Histoire militaire illustrée par Daniel Derveaux
Daniel Derveaux (1914-2010) a été dessinateur, graveur mais aussi écrivain, illustrateur, imprimeur et éditeur de ses propres oeuvres; de part ses origines nordiques il était d'abord installé à Tourcoing puis après la guerre à Saint-Malo; il eut dans sa carrière artistique une longue coupure avec un service militaire de trois ans -1936-1939- puis l'engagement dans le conflit mondial qui débuta par cette "drôle de guerre" -septembre 1939-mai 1940- ensuite les combats de mai juin 1940 et enfin la captivité jusqu'en juillet 1941.
Daniel Derveaux durant toute cette période a été secrétaire, cartographe, observateur et puis il dessinait, des portraits, des paysages et puis des fresques dans les galeries de la ligne Maginot ; il eut aussi à réaliser et à illustrer le livre d’or de la ligne Maginot et de son fort principal le Hackenberg. Ce livre d’or sera signé par tous les Généralissimes des armées alliées : Angleterre, Belgique, Pologne, Yougoslavie, Roumanie…durant leur visite, également par des personnalités politiques, le président Lebrun, W Churchill et sa Majesté le roi George VI d'Angleterre qui signe le livre d'or le 9 décembre 1939: George R.I (rex imperator, roi d'Angleterre et empereur des Indes); le livre était accompagné d'un historique de la ligne Maginot et aussi de nombreuses illustrations portant sur les militaires français à travers les âges ; ce sont ces illustrations de militaires que vous trouverez reproduits ci-après :
Le site internet : www.maginot.org nous donne sur le livre d'or les explications complémentaires suivantes que nous ne faisons que reproduire:
Pendant plus d'un demi-siècle, le Livre d'or du Hackenberg, signé par de nombreuses personnalités françaises et étrangères (le Président de la République Albert Lebrun, le Roi George VI d'Angleterre, W Churchill et bien d'autres V.I.P) a été considéré comme disparu à jamais dans les camps de prisonniers ou dans les archives de l'armée de terre. Pourtant, après de patientes recherches, guidées initialement par Daniel Derveaux, son créateur, cet ouvrage inestimable resurgit du néant.
On le doit à un Lorrain, Michel Truttmann, fils du célèbre auteur du best seller de la Ligne Maginot La Muraille de France (Editions G KLOPP) passionné lui aussi par la fortification moderne et par l'histoire des troupes de forteresse.
C'est en 1996, grâce au concours de Roger Bruge, historien de la Ligne Maginot, que l'auteur retrouve la trace de la fille du chef d'escadron Henri Ebrard, officier de grande valeur célèbre Pacha du Hackenberg . Comprenant l'intérêt de cet ouvrage, Madame Monique Grimault Ebrard accepte aussitôt de confier à l'auteur ce splendide original pour le faire reproduire.
Outre ses pages richement décorées par les dessins d'artistes de grand talent qui retracent en images l'histoire du Hackenberg et de l'armée française, ce livre exceptionnel est agrémenté de nombreuses photos pour la plupart inédites et d'un texte souvent original. Il retrace la vie de l'équipage et s'appuye essentiellement sur le journal de marche de l'ouvrage miraculeusement sauvé des prédateurs nazis par le Chef d'escadron Ebrard avec d'autres souvenirs et documents hors du commun.
Grâce au concours inestimable apporté à l'auteur par Madame Grimault, Daniel Derveaux, Robert Louard et Michel Truttmann apportent un éclairage neuf sur la fascination exercée par cette parcelle de terre lorraine, très puissament fortifiée, sur les dirigeants des démocraties occidentales.
L'étonnante genèse de ce livre richement décoré nous est racontée par son créateur et réalisateur Daniel Derveaux, artiste de talent, alors soldat sursitaire de la classe 1934-2, incorporé au 162 ème R.I.F.
Ce remarquable graveur et dessinateur, éditeur malouin internationalement connu fut l'un des premiers occupants du camp de Veckring et du Hackenberg. Il nous livre ainsi son témoignage.
Affecté à Veckring en septembre 1936 au 162ème R.I.F, j'avais effectué, dans mes instants de loisirs, les croquis des environs du Hackenberg . Le commandant de ce grand fort, le lieutenant-colonel Miserey m'avait remarqué, et demandé de le suivre comme secrétaire à son bureau de la rue aux ours à Metz et ceci au bout d'un couple de mois passé à Veckring . Il désirait, en effet que j'écrive un historique illustré du Hackenberg . D'où mes recherches, ensuite, aux archives de Metz et de l'Evéché. Et, bien entendu en surnuméraire à la caserne Barbot , j'ai pu établir rue aux Ours ce texte écrit en gothique sur velin d'Arches , que le colonel me chargea ensuite d'aller faire relier, pleine peau.
La reliure, elle-même fut éxécutée sur mes directives (fers, basane, beau papier) à Tourcoing par mon relieur, le maître-relieur Edmond Coudou, lequel reliait d'ailleurs à l'époque en même temps mes quatre livres sur le Nord parus entre 1933 et 1936.
C'est ce manuscrit illustré qui est devenu le livre d'or du Hackenberg et que les nombreux et importants visiteurs tant civils que militaires honoraient de leur signature lors de leur passage : le Roumain Michiyu , Neditsch le Yougoslave, Ritz Smigly le Polonais, Lloyd George etc.
Il est en plus curieux que cette recherche m'ait donné l'occasion de découvrir que le piton principal de défense des Romains, le Limes germanique, se trouvait être précisément le Hackenberg où était édifié le plus important fort de la Ligne Maginot.
Daniel Derveaux quitte alors définitivement Veckring et rejoint la portion centrale du régiment. Connu dans la région pour son talent, il est invité au petit ouvrage du Bois de Bousse (à Hestroff ) où le capitaine Pierre Wolff, commandant l'ouvrage, lui demande de croquer les officiers afin de les immortaliser sur une fresque murale dans la popote souterraine.
Puis, son oeuvre réalisée, Daniel Derveaux retourne au Bois de Villers et dessine régulièrement, notamment à Noël 1939.
Décrochant le 14 juin avec ses camarades des intervalles, l'artiste-soldat gagne la région de St Nicolas de Port. Observateur dans le clocher de Luppecourt, il y reçoit son baptême du feu. Ses faits d'armes lui valent d'être décoré de la croix de guerre.
Le bilan de Daniel Derveaux, devenu auteur-éditeur d'art, est impressionnant: 2500 dessins, 40.000 épreuves d'eaux-fortes, 6000 pierres, zinc, aluminium, 300 gravures sur cuivre, 1000 tirages en sérigraphie, près de 10 millions d'exemplaires tirés lui valent aujourd'hui de figurer dans le who's who.
Mais revenons en arrière. Après le départ de Daniel Derveaux, le livre d'or était resté inachevé. Un artiste amateur, Robert Louard, canonnier au camp de Veckring , fut alors mis à contribution.
On suppose que c'est le Chef d'escadron Ebrard qui demande alors au Mdl Louard d'achever la décoration du livre d'or. C'est ainsi que le livre s'enrichit de nombreuses aquarelles supplémentaires en prévision du passage dans l'ouvrage des grands de ce monde.
Mais après la drôle de guerre et les combats de mai et juin 1940, vient pour tout l'équipage l'heure de la captivité.
P S : Daniel Derveaux, pendant sa captivité en 1940-41, sera l'auteur d'un manuscrit illustré, écrit en caractères gothiques en une trentaine de langues et célébrant les chants populaires de chaque nationalité de ses compagnons de captivité; par la suite et basé à Saint-Malo, il éditera plusieurs livres et de nombreuses lithographies ayant trait surtout à la Bretagne. De son côté Robert Louard après sa captivité livrera en 1943 24 illustrations du livre de Albert P. Prieur "Les Barberousse corsaires et rois d'Alger" préface de André Masson éditeur Arc en Ciel.