Claude Monet (1840-1926) à Fécamp
Claude Monet peint 22 tableaux à Fécamp en 1868 et en 1880-81
De Fécamp, Claude Monet écrit en 1868 au peintre Bazille qu’il ne regrette en rien Paris où l’ « on est trop préoccupé de ce qu’on voit et on entend ; ce que je ferai ici aura au moins le mérite de ne ressembler à personne, parce que ce sera l’impression de ce que j’aurai ressenti moi tout seul. »
Le mot « impression » commence à prendre ici tout son sens, avant même la célèbre peinture réalisée au Havre en 1872 « impression soleil levant » qui donnera un nom à cette famille de peintres rejeté du Salon et réunis autour de leur maître Claude Monet, pour former ce que l’on nommera plus tard le mouvement impressionniste.
Une autre lettre à Bazille est datée à Fécamp du 6 août et du 3 septembre 1868 ; le peintre dit avoir « trouvé ici une petite maisonnette meublée très bon marché » où il installe femme et bébé pour aller peindre les falaises ou les bateaux échoués dans le port.
La maison louée se situe rue des corderies (9) et l’on pourrait encore imaginer aujourd’hui notre personnage avec sa grande barbe, vêtu d’une gâteuse avec des bottes et des gros bas déambuler à pied aux abords de la plage, sur le port, ou dans la côte de Renéville en direction de Grainval, chargé d’un chevalet, d’une toile et d’un sac pour sa palette et sa boîte à couleurs, afin donc de chercher le bon motif, les angles, les perspectives mais surtout les couleurs et les reflets selon l’heure et la lumière du jour (10).
Cette période avait été très difficile pour Monet tant au niveau moral qu’au niveau financier ; en hiver 1867-1868, il quitte la maison de sa tante à Sainte-Adresse pour rejoindre Camille, sa compagne, et leur nouveau-né Jean ; mais la situation matérielle est à nouveau précaire ; son renvoi d’une auberge où il avait pris pension en juin 1868 provoque chez lui un grand découragement et il tente de se suicider (11) ; heureusement, il reçoit une pension de M. Gaudibert qui lui permet ainsi de continuer à peindre et de passer un été paisible à Fécamp.
Plus tard il reviendra peindre à Fécamp sur deux printemps consécutifs en 1880-1881 ; il accompagne son frère Léon dans sa villa des Petites Dalles ; Léon Monet tenait une entreprise de produits chimiques à Maromme près de Rouen.
Claude Monet aurait pu aussi peindre a-t-on dit dans la propriété de M. Lecanu horticulteur au val aux clercs.
Voici la liste des tableaux répertoriés par le spécialiste Daniel Wildenstein pour avoir été réalisés par Monet à Fécamp ou dans les environs immédiats :
- en août-septembre 1868 : trois tableaux de bateaux échoués dans le port, en collection particulière (12)
- en mars-avril 1881 : à nouveau deux tableaux échoués, l’un en collection particulière l’autre à Tokyo
- quatre tableaux pris du même endroit au dessus du casino avec vue direction Grainval et Yport, l’un de ces tableaux est au musée de Bâle.
- Deux tableaux pris de même direction mais du pied de la falaise, l’un est au musée du Havre
- Deux vues de Fécamp, le cap Fagnet, à partir de Grainval, du haut de la falaise
- Deux autres vues assez proches
- Deux vues prises dans la même direction mais du pied de la falaise
- Enfin plusieurs vues des falaises au nord de Fécamp et dans le secteur des Dalles
Référence : Monet, catalogue raisonné par Daniel Wildenstein, Taschen, Wildenstein institute
PS Il a été écrit que Claude Monet avait peint quarante tableaux à Fécamp; nous en avons dénombré 22 ; alors deux solutions, soit l'inventaire de D. Wildenstein est incomplet - ce qui parait possible notamment pour la période 1868 - soit l'on comprend dans les 40 une surface géographique plus grande - Etretat ? -
Etretat – 1884 – Musée de Copenhague ??
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