LES FAIENCES EN SEINE MARITIME
La faïence de Rouen
À partir du début du XVIe siècle, la faïence de Rouen acquiert une renommée nationale. La qualité de ses modèles et de ses motifs en fait le décor privilégié des demeures d'une noblesse sensible au nouvel art de vivre de la Renaissance. |
Historique
Les origines
La faïence rouennaise apparaît au XVIe siècle avec Masseot Abaquesne. Ce contemporain de Bernard Palissy qui avait complété sa formation auprès des maîtres italiens de Faenza, la petite ville d’Italie qui a donné son nom à la « faïence » fabriqua de magnifiques carreaux de céramique représentant des scènes historiées, des motifs d’arabesque, des emblèmes et des armoiries dans le style italien prépondérant à la Renaissance. Il créa aussi nombre de récipients de pharmacie et d’épicerie au décor également d’inspiration italienne.
Son chef d’œuvre est la série de carreaux réalisée entre 1540 et 1548 pour décorer le château du connétable de France Anne de Montmorency à Écouen. Le château d'Ecouen, devenu aujourd'hui musée national de la Renaissance, expose de nombreuses œuvres de faïence de Masseot Abaquesne, Bernard Palissy et bien d'autres.
L’entreprise de Masseot Abaquesne, en dépit des efforts de sa veuve et de son fils Laurent pour prendre la relève, ne survécut pas à sa mort, survenue en 1564.
Le siècle de l'expansion
La faïence fait son
retour à Rouen au XVIIe siècle avec le
monopole accordé en 1644 par la Régente Anne d’Autriche à Nicolas Poirel, sieur de Grandval, qui engage Edme Poterat. Celui-ci lance le fameux décor
bleu à lambrequins (ou broderies) également dans la veine des techniques et des
décors italiens de l’époque, eux-mêmes d’inspiration chinoise.
La décoration d’abord sobre et limitée à la périphérie des objets, deviendra
progressivement de plus en plus recherchée et recouvrira l’ensemble des pièces.
Elle marquera pour longtemps le style rouennais.
En 1656,
Poterat achète des terrains, fait construire une nouvelle fabrique et rachète
en 1674 le privilège
royal au fils de Nicolas Poirel. À sa mort en 1687, sa veuve et son fils Michel lui
succèdent.
Le frère de Michel, Louis, crée lui aussi sa propre fabrique. À la mort de
Michel, en 1712, la fabrique
passe dans la famille de son épouse Leboullenger où elle restera jusqu’en 1770. La fabrique de son frère Louis passe, en
1720, aux mains de Nicolas Fouquay, à qui l’on
doit de nombreuses pièces de forme dont les célèbres bustes représentant les « Quatre Saisons ».
Les Poterat ont continuellement cherché à créer et à innover. Ils sont ainsi
les « inventeurs » de la porcelaine tendre en
France. On ne connaît que peu de pièces dont on peut affirmer avec certitude
qu’elles ont été produites à Rouen.
Malheureusement, à sa mort, Louis Poterat emmène son secret avec lui dans
sa tombe.
L’extinction du privilège des Poterat permet l’ouverture de nombreuses fabriques concurrentes. En 1720, Rouen compte treize fabriques. À son apogée, Rouen en comptera jusqu’à 22. Parmi les fabriques les plus florissantes qui se développent dans le quartier Saint-Sever, et qui contribueront à la renommée des productions rouennaises, on peut citer les noms de Caussy, Guillibaud, Bertin, ou encore Mouchard, Heugues, Vallet, Fosse.
Le déclin des faïenceries rouennaises
Parallèlement aux réalisations de qualité qui ont fait sa réputation, la production faïencière rouennaise du XVIIIe siècle a également consisté en un nombre considérable de faïences bon marché de formes primitives très sommairement décorées. La productivité et la variété de la qualité des produits des faïenciers de Rouen ne les mirent pas à l’abri des importations anglaises, de la limitation de l’utilisation du bois de chauffe destinée à protéger le domaine forestier et des fabriques de porcelaines qui marqueront le coup d’arrêt de la faïencerie rouennaise dont les fabriques cessent l’une après l’autre leur activité à la fin du XVIIIe siècle. Le déclin de la production sera rapide puisqu’à la veille de la Révolution, Rouen compte encore une quinzaine de fabriques.
Celle d’Edme Poterat cesse ses activités en 1795. Au cours de son existence, elle aura pour propriétaires successifs sa veuve et son fils Michel, puis la veuve de Michel, née Leboullenger, avant de passer entre les mains de Charles Le Coq de Villeray, de François-René Dionis, puis de Jean-Baptiste de La Houssiette, et enfin Mouchard comme dernier propriétaire.
Rouen tentera bien au cours du siècle de réduire ses coûts, en appliquant au revers des plats et assiettes une seule couche d’émail au lieu de deux au début du siècle, ou en utilisant une argile moins raffinée, ce qui entraîne la production de pièces plus épaisses au fur et à mesure que l’on avance dans le siècle. Les faïenciers ne pourront également rien contre l’évolution des goûts de leur clientèle, de plus en plus attirée par la palette de couleurs, la variété des décors, et la finesse de la porcelaine.
L’influence de Rouen dans de nombreuses fabriques françaises, Paris, Saint-Cloud, Moulins, Sinceny, Lille, Saint-Omer, Saint-Amand, Strasbourg (fabrique de Charles-François Hannong), Marseille (fabrique de Leroy), Rennes, Quimper, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Saintes et La Rochelle est néanmoins très sensible.
Quelques rares fabriques parviennent cependant à maintenir une activité au XIXe siècle, comme celle de La Méttairie, ou celle d’Amédée Lambert qui poursuit la production de la fabrique Guillibaud-Levavasseur, mais elles s’orientent vers une production plus utilitaire (terrines, moules à fromage…), ne consacrant qu’une faible part aux décors qui ont fait le faste de Rouen. La production s’éteint définitivement sous Napoléon III, vers 1855. De nombreuses fabriques françaises vont continuer de reproduire des décors de Rouen au cours du XIXe siècle, sans y apporter cependant tout l’éclat de la production rouennaise. Desvres, Gien, Sarreguemines, Bordeaux ou encore Malicorne vont ainsi reproduire les décors « aux lambrequins » ou « à la corne », avec des interprétations plus ou moins heureuses.
Les caractères stylistiques
Les formes
Plat en faïence de grand feu à bord chantourné, décor dit "A la double corne et à l'œillet noir", circa 1760, Musée Lambinet, Versailles.
La maîtrise de l’art de la faïence par les faïenciers rouennais va leur permettre d’élaborer toutes sortes de formes sur lesquelles appliquer leur savoir-faire. Encouragée par le besoin de financement des guerres de Louis XIV, la faïence remplace peu à peu les pièces d’argenterie dont elle reprend le style.
Outre les plats et assiettes, Rouen excelle vite à produire hanaps et aiguières, bannettes, bouteilles et pichets, jattes, moutardiers et boîtes à épices, huiliers, jardinières et rafraîchissoirs, saucières, saupoudreuses ou théières, terrines, légumiers et soupières, bouquetières, boules à éponge ou à savon, plats à barbe, … ou encore crachoirs, bidets et bourdaloues. Aucun domaine ne rebute les faïenciers rouennais comme en atteste la production de suspensoirs d’église, de bénitiers et de crucifix, de Bacchus assis sur un tonneau, voire de consoles murales, plateaux de commodes ou de cheminées, même si certaines de ces pièces relèvent plus de l’exercice de style que d’une production continue.
Afin de s’adapter à la mode et à l’évolution du goût, la forme des pièces évolue. Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, les assiettes et plats sont dans le style de l’orfèvrerie Louis XIV, de forme ronde à bord uni, ou octogonale, les bannettes et huiliers sont de forme rectangulaire, aux lignes droites, à pans coupés. À partir du deuxième tiers du XVIIIe siècle, sous Louis XV, les formes évoluent, toutes en courbes, et abandonnent la rigidité un peu austère des lignes droites de la période précédente. De tronconiques, les saupoudreuses deviennent balustres, les plats et assiettes sont chantournées, les huiliers sont oblongs. Dans la seconde partie du XVIIIe siècle, on voit également apparaître des bordures dentelées.
Les décors
La fin du XVIIe siècle voit l’apothéose de la technique d’ornementation originale caractéristique de la faïence rouennaise connue sous le nom « de style rayonnant ». Cette fin du XVIIe siècle voit également poindre les premiers essais de polychromie, avec l’insertion de petites touches de rouge. Cette couleur étant difficile à maîtriser, elle tend parfois encore vers l’ocre, et reste utilisée avec parcimonie. Peu à peu Rouen commence à se libérer de l’influence de Delft et de Nevers, en créant son propre style d’inspiration sino-hollandaise.
Le XVIIIe siècle voit la généralisation du rouge dans la production rouennaise, car il est enfin maîtrisé. Cette couleur, obtenue grâce à la présence d’oxyde de fer, demeure néanmoins délicate à utiliser, car elle pénètre plus difficilement dans l’émail en raison d’une pâte plus épaisse. Cette consistance provoque un léger relief, là où le rouge a été appliqué, et même fréquemment des bulles lors de la cuisson.
Bien que rare, l’or a parfois été utilisé pour rehausser la décoration de certaines pièces. Cette substance ne supportant pas les températures élevées « du grand feu », elle utilise une technique particulière appliquée « à froid ».
L’introduction d’autres couleurs aboutit à l’apparition, dès le premier quart du XVIIIe siècle, de décors dans la veine chinoise aux couleurs jaune, vert, bleu, rouge et même noir brillant très vives. La fabrique Guillibaud, même si elle n’est pas la seule à avoir produit ce type de décor, se distinguera par son inspiration du décor chinois « famille verte » de la dynastie Tsing. L’apogée du décor chinois dans la faïencerie rouennaise se situe entre 1720 et 1750.
Les faïenciers rouennais, toujours à la recherche de nouveautés, diversifient les décors. Ainsi, à l’instar des décors « bleus persans » de Nevers, Rouen créé son propre décor « bleu empois », attribué aux fabriques de Guillibaud et de Caussy. Dans un style similaire au « bleu empois », quelques tentatives de production de pièces « à fond jaune » seront effectuées. Autre spécificité rouennaise, la fabrique de Charles Le Coq de Villeray produira également des décors dit « à l’ocre niellé ».
L’apparition, vers 1740, du style « rococo » voit l’introduction des motifs plus occidentaux – arc et carquois, scènes de la vie de l’époque, fleurs telles que tulipes ou iris – concurremment à la conservation d’éléments propres au décor chinois tels que œillet, grenade, corne (corne de rhinocéros), rocher percé. À la fin du siècle, Levavasseur, héritier de la fabrique de Guillibaud, se lance dans la production de faïence « au petit feu » où le décor est posé sur l’émail déjà cuit donc dur, contrairement à la technique « de grand feu » où le décor est posé sur l’émail non cuit donc pâteux. Le décor est soit floral, soit « aux marchands levantins » inspiré d’une série de gravures hollandaises du début du XVIIIe siècle, ou peut encore représenter des scènes galantes ou « d’oiseaux branchés ».
Les faïences de Forges-les-Eaux
Historique
L’industrie de la poterie prit naissance sous l’occupation romaine. Pendant des siècles, on fabriqua des poteries grossières en terre, puis des pipes. Les argiles, dites blanches que l’on extrayait à Forges, étaient très appréciées par les grandes faïenceries du XVIIIème : Douai et Boulogne s’approvisionnaient à Forges. En 1797, Georges Wood, d’origine anglaise, s’installe à Forges avec sa famille et fonde la première faïencerie. Le 17 février 1811, Georges Wood meurt à l’âge de 55 ans, laissant une veuve et sept enfants dont plusieurs en bas âge.
Le 12 mai 1812, Madame Wood confie la direction de l’usine à l’un de ses employés, Nicolas Marin Ledoux. Six semaines plus tard, elle l’épouse. Ledoux est sérieux et les affaires marchent bien. La fabrique porte désormais l’appellation « Faïencerie Ledoux-Wood » et compte une quarantaine d’ouvriers. Le succès de Ledoux suscite des vocations, et une seconde manufacture, beaucoup plus moderne, se crée grâce à Monsieur Mutel-Cavelan.
En 1830, les faïenceries Ledoux atteignent leur
apogée, elles occupent alors une centaine d’ouvriers. En 1836, Nicolas Ledoux
cède son usine à son fils André, et installe dans la seconde usine deux des
enfants du premier mariage de Madame Ledoux-Wood, Jean et Richard.
En 1856, les deux usines Wood fusionnent. Pendant ce temps, une autre usine de
faïence a été créée, celle dirigée successivement par Constant, Dupuis et
Bigot. Ce dernier exécutera des faïences particulières jaune-ocre, avec des
taches brunes.
A Richard Wood succèdera Monsieur Herbel, puis son gendre Monsieur Rohaut qui sera le dernier fabricant de faïences de cette époque. Cette usine figure sur un plat à l’hôtel de Ville de Forges.
Caractéristiques
La faïence fine
Elle est réalisée avec de l’argile blanche –d’un blanc crème – dite « terre de
pipe » : cette argile servait à la fabrication des pipes. Cette faïence n’est
pas émaillée : elle est seulement vernie (couverte).
Outre la production de vaisselle plate, on note une importante production de pièces de forme (saucières, saladiers…). Cette vaisselle est non seulement faite pour figurer dans les vaisseliers mais aussi pour être utilisée.
Les pièces sont généralement réalisées au moule et les décors au pinceau et à l’éponge. Les bords sont souvent entourés d’un trait noir de manganèse. L’éponge est utilisée en décoration sur les marlis ou pour imiter le feuillage des arbres. Ce décor à l’éponge est une des spécialités de Forges. Ledoux s’inspire au départ des images d’Epinal et de Besançon, puis il représente des périodes de l’histoire, des militaires, des chasseurs, des coqs…
La faïence épaisse
Les culs noirs : Ces faïences sont réalisées avec de l’argile
d’un blanc grisâtre, généralement craquelée : elles sont appelées « culs noirs
» car le dessous des pièces est recouvert d’un émail brun foncé, que l’on
obtenait en utilisant de l’oxyde de manganèse, employé pour sa robustesse et la
modicité de son prix de revient.
C’est une faïence épaisse, un peu grossière, destinée à être utilisée
quotidiennement par une clientèle modeste. La décoration se borne souvent à des
sujets naïfs : maisons, poissons, églises….
Les culs bruns : Au dernier tiers du XIXème siècle, les
règles de fabrication ont été modifiées, ainsi, les décors à l’éponge des
marlis se sont rétrécis, les couleurs ont perdu de leur éclat et la qualité de
l’émail utilisé pour le dessous des plats n’est plus d’un beau brun violet
foncé.
Les motifs décoratifs sont très variés : ils sont souvent inspirés par
l’actualité. Ils reproduisent des faits marquants de l’époque : épisodes
militaires des guerres du Premier Empire, Révolution de 1830, introduction en
France de la première girafe, oiseaux exotiques. Mais le plus souvent, pour les
grandes séries, la décoration se borne à des sujets naïfs et populaires :
fleurs, animaux, maisons campagnardes, scènes de chasse, de la vie paysanne.
Les couleurs prédominantes sont le vert et le bleu.
La production de faïences s’est éteinte à la fin du XIXème siècle.
L’Atelier « Terre de Bray » poursuit la tradition des faïences de Forges. Vous trouverez dans le catalogue du site un extrait de notre production.
Les faïences fines d'Aumale
Nous trouvons deux Manufactures. La première semble apparaître en 1811, c’est la Manufacture Bailly, qui s’implante de façon très morcelée. A la cote B 705 et 708 du cadastre de 1825, il existe un moulin et un magasin. Puis près du lieu où va se trouver l’autre faïencerie, un four à biscuit et un atelier de peintre. Par contre nous ignorons où se trouvait son atelier de modelage, tournage et garnissage. Certains auteurs (TARDY & LESUR) avancent la date de 1806.
Mais dans nos recherches aux archives, rien ne permet de confirmer cette date d’implantation à AUMALE. Nous émettons une hypothèse : depuis le début du 19è le sieur BAILLY était colporteur marchand de faïences à Forges les Eaux et que dans cette ville, il était en bonne relation avec Georges WOOD, créateur de la manufacture de Forges. Ce dernier était d’ailleurs le témoin présent en 1805 à la déclaration de naissance d’Elisabeth Bailly. Jusqu’en 1808, on trouve toujours BAILLY à Forges a travers d’autres documents.
En 1810, nous le retrouvons à AUMALE lors de la naissance d’un de ses fils, où il se déclare comme marchand faïencier (les deux témoins présents sont Louis Henri LEMOINE et Jean Henri BESSEL 47 ans, faïenciers).
Ce n’est qu’en 1811, à la naissance de sa fille Caroline, que BAILLY se déclare marchand fabriquant faïencier et est témoin son beau frère Louis LEBLOND faïencier. Nous pensons qu’à la mort de Georges WOOD, BAILLY ne s’est pas entendu avec LEDOUX , le second mari de Madame WOOD et qu’il a alors appliqué la devise « du producteur au consommateur », comme il l’a dit a Madame DUMONT dans son article « les assiettes d’Aumale ».
Dans les années 1811 et 1812 nous voyons arriver plusieurs faïenciers et ouvriers faïenciers venant de Forges (VIVIEN, Jacques LELONG, Louis LEBLOND). On voit que la manufacture se développe. En 1815 deux faits apparaissent : la création du moulin a silex dans la commune de Ste Marguerite à Rivery et des demandes de colportages pour aller vers Laon.
De 1815 à 1824, nous rencontrons de nombreux documents qui indiquent que la manufacture BAILLY et Cie est en fonction. Le 30 juin 1824, un procès verbal est dressé pour des roues non conformes sur une voiture appartenant a Bailly. On lui a confisqué sa voiture et brisé les roues incriminées, sur la place d’Aumale. Ces problèmes ont provoqué des ennuis financiers qui l’entraînent a se retirer de la fabrication de faïences, ainsi que Louis LEBLOND son beau frère et associé.
Au cadastre de 1824-1825, apparaissent comme des successeurs MERY et LEMOINE, et en 1826 on trouve une mutation à JULLET et MERY. Le 16 mai 1827 un incendie détruit une partie des fours. Ce qui remet a l’ordre du jour une pétition émise en août 1826 pour les risques d’incendie, et la visite de l’architecte des bâtiments civil de Neufchâtel et du maire d’Aumale aux frais des sieurs JULLET et MERY. Entre 1827 et 1830, cette cote cadastrale porte les noms de BAILLET et LAMBERT à Aumale, et JULLET graveur imprimeur à Paris. En 1830 cette manufacture ferme ses portes. En 1832 elle est a la cote cadastrale de BAILLET et LAMBERT à Aumale. JULLET en paye la cote mobilière jusque 1836.
L’autre faïencerie se situe à la cote cadastrale B645.
Au départ il s’agit d’un moulin a moudre des cailloux pour faïencerie, situe sur un ruisseau, cote gauche de la rivière Saint Lazare, construit en 1814 par Jean Marie BAILLET, perruquier à Aumale. Ce moulin devient la propriété de François Olivier LASSEUR, juge de paix à Aumale quelques années plus tard. En 1818, il expose qu’il est propriétaire d’un lieu sis en la ville d’Aumale « situe à l’emplacement même dont il est question sur lequel il est établi une manufacture de faïences ». Nous pensons que LASSEUR a acheté cette faïencerie, pour établir son gendre Jean Simon Alexandre PAPE (qui a épousé Pamela LASSEUR a Aumale en 1813). En 1813, lors de son mariage, Pape est déclaré vivant de son revenu. Puis en 1815, il vit toujours de son revenu. En 1817, il est marchand potier. En 1818, il est fabricant de faïences, et en 1819, à l’exposition des produits de l’industrie à Paris, Pape est présent. On sait qu’il y a présenté une tasse caliciforme en faïence fine blanche.
En 1821, on trouve BLONDEL employé a la faïencerie. Puis en 1823, PAPE est de nouveau déclaré vivant de son revenu. En 1825, la faïencerie est la propriété de BAILLET et LAMBERT. En 1834, ce n’est plus une faïencerie. En 1815 BAILLY a fait construire une usine a broyer le silex, dans la commune de Ste Marguerite a Rivery. En 1826 le moulin est la propriété de LEMOINE et MERY. Le moulin n’est plus la propriété d’un faïencier en 1838.
Analyse
Grâce aux historiques et a l’histoire des personnages rencontrées dans les faïenceries, influant sur la production, on va placer dans cette analyse une origine de production essentiellement Forgionne, avec une forte dominante de pièces a décors peints. L’arrivée de MERY, vers 1824, a du introduire le décor par impression à Aumale. Qui est ce MERY ? C’est un fabricant de faïences. Il est exploitant de la manufacture de Sèvres en 1808, cette manufacture avait racheté le brevet d’impression au fils POTTIER de Chantilly. C’est la que MERY pris connaissance de l’impression. En 1813, il fait une demande pour pratiquer l’impression sous couverte. Il obtient ce brevet le 25 novembre 1814 à Choisy le Roi. On le retrouve comme facteur d’impression a Paris au n° 12 de la rue Rocher, puis au 39 rue Montmartre, sous la dénomination DORIVAL et MERY. Nous avons pu comparer les signatures de MERY à Paris et celle de MERY a Aumale, lors du décès du comte de MONET,ces signatures sont identiques. JULLET, lui est imprimeur en taille douce à Paris. C’est certainement lui qui a produit une partie des planches d’impression pour Aumale.
Les couleurs peintes
Le vert, le jaune, le bleu, le brun de manganèse, et surtout un rouge de fer combiné a la terre ocrée, qui a pour caractéristique d’être peu solide.
Principaux sujets rencontrés sur les faïences d’Aumale à décors imprimés
Les portraits royaux, les campagnes napoléoniennes, les anecdotes de l’histoire de NAPOLEON, la vie d’un soldat sous l’empire,les petits faits d’arme sous l’empire, la vie du Comte PONIATOWSKI, les batailles de l’Empire entre la rédition et les cents jours, l’histoire de Guillaume Tell,une série de chansons, la campagne d’Espagne sous Charles X, les quatre saisons, le thème allégorique, les monuments de Paris, des vues de pays étrangers et de Normandie,une série de chinois, une série de cavaliers dans des médaillons ovales, des rébus, les Fables de la Fontaine en petite vignettes,puis nous connaissons une Jeanne d’Arc.
Le décor dans l’aile
Modèles spécifiques à Aumale :
Une guirlande de fleurs de pommiers, une guirlande de clochettes, un motif en
alternance d’agrafes fleurdelisées, des motifs végétaux, un composé de pampres
de vigne l’autre de fleurs palmées, des dessins géométriques circulaires et des
palmes stylisées.
184. Cette influence havraise doit conduire à des décors de fleurs très dénudés
Matière de fabrication à Aumale
Il s’agit d’une faïence a l’anglaise, appelée aussi « terre de pipe » , composée essentiellement d’argile plastique grise et de silex calciné, broyé, recouverte d’un email transparent plombifère.
Technique d’impression à Aumale
Exécutée à partir d’une planche de bois gravée, on imprime sur un papier enduit de matière se révélant glissante à l’eau. Les pièces sont poissées et l’on dépose dessus les tirages préalablement imprimés, avec une encre dans laquelle on combine des oxydes métalliques. Les tirages découpés à la demande pour épouser les formes des pièces, on révèle la matière glissante avec une éponge mouillée, et l’impression se dépose sur la pièce, on retire le papier. On place ensuite la couverte par immersion et on fait cuire la pièce. L’encre grasse disparaît et les oxydes restent fixés sur la pièce.
Aujourd’hui, l’Association CALAC du Pays de Bray par son atelier de poterie « Terre de Bray » situé à Gaillefontaine s’inspire des décors et des méthodes traditionnelles de fabrication. Vous trouverez quelques exemples de nos produits dans la rubrique « catalogue » de ce site.
Les faïences de Martincamp
Martincamp est un hameau de la commune de Bully, dans le Pays de Bray, en Seine-Maritime. Du XVIe au XIXe siècle, ce fut le centre le plus important du département pour la production de poterie populaire. Des centaines de potiers, concentrés dans un hameau plus important que le centre de la commune, ont fabriqué jusqu’à plus de 500 000 pièces par an. Les poteries sont ensuite exportées dans un large rayon, vers Rouen, Paris, la Picardie et le nord de la France et, par Dieppe, vers l’Angleterre et l’Amérique. On distinguait les petits et les grands potiers. Les premiers produisaient une poterie commune, cuite à moins de 900° et le plus souvent vernissée au plomb. Leurs décors les plus recherchés sont les coqs, les chevaux, les cerfs, mais il existe une infinie variété de décors non figuratifs, ainsi que des objets monochromes. Les seconds ne décorent pas leurs pièces mais font du grès, cuit à près de 1 300° et de ce fait naturellement imperméable. En s’installant à Martincamp, les potiers s’éloignaient un peu des carrières de terre à pot. Celle-ci provient des affleurements des sables et argiles du Wealdien sur le territoire de la commune de Quièvrecourt. Ils sont au plus près de la forêt d’Éawy, dans laquelle une protection puissante leur a accordé un privilège du roi sur une vente annuelle de bois. Le prix élevé de celui-ci, la concurrence d’autres matériaux, la mode et l’évolution des goûts ont entraîné le déclin de la production à la fin du XIXe siècle. Le dernier potier, Jean Laurent, meurt en 1910.
On peut distinguer trois type de production à Martincamp: celle que l’on dit "flammée" , celle décorée "à l'engobe", et enfin une production couleur "chocolat".
Thérèse-Marie Dubois Hébert a soutenu en janvier 2010 une thèse de doctorat à l’université de Rouen, sous la direction d’Anne-Marie Flambard Héricher : « Les potiers de Martincamp (XVIIe-XIXe siècle). Elle étudie la vie et le travail des potiers en utilisant différentes sources d’archives : haute-justice, rôles de taille, état-civil, statistiques industrielles, archives ecclésiastiques, etc. Ces sources nous renseignent sur la terre utilisée, sur l’épineux problème du bois de chauffage, sur la commercialisation de la marchandise. Une étude typologique s’appuie sur des milliers de pièces conservées dans les collections publiques et privées.
« Terre de Bray » a repris une production de poteries « A la mode de Martincamp » en adaptant les formes des poteries traditionnelles avec des créations décoratives. Vous trouverez quelques exemples de pièces dans le catalogue du site.
Sources :
- Wikipédia, l'encyclopédie libre.
- brochure réalisée par la Mairie de Forges-les-Eaux
- site internet de l’association CALAC - Terre de Bray
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