Un cercle littéraire à Paris

 

 

A Paris, les figures géométriques sont nombreuses : il y a le triangle d’or [1] pour les affaires, et puis le carré rive gauche [2] pour les antiquaires et les galeries d’art, mais il y a aussi sur la rive droite une autre figure, un cercle, pour la littérature, et cela correspond assez bien …

 

Nous sommes au Palais Royal, au croisement des rues Royale et Saint-Honoré

La rue Royale puis de Richelieu est percée en 1633

La rue Saint-Honoré, l’une des plus longues de Paris, avec au numéro 204 le Palais Royal

A proximité, la rue Traversière puis Fontaine-Molière puis Molière

L’avenue Napoléon puis de l’Opéra ne sera percée par Hausmann qu’en 18xx

 

Molière (Paris 15 janvier 1622-Paris 17 février 1673)

Il occupe le 40 rue de Richelieu - autrefois numéro 34 ? - depuis octobre 1672  jusqu’à sa mort en 1673 à l’âge de 51 ans à 10 heures du soir après la 4ème représentation du Malade Imaginaire -

-          Voir une plaque sur l’immeuble – mais, l’immeuble actuel est de 1765 -

 

Au 43 de la rue – autrefois numéro 37 ? , la fontaine Molière œuvre de Visconti est érigée en 1843-44, située en face de la maison du célèbre auteur et acteur ; la statue de Molière est de Seurre, les figures de la comédie sérieuse et de la comédie légère sont de Pradier.

 

Voltaire (Paris 21 novembre 1694-Paris 30 mai 1778)

Décembre 1731, il s’installe chez la baronne de Fontaine-Martel dans ce qui ne sera qu’en 1782 la rue de Valois (à hauteur du n°20). La Banque de France a depuis pris possession des lieux.
Voltaire a alors trente-huit ans, la baronne en a plus de soixante-dix. Leur plaisir commun est de recevoir et de faire jouer du théâtre, dont ses pièces à lui. Suite au décès de la baronne, il quitte en mai 1733 l’hôtel de la Fontaine-Martel

De Cirey, Voltaire effectue parfois des séjours à Paris, en particulier chez les Châtelet à l’hôtel Lambert (1-3 quai d’Anjou, entrée par le 2 rue Saint-Louis-en-L’Ile) en 1742, ou rue Molière (au niveau actuel des premiers numéros pairs ; à l’époque, au 43 rue Traversière) en 1746 puis en 1749-50.

L'ouverture de l'avenue de l'Opéra en 1867, a fait disparaître plusieurs maisons dont celle qu'avait habitée Voltaire ; celui-ci logea au 25, rue Traversière (démoli) à l'angle nord-est de la petite rue du Clos-Georgot, qui allait de la rue Traversière à la rue Sainte-Anne. La maison où logeait Voltaire appartenait à M. de Pongerville et elle avait été louée au marquis du Châtelet. Voltaire y avait installé un théâtre et y logeait l'acteur Lekain.

Paris, rue Traversière, 1745-1754

Voici ce qui reste de la maison qu’on pensait avoir été occupée par les Du Châtelet et Voltaire dans la rue Traversière, maintenant la rue Molière. En fait, cette maison, démolie par Haussmann en 1876, ne fut jamais celle des Du Châtelet. Leur maison, démolie vers 1840, occupait le site des numéros 21 et 21 bis de la rue Molière.

(Voir Les habitations de Voltaire par Andrew Brown et Pierre Leufflen – paru dans les Cahiers Voltaire de 2012 ?)

 Il ne revient à Paris qu’en 1778, alléguant le prétexte des répétitions de sa tragédie Irène qui doit être jouée à la Comédie-Française. Il s’installe 27 quai Voltaire (donnant également sur le 1 rue de Beaune), de février 1778 jusqu’à sa mort le 30 mai dans une chambre du second étage sur la cour (plaque).

 

Rousseau (Genève 28 juin 1712-Ermenonville 2 juillet 1778 soit un mois après Voltaire)

Il habita un moment en 1754 au 57 de la rue des Petits Champs ;

 

Diderot (Langres 5 octobre 1713-Paris 31 juillet 1784)

Il habitat un moment au 12 rue Taranne, à l’angle des rues Saint-Benoit et d’Holbach ; également dans la rue de la Vieille Estrapade

Le 15 juillet 1784, Diderot vient loger à Paris 39 rue Richelieu au 2ème étage de l’hôtel de Bazin de Bezons, maréchal de France en 1709, où il décède subitement deux semaines plus tard d’une attaque d’apoplexie, à l’âge de 71 ans, le 31 juillet. - Voir une plaque sur l’immeuble – Et non place de l’Estrapade comme cela a été indiqué -

Sa fille Marie Angélique D. (1753-1824), hérite de lui et de ses archives ; elle est l’épouse de Abel François Nicolas Caroillon de Vandeul (1746-1813), écuyer du Roi, originaire de Langres, comme Diderot lui-même,

 

Marie Joseph Chenier (Constantinople 11 février 1764-Paris 10 janvier 1811) jeune frère de André Chénier, résida au 18 rue de Richelieu de 1805 à 1807, époque où il écrivit « La promenade à Saint Cloud » et « L’épitre à Voltaire ».

 

Mirabeau (Bignon 9 mars 1749-Paris 2 avril 1792) logea en 1790 à « l’hôtel de Malthe » dans la rue Molière

 

Chamfort Clermont-Ferrand 6 avril 1741-Paris 13 avril 1794) tente de se suicider au 10 de la rue des Petits Champs en novembre 1793 pour échapper à une arrestation prescrite par le Comité de Salut Public et meurt le 13 avril suivant (voir plaque au 6 rue Chabanais)

 

L’hôtel du baron d’Holbach (1723-1789) était situé au 8 de la rue des Moulins, le philosophe matérialiste qui y recevait Diderot, Grimm, et tous les esprits forts de l'époque (Ancien hôtel meublé de la Côte d'Or)

 

Gabrielle Colette (1873-1954) était installée au Palais Royal ; elle y vécu en 1927-1929 puis de 1938 à sa mort ; la place Colette devant la Comédie Française date de 1966.

 

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Dans la rue Saint-Anne, naquit Helvetius (1715-1771) dont la rue prit le nom à la Révolution (le médecin ou son petit fils né rue Serpente auteur du livre intitulé «de L’Esprit ») ; même rue, face au couvent du 63, l’hôtel ou mourut Bossuet (Dijon 27 septembre 1627-Paris 12 avril 1704) le 12 avril 1704 – en 1696, celui-ci habitait place des Victoires - .

 

Bernard-Joseph Saurin (1706-1781), poète et auteur dramatique, meurt dans la rue Thérèse.

 

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L’Académie Française se réunissait entre 1638 et 1643 à l’hôtel Mélusine au 6 et 8 rue de Valois

 

Les salons littéraires :

Les vrais cercles littéraires se retrouvent aux mêmes endroits :

 

L’hôtel de Rambouillet est un hôtel parisien connu pour le salon littéraire que Catherine de Vivonne, épouse d'Angennes, marquise de Rambouillet tient de 1608 jusqu’à sa mort en 1665. Il était situé rue Saint-Thomas-du-Louvre (rue perpendiculaire à la rue Saint-Honoré, au sud de celle-ci), approximativement à l'emplacement de l'actuel pavillon Turgot du Louvre.

 

Le cercle Conrart

 

Le salon de l’abbé d’Aubignac

 

Le salon de mademoiselle de Scudéry

 

Au 18ème siècle, Madame de Tencin ouvre l'un des salons littéraires les plus réputés de l'époque appelé le « bureau d'esprit »[2]. D'abord essentiellement consacré à la politique et à la finance avec les spéculateurs de la banque de Law, ce salon devient à partir de 1733 un centre littéraire. Les plus grands écrivains de l’époque le fréquentent, en particulier Fontenelle, Marivaux, l’abbé Prévost, Charles Pinot Duclos et plus tard Marmontel, Helvétius, Marie-Thérèse Geoffrin et Montesquieu.

 

De 1749 à 1777, Marie Thérèse Rodet Geoffrin a organisé dans son hôtel parisien de la rue Saint-Honoré no 374, (une plaque lui rend hommage), vis-à-vis les Capucins, un salon bi-hebdomadaire, offrant à ses hôtes une table abondamment et délicatement servie, recevant les artistes le lundi, les savants, les gens de lettres et philosophes, tels Diderot, Voltaire, d’Alembert.  

Le salon du baron d’Holbach, « le premier maître d’hôtel de la philosophie » chez qui se réunissaient Diderot, d’AIembert, Helvétius, Marmontel, Raynal, Grimm, l’abbé Galiani, etc. On a même dit que l’idée de l'Encyclopédie naquit lors d'un débat de ce salon que Rousseau appela, après sa rupture avec les Lumières, le « club holbachique », et dont Morellet, qui avait également son propre cercle, a écrit qu’« On y disait des choses à faire cent fois tomber le tonnerre sur la maison, s’il tombait pour cela. »

 

Le Restaurant «Le Drouant » au 18 rue Gaillon est le siège de l’Académie Goncourt

 

« Paris a mon cœur dès mon enfance … » avait dit Montaigne

 

                                                                                                                                    YDF

Sources :

Vie et histoire du 1er arrondissement de Paris aux éditions Hervas

Dictionnaire de l’Ancien Paris par Frédéric Lock, librairie Hachette

Evocation du Vieux Paris par J. Hillairet Edition de Minuit

Wikipédia

 

Notes :



[1]  Le triangle d’or est délimité par les avenues Montaigne, des Champs-Élysées et George-V

[2]  Le carré rive gauche est délimité par les rue des Saints Pères, rue de Beaune, rue du Bac, rue de l'Université, rue de Verneuil, rue de Lille, quai Voltaire, …