 mit fin à cette guerre maritime ; quantité de marins valériquais seront rapatriés peu après par des parlementaires anglais (voir tableau ci-après).
Y. D. F.
Sources : « Le passé maritime de Saint-Valéry en Caux » par Daniel Banse dans le bulletin 1938 de l’Association des Amis du Vieux-Fécamp.