Justin de Nesmond (1833

 

 

Justin de Nesmond (1831-1892),

à la fois homme d’affaire et amateur d’art

financier et mécène

 

 


Les origines

Originaire d’une famille de grands serviteurs de l’Etat, commandants d’armes, hauts dignitaires religieux, magistrats [1] , échevins ou notaires royaux, sans aucun doute mais avec toutefois une interrogation sur sa naissance [2] ,

 

Pierre Clément Justin [3] de Nesmond est né le 25 décembre 1831 à Bourg en Bresse, rue d’Espagne où habitaient alors ses parents, baptisé le 1er janvier 1832, il était fils de Paul Xavier Claude Arnould de Nesmond, commissaire priseur à Bourg  puis homme d’affaires en Suisse, et de Rose Durieux d’Esparos [4] .

On le disait banquier ou encore associé d’agent de change, en vérité directeur d’une publication économique et financière et puis aussi propriétaire-rentier vivant de ses investissements immobiliers et aussi de spéculations boursières ; il fut gérant de la « Correspondance Bleue » et puis rédacteur de nombreux bulletins financiers des journaux ; à Fécamp, il était en villégiature mais également lotisseur et puis bienfaiteur de la Caisse de Secours des marins .

 


A Paris

Après une période d’employé puis de directeur dans le monde de la banque et de la finance -1850-1880- , J. de Nesmond allait donner à sa carrière une nouvelle orientation avec d’une part le rachat et l’exploitation d’une revue économique et financière, et d’autre part un gros achat de terrains à Fécamp qui pouvait faire l’objet d’un grand lotissement.

Ses domiciles à Paris ont été : en 1876-84, à la naissance de son fils, au 3 rue Caumartin puis jusqu’à son décès en 1892 au 102 boulevard Pereire.

A cette époque, Paris était en plein bouleversement avec les nombreux travaux urbains, percements de rues et reconstructions dirigés par le baron Hausmann ; Nesmond participe à la spéculation immobilière ; les immeubles qu’il possède sont dits « considérables » ; il achète en 1882 le terrain des Montagnes Russes, des attractions provenant d’Angleterre, situé 28 rue des Capucines et donnant sur la rue Caumartin numéro 6, là où sera édifiée une salle de variétés dite « music-hall » et dénommée « l’Olympia »  [5] ; en 1888, il dépose une demande de démolition d’un immeuble de rapport dans le 9ème arrondissement au 28 boulevard de la Madeleine et donnant au 56 de la rue Basse du Rempart [6] ; il aurait possédé l’hôtel Marin-Delayaye, l’un des 28 hôtels construits dans ce quartier par l’architecte Aubert ; également  un immeuble au 12 rue Grande Batelière qui sera le siège de M. Kugelmann, l’imprimeur de la « Correspondance Bleue » et aussi le domicile de M. Julien Bernheim, le secrétaire particulier de M. le Comte.

Mais quels étaient donc les moyens financiers dont il disposait ; nous avons le sentiment que la famille de Nesmond était à l’origine peu fortunée ; son père avait été pendant quelques années commissaire priseur à Bourg en Bresse puis était allé habiter et faire des affaires en Suisse, à Berne et ensuite à Bâle ; il avait été associé avec M. de Freundenreich de Bremgarten, une de ses connaissances à l’époque où il résidait à Berne, dans une société en participation de 1/18ème provenant de Mme Clarck dans un héritage Stéphen Girard à Philadelphie [7] ; sa mère ne possédait pour seul bien qu’un terrain à Fécamp ; en réalité, Justin de N. avait dû, dans la gestion de sa fortune, avoir des hauts et des bas ; l’ensemble des terrains fonciers acquis à Fécamp allant presque sans discontinuer du quai de la Vicomté au vallon de Renéville puis à celui de Grainval et faisant plusieurs dizaines d’hectares représentait un investissement de plus de 300 000 francs, somme à laquelle s’ajouta la construction du château de Renéville ; des dettes venues à échéance l’ont obligé à accorder des hypothèques et puis parfois à revendre rapidement, sans doute des actions boursières mais aussi des biens immobiliers ainsi que des terrains, notamment à son ami Imbert comme nous le verrons plus loin.

 

La « Correspondance Bleue »

De politique à l’origine, celle-ci allait devenir avec Nesmond économique et financière : un journal d’études financières, industrielles et immobilières publiant une série d’articles sur les grands établissements de crédits et sur les valeurs industrielles ; elle paraissait 4 à 8 fois par mois avec un numéro à 50 centimes et un abonnement annuel à 24 francs.

Elle s’était constituée en société anonyme au capital de 2 millions de francs créée en 1876 le siège ayant été de multiples fois modifié [8] et puis laissée en activité jusqu’à sa dissolution réalisée en 1892 [9] , concomitamment au décès de J. de Nesmond qui en aura été le propriétaire et le dirigeant pendant plus de 10 ans [10] .

Au sommaire,  toutes les questions de « placements et de spéculations » …

Les journaux économiques de l’époque, comme « Le Capitaliste » ainsi que les journaux régionaux se réfèrent et rediffusent les données et informations de la « Correspondance Bleue » [11] dont « l’opinion fait autorité en matière financière » [12] et qui était « l’une des meilleures circulaires de la place de Paris, renommée pour sa franchise et son indépendance, qui jouit d’une confiance absolue de la part de ses nombreux lecteurs ; les excellents conseils qu’elle a toujours donnés ont consacré son succès. » [13]

 

A Fécamp

Nesmond connaissait Fécamp par sa mère où elle possédait pour seul actif un terrain de 500 m2 acquis pour 5 000 francs de Ludovic Honoré de Jeanson demeurant à Paris 28 rue de Berlin, et situé à l’angle des rues du Casino, de la Plage et Herbeuse [14] ; il vint donc ici certainement plusieurs étés dans sa jeunesse, en villégiature et résidait alors au 5 rue des Bains.

Quand un jour, la fabrique de la paroisse Saint-Etienne met en vente tous les terrains qu’elle possède sur la côte de Renéville d’une surface totale de 9 ha 18 a et 89 ca, en fait 10 hectares d’après l’arpentage [15] ; Justin de Nesmond, s’en porte acquéreur au prix de 100 000 francs suivant acte reçu par Me Ancel et Me Bricard tous deux notaires à Fécamp, le 28 novembre 1881 [16] ; il connaît l’endroit, à deux pas du casino et de la plage, il sait qu’il pourra y faire construire, en vue de la revente mais aussi afin d’y édifier sa propre résidence.

 

Autres achats

J. de Nesmond, voulant donner une certaine importance à « son » projet de lotissement, envisage de l’étendre et donc d’acquérir tous les terrains situés jusqu’à la cour de la ferme de Renéville et même au delà; ce secteur situé sur le territoire de Saint-Léonard est plat et possède également une vue agréable ; il procède donc à de nombreux autres achats successifs au hameau du Roctel et au vallon de Grainval [17] :

1°) des terrains Geulin à Grainval pour 1 ha 28 a et 67 ca suivant adjudication reçue par Me Ancel le 20 septembre 1873 au prix de 4 040 francs.

2°) une acquisition Lecacheur à Grainval par acte de Me Ancel des 16 et 17 juin 1877 de 6 a 21 ca au prix de 1 600 francs.

3°)  une métairie dite ferme Lemoine, de 4 hectares 19 ares 75 centiares de Pierre Florentin Lemoine, cultivateur demeurant à Manneville la Goupil et de Eléonore Désirée Lemoine, sa sœur, propriétaire demeurant à Sausseuzemare, suivant acte reçu par Me Ancel, notaire à Fécamp, du 22 mai 1879 et au prix de 22 000 francs.

4°) une acquisition Delamare à Grainval pour 3 a 18 ca par acte de Me Ancel du 8 mai 1880 au prix de 195 francs

5°) une ferme dite ferme Pollet de 7ha 45a 82ca de Henry Emile Flouest, cultivateur demeurant à Saint-Léonard, suivant acte reçu par Me Ancel du 27 septembre 1880 au prix de 40 000 francs ; antérieurement, il y avait eu une acquisition de Armand Pollet, propriétaire et cultivateur demeurant à Saint-Léonard suivant acte reçu par Me Ancel du 15 octobre 1879.

6°) une acquisition Colcombet de 8 parcelles situées à Fécamp même près du rivage et de l’établissement des bains dont un terrain à l’angle du quai de la vicomté et du boulevard des bains et un autre dit des corderies pour un total de 7221 m2 par acte de Me Ancel du 1er août 1881 au prix de 80 000 francs

7°) Par acte de Me Hommais, notaire à Criquetot-l’Esneval, du 11 novembre 1881, il fait l’acquisition de la ferme de Elise Justine Dumuis, épouse de Pierre Hilaire Aubry, propriétaire, ancien membre du Conseil Général de la Seine-Inférieure, domiciliés à Anglesqueville-L’Esneval ; cette ferme était autrefois la ferme Dargent que l’on écrivait parfois « d’Argent » et donc le nom est toujours resté attaché à ces lieux ; le prix est de 90 000 francs plus la reprise de deux rentes viagères : l’une de 4 500 francs par an au profit de Rose Victoire Jouet, veuve de Jean Désiré Thibault, cultivatrice à Saint-Léonard et l’autre de 500 francs au profit de Charlotte Victorine Recher, épouse de Joseph Auguste Décultot, cultivateur demeurant à Epreville.

8°) une ferme dite ferme Léger de 8ha 41a 65ca (9ha 05a 60ca d’après l’arpentage) acquise de Jules Edmond Léger et Marie Adèle Collos, sa première épouse fille de Jean Baptiste Collos armateur à Fécamp, propriétaires demeurant à Rouen 57 rue du Renard, suivant acte reçu par Me Ancel du 22 novembre 1882 au prix de 50 000 francs ; antérieurement acquisition Esnault de 1875.

9°) Par acte de Me Paston du 6 novembre 1884, il acquiert également au prix de 12 000 francs un terrain de Mme July qu’il avait rétrocédé à cette dernière par le biais d’une déclaration de command dans l’acquisition faite à la Fabrique de Saint-Etienne.

Le lotissement

J. de Nesmond réalise donc à Renéville sur plusieurs hectares un lotissement de « terrains à construire », à raison de plus de 120 lots ; un plan est dressé le 28 février 1883 par Charles Marette, architecte à Paris, 11 rue de Mogador ; l’on aménage les accès et puis l’on procède à des reventes successives au prix de 3 francs le M2, savoir :

- à M. Dautresme, directeur du journal Le Petit Rouennais

- au Dr Gouly, docteur en médecine à Paris

- à M. Burckhardt, agent d’affaire à Paris

- à M. Bénard, courtier à Paris

- à M. Richard Koenig, rentier à Paris

- à M. Rousseau, décorateur à Paris

- à M. Benoit Imbert, négociant en produits chimiques à Paris

- à M. Lefebvre, propriétaire à Paris Auteuil

- à M. Berset de Vaufleury, chatelain à Louverné en Mayenne …

En plus de ces terrains vendus, il pouvait y avoir aussi l’engagement de construire un chalet avec fourniture de tous les matériaux, au prix par exemple de 12 400 francs pour M. Bénard ou 16 270 francs pour M. Burckhardt, selon le modèle choisi [18] . Les chalets construits étaient numérotés ; à son décès, M. de Nesmond était propriétaire des chalets numéros 2 et 8 [19] .

 

Les servitudes Nesmond

Les voiries durent être complétées et aménagées : Rue de Renéville, Rue Onésime Frébourg [20] , Rue Béranger,  Rue d’Yport, Sente des douaniers, Chemin des chalets, Chemin de la ferme Dargent, Chemin de Nesmond, Chemin de la corniche ; les largeurs sont tantôt de 3 m et tantôt de 5 m [21] .

            Une disposition est imposée par le lotisseur à tous : «  Les acquéreurs ne pourront établir sur les immeubles vendus, sous peine d’en voir ordonner la démolition immédiate, sans indemnité, aucun établissement industriel notamment aucun établissement pour saurir le poisson, ateliers et magasins insalubres, nauséabonds ou faisant du bruit… Ils ne pourront établir d’usine, manufacture, fabrique, abattoir ou tuerie, les communs ne devront pas être construits en bordure sur les chemins » Par contre en faveur de tous un droit de passage à tous usages sur les différents chemins sous réserve d’en assurer l’entretien, ne rien y déverser, ne rien y entreposer. Les clôtures en façade ne seront faites que de haies, charmilles, treillages, pals, grilles ou par des murs à hauteur d’appui avec grilles au dessus.

            Des limitations ou interdictions de construire ou encore d’exhausser le sol étaient spécialement étudiées, notamment en faveur du futur château ; des droits de passages particuliers existaient sur certains escaliers pour se réserver un accès à la mer.

 

Le chalet de la rue d’Etretat, ancienne résidence de Nesmond

Avant de faire construire en 1885 le château de Renéville, ci-après, M et Mme de Nesmond résidaient à Fécamp dans un grand chalet construit par eux donnant au 147 rue d’Etretat aujourd’hui 186 rue du Président René Coty ; par la suite, le pavillon est loué à Charles Le Goussat de Saint-Edme publiciste à Paris lequel cède son bail à Alfred de Saint-Edme, son père, ancien employé des Postes et artiste-peintre ; au décès de ce dernier survenu le 13 mai 1903, l’immeuble est vendu par acte de Me Ronceray du 18 juillet 1903 à Achille Lévêque directeur d’école demeurant à Fécamp rue Gustave Lambert ; il avait été proposé à la vente mais sans succès par adjudication du 7 juillet 1903 (par la suite à Tocque ou Grammare) …

Concernant Alfred de Saint-Edme, notons ici qu’un inventaire a été dressé après son décès à son domicile par Me Ronceray le 3 juin 1903 constatant la présence d’environ 250 aquarelles, dessins et peintures se trouvant dans les diverses pièces de la maison, prisés pour le tout à 50 francs ; dans son testament fait à Fécamp le 20 octobre 1901, le peintre priait son excellent élève et ami Marcel Talbot, attaché à la recette des Postes de Fécamp de conserver et maintenir ses collections, les croquis et études de voyages dans les cinq parties du monde et de faire des efforts pour les conserver intactes et de ne s’en dessaisir que pour le musée d’une ville, ainsi que les notes qui les accompagnent et en complètent l’intérêt.     

Le château de Renéville

Au milieu de ce grand lotissement de la côte de Renéville, le comte de Nesmond conserve dans le vallon une surface de 3 hectares et 16 ares où il créé un jardin arboré et y fait construire en 1884-1885 sa propre résidence, un château de style néo-renaissance.

La description de la demeure était la suivante :

- un château construit en briques et cailloux et pierres de taille, couvert en ardoises, élevé sur cave d’un rez-de-chaussée et de deux étages comblés au dessus.

Les caves au sous-sol sont divisées en cuisine, arrière-cuisine, caloriège à vapeur, grande cave au vin et deux caves au bois.

Le rez-de-chaussée comprend : grand vestibule, grand salon, petit salon, salle de billard, salle à manger, serre ou salon d’été, office, water-closet,

Le premier étage est divisé en cinq chambres à feu, deux chambres froides, un cabinet noir, salle de bains, cabinet de toilette, water-closet et corridor,

Le deuxième étage comprend trois chambres à feu, un cabinet de toilette, un petit appartement porte manteau, un cabinet de débarras, lingerie et trois chambres de domestiques.

Terrasse devant le château,

- Un grand bâtiment construit en briques et cailloux avec partie en bois, couvert en ardoises, comprenant :

Au rez de chaussée écurie, sellerie et remise

Au 1er étage grenier à fourrages, deux chambres de domestiques et cuisine, derrière buanderie et petit bâtiment [22]

- Une petite construction divisée en trois poulaillers

- Un petit chalet en bois assis sur maçonnerie et couvert en ardoises divisé en cinq pièces et petit cabinet,

Autour, terrain vallonné à usage de cour, jardin et parc

Le parc est composé de nombreuses allées, dessinées pour rendre accessible tous les bâtiments et avoir facilement accès à la mer ; de nombreuses espèces d’arbres et arbustes sont plantés, ainsi que des roses, des boules de neige etc …

La gouvernante des lieux est mademoiselle Claire Marie Alwood ; Lamauve est domestique.

 

Et l’architecte était Charles Marette. Nous avions pensé un moment et comme cela s’est parfois dit à Camille Albert (1852-1942) qui est incontournable à Fécamp : les recoupements possibles étaient nombreux : tout d’abord le style de la construction, très éclectique proche du style Bénédictine, de même le choix des matériaux – briques, silex et pierres - , les deux hommes sont protestants, travaillant pour l’immobilier, domiciliés à Paris [23] et arrivant à Fécamp dans les années 1870 et 80, leurs deux noms se retrouvent au sujet de l’église Saint-Etienne mais aussi de la Bénédictine ; en effet lors d’une augmentation de capital de la société de 1883-84, J. de Nesmond est chargé de placer les 600 actions nouvelles proposées en appel public à l’épargne [24] [25] .

Charles Marette a organisé les plans du lotissement de Renéville ; il sera aussi l’auteur de plusieurs chalets commandés par M. de Nesmond dont de la villa Normande et aussi du château de Renéville.

Les travaux de gros œuvre reviennent à Frédéric Touzet, rue Jean Louis Leclerc, la couverture à M. Duval, la fourniture de bois à MM. Constantin et Potel, les travaux de décoration et de peinture à Paul Leroux non payés à la succession de J de Nesmond pour un montant de 1 449 francs,  …

La création du parc revient à M. Lecanu pépiniériste à Fécamp, à qui il est dû au décès 3 782 francs.

La revente Imbert

Puis d’une façon inexpliquée pour nous [26] , suivant acte reçu par Me Paston, notaire à Fécamp en date du 1er octobre 1885, J. de Nesmond revend la quasi-totalité des terrains de Saint-Léonard soit 67ha 62a 22ca à son ami Benoît Imbert au prix de 160 000 francs plus la prise en charge de deux rentes viagères que M. de Nesmond avait eu à régler lors de ses achats.

 

En 1891, Aristide Maillol est l’hôte de la résidence de Renéville

 Aristide Maillol naquit à Banyuls sur mer en 1861. Après le lycée, il obtient une bourse pour suivre l’école des Beaux-arts de Paris. Sa carrière professionnelle de sculpteur ne débutait qu’en 1897 ; préalablement il peignait et donnait des cours de dessin.

Entre août et octobre 1891, on le retrouve à Fécamp, en séjour dans la nouvelle propriété construite en 1885 par Nesmond ; une grande exposition de peinture organisée au casino de Fécamp par son directeur M. d’Albert aurait été l’un des motifs de la venue de Maillol [27] ; celui-ci donne des leçons de dessin tantôt au fils de la maison, Georges de Nesmond, tantôt à un groupe de cinq américaines ; c’est là que le comte de Nesmond lui aurait commandé une fresque décorative pour le château de Reneville où il séjournait ; il lui aurait acheté sa première tapisserie [28] ; en outre Maillol aurait entrepris une grande toile panoramique intitulée « Loin de la ville » ; les américaines lui servirent de modèles pour les personnages grandeur nature, avec leurs robes à volants, leurs fanfreluches et leurs ombrelles.

« Pendant un séjour à Fécamp, où je donnais des leçons de dessin à un groupe d’américaines, j’ai entrepris d’après elles une toile, Loin de la Ville, de cinq mètres de large. Ces jeunes femmes étaient belles, éclatantes de vie et de santé ; elles portaient de larges chapeaux, suivant la mode de cette année-là ; je fis un effort considérable. Falguière apprécia la grande tranquillité du Tableau. Henri Martin lui préféra les études qui en avaient préparé l’exécution. Mais je n’étais pas assez fort pour mener à bien une œuvre aussi importante… ». Et ce tableau qu’est-il devenu ? « Je n’en sais rien, je l’ai donné. » [29]

 

La société populaire des Beaux-Arts

La Société populaire des beaux-arts, créée en 1894, organise des conférences, des projections, des séances d’éducation populaire, des tombolas ; elle se veut un instrument de cohésion sociale en réunissant des artistes et un public divers : un bulletin parait de 1895 à 1914.

Le siège est au 16 ou 13 ? rue Grange Batelière puis 17 boulevard Saint Martin

Et pourquoi parler ici de cette association créée en fait après le décès de J de Nesmond ; parce que nous pensons que celui-ci en a été l’un des fondateurs, au moins de la section de Fécamp qui nous concerne [30] .

A Fécamp, Paul Lhonoré, conseiller municipal en est le Président ; Charles Le Borgne, négociant et membre de la Chambre de Commerce est correspondant-trésorier puis vice-président ; M. de Chanteloup, secrétaire honoraire du conseil des prud’hommes est trésorier adjoint puis correspondant-trésorier ; Abel Lange est trésorier adjoint ; les membres sont M. Caron conseiller municipal, Amédée Lefebvre membre de la Chambre de Commerce, Raymond Lefebvre expert comptable, Marcel Rosay propriétaire, Alfred Desprez ; le département des gravures est tenu par M. Delassise et par Marcel Limaire.

 

L’aide aux marins – La société de secours

            J. de Nesmond affectionnait les marins et leur venait en aide pour soulager leurs infortunes [31] ; les sinistres répétés affligés au quartier maritime de Fécamp avaient suscité sa sollicitude et puis il y eut le naufrage du trois mâts russe Finland sur la plage de Fécamp le 29 janvier 1892 ; à sa demande, le journal de Fécamp de février 1892 avait fait paraître un pressent appel à la charité publique, en faveur des victimes de la mer et de la Caisse de Secours des Marins de Fécamp ; il diffusa le journal de telle façon que les souscriptions arrivèrent de partout.

            Lors de son inhumation, le journal de Fécamp indique la présence de nombreuses épouses, enfants et parents de pêcheurs, sans doute en reconnaissance de ses bienfaits.

 


Château de Renéville avant démolition

Villa normande côte de Renéville

Château de Nesmond

Justin de Nesmond

Victorine Cantaz

Victorine Cantaz, comtesse de Nesmond

La succession de Justin de Nesmond

Justin de Nesmond décède d’une méningite à Nice où il se trouve momentanément le 7 mai 1892, à l’âge de 60 ans et non 59 comme indiqué dans la presse, sa naissance ayant toujours été plus ou moins dissimulée [32] ; il laissera pour recueillir sa succession [33] :

-         son épouse Victorine Cantaz, mariée à Saint Maurice, canton de Valais en Suisse le 24 juillet 1863, bénéficiaire de l’usufruit en vertu d’une donation entre époux (acte de Me Ronceray du 20 août 1891) et d’un testament olographe en date à Fécamp du 25 août 1891 (déposé au rang des minutes de Me Ronceray du 16 mai 1892),

-         et ses quatre enfants : trois filles et un garçon Jean Paul Georges vicomte de Nesmond né à Paris 9ème arrondissement le 12 janvier 1876.

Le jeune Paul de Nesmond est mineur : sa mère en sera la tutrice légale et le subrogé-tuteur sera Benoît Imbert demeurant à Paris avenue Victor Hugo acquéreur de la villa Bellevue et ami de la famille ; le testament de son père l’avantage en lui attribuant les biens de Fécamp.

Un inventaire des biens avec levée de scellés a lieu suivant acte de Me Ronceray notaire à Fécamp le 20 juin 1892 ; Madame de Nesmond non présente est représentée par M. Julien Bernheim, le secrétaire particulier de feu M. le Comte; en tout 179 articles pour une prisée totale de 20 989 francs sauf les biens appartenant à Claire Alwood.

Quatre créanciers tous de Paris font immédiatement oppositions à la succession : Mme veuve Thomasset, Melle Fanny Vincent, M. Charles Marette l’architecte et M. Kugelmann l’imprimeur de la Correspondance Bleue.

Aux termes d’un jugement du Tribunal Civil de la Seine du 7 juillet 1892 et contrairement aux vœux émis par J. de Nesmond dans son testament, la licitation de tous les biens de la communauté et de la succession est ordonnée ; celle-ci a lieu lors d’un jugement d’adjudication du 13 août 1892 et Mme de Nesmond se porte adjudicataire de tous les biens moyennant le prix de 77 000 francs.

Mme de Nesmond poursuit les reventes : à Lebrun, Recher, Lanctuit, Cressent de Levallois Perret, Jaworski négociant à Paris, Camot dit antiquaire ou artiste peintre à Paris etc ... En tout une trentaine de ventes depuis la première vente Dautresme du 12 septembre 1882.

La succession de Mme de Nesmond

Celle-ci décède en son domicile à Fécamp, château de Renéville le 16 février 1909 avantageant son fils de la quotité disponible, aux termes de son testament reçu par Me Ronceray le 7 octobre 1897 ; un inventaire des biens est dressé par Me Ronceray le 24 février 1909.

Les biens de la succession sont vendus par adjudication de Me Ronceray du 15 juin 1909 et Paul de Nesmond rachète le château de Renéville à titre de licitation à charge pour lui de régler ses soeurs.

Paul de Nesmond qui avait épousé Emma Brejean suivant contrat reçu par Me Ronceray le 16 janvier 1903, habitait alors à Tourville les Iffs, dans sa villa Santa Lucia, acquise par acte de Me Ronceray du 6 avril 1909 de Jules Maupas négociant à Fécamp ; peu après, il hypothèque tous ses biens y compris l’indivision de Paris rue des Capucines pour 60 000 francs suivant acte de Me Ronceray du 21 juillet 1909 ; il ne peut à la fois indemniser ses sœurs et conserver Renéville et donc la propriété est vendue à M. Sénéchal de la Grange, suivant acte de Me Ronceray du 24 janvier 1910 ; ensuite revendue au prix de 110 0000 frs à André Taurin, armateur suivant acte reçu par Me Le Monnier, notaire à Fécamp, le 12 octobre 1918 ; et à nouveau revendue suivant acte reçu par Me Letellier, notaire à Fécamp, le 13 mai 1939, à la société des entreprises des tournées théâtrales en vue d’y créer une maison de repos pour les artistes âgés, en liaison avec le casino de Fécamp qui avait à cette époque des activités théâtrales nombreuses et de qualité. La société était en fait possédée par Mitty Goldin, propriétaire de l’A.B.C. et du théâtre des Capucines.

Saccagé pendant la guerre et l’occupation allemande, laissé à l’abandon de 1944 à 1962 ; l’immeuble est revendu à la ville de Fécamp suivant acte reçu par Me H. Duboys Fresney notaire à Fécamp, le 27 décembre 1961, puis jugé aussitôt irréparable, il est démoli pour laisser place aux sanitaires d’un camping municipal [34] .

 

L’inventaire, les partages et la vente mobilière après le décès de Mme de Nesmond

L’inventaire du mobilier eut lieu par acte de Me Ronceray le 24 février 1909 avec deux vacations, puis le 25 février avec 3 vacations, poursuivi le 2 mars avec 3 vacations et enfin le 4 mars avec 3 dernières vacations ; M. Henry Vivès est mandataire de l’une des filles, Marie Lesquillet.

Un partage de l’argenterie se fait en quatre lots tirés au sort le 22 juin 1909 à 10 h ; un partage du linge en quatre lots tirés au sort le 23 juin à 10 h ; un partage de la garde robe en quatre lots tirés au sort le 24 juin à 10 h ; un partage des tableaux de famille le 6 juillet à 2 h du soir ; les autres tableaux seront vendus ; cinq lots sont formés dont un pour le legs préciputaire de Paul comprenant la prise de Carthagène et la gravure explicative, un portrait de M de Nesmond par Vuilliez et un portrait de Mme de Nesmond d’Esparos; nous n’avons malheureusement pas le détail des quatre autres lots ; les tableaux et les peintres étaient : « femme au rouet » de Edouard Toudouze, Ch Vollermet, plusieurs tableaux d’Anguila, deux « marines » de Charles Caldéron (1870-1906), Vulman, Merienne, Noel , Delpi, Marin Leroy, Gorez, un tableau sur porcelaine de Guenez, un portrait daté de 1594, un « sous-bois avec vache à l’abreuvoir », un « fléchées », un « femme tenant un éventail », un « femme au piano »…

Dans le Journal de Fécamp du 13 juin 1909, le journaliste Désiré Lacoudre – alias Guy de Lourcade - raconte une visite à l’intérieur du château de Nesmond, avant la dispersion par le commissaire priseur du mobilier et de tous les biens non partagés, des bronzes, des sculptures, des marbres, des vases, des gravures, etc …

André Paul Leroux (1870-1950) dont le père avait fait des travaux de décoration et de peinture à l’intérieur du château de Renéville, sera présent à la vente ; en tant que collectionneur d’objets d’art, il acheta un certain nombre d’objets et de peintures lesquels se retrouveront à la fin de sa vie dans le legs fait par lui à la Ville de Fécamp.

Peu de temps après, Paul de Nesmond, apparemment affecté par le décès de sa mère,  démissionne de l’Armée [35] et se retire dans sa villa Santa Lucia à Tourville les Ifs ; il y décèdera sans postérité le 22 octobre 1928, sur déclaration en mairie de Claire Alwood la fidèle employée et amie de la famille âgée de 82 ans ; Me Nicolaï, notaire à Fécamp, le successeur de Me Ronceray, signe une concession pour 30 ans dans le cimetière de Fécamp, case des protestants, en remplacement d’une concession 2641 ; il était semble-t-il le dernier du nom de Nesmond.

 

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Pour conclure, voici donc rappelés les éléments connus de la vie, de l’œuvre et de la personnalité de Justin de Nesmond, et avec lui de cette branche de la famille de Nesmond qui s’installa dans notre région, depuis la rue du casino jusqu’à Grainval et aussi à Tourville les Ifs en passant bien sûr par le vallon et la côte de Renéville .

Par testament du 21 mai 1930, Emma Brejean, la veuve de Paul de Nesmond léguait le grand portrait de son mari enfant, peint par Toudouze (1848-1907), au musée de Fécamp, ainsi que plusieurs séries de livres à la bibliothèque, ceci « en souvenir de la famille de Nesmond » ; cette famille méritait effectivement le souvenir et le salut de la part des fécampois.

La guerre 1939-1945 [36] ne nous permet pas aujourd’hui d’apprécier à leur juste valeur les réalisations immobilières de tout ce quartier de Fécamp, mais les archives sont là pour témoigner de cette fin de XIXe siècle à la fois lotisseur et balnéaire, laborieux mais aussi frivole, où le monde de la finance et celui des arts se côtoient et s’entraident, à la recherche autant de prospérité que de générosité, autant de perfection que d’esthétique, pour à vrai dire souvent les atteindre.

 

                                                                                  Yves Duboys Fresney

 

Ce texte est à paraître dans le numéro 19 année 2012 des annales du patrimoine de Fécamp publié par l’Association Fécamp Terre-Neuve.

 

 

Sources et remerciements : Mme Jeanne Viot-Coster, arrière-petite-fille de Justin de Nesmond - Nathalie Houzé, chargée de recherches documentaires à la Fondation Dina Vierny et au Musée Maillol à Paris – Les services de la bibliothèque de Fécamp – Les services des musées de Fécamp – Les archives municipales de Fécamp - Les archives de Me Ronceray, notaire à Fécamp – Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF .

 



[1]  Lors du mariage de sa fille Cécile, on parlait de descendants des anciens présidents à mortier du Parlement de Paris – voir le journal « Le Gaulois » du 23 novembre 1882 - .

 

[2]  Justin de Nesmond dans tous les actes notariés passés à Fécamp a toujours occulté l’indication de ses date et lieu de naissance, mention pourtant obligatoire ; peut-être doute parce que l’usage de la particule n’était pas certain, ou bien celle-ci avait-elle été abandonnée au moment et à partir de la Révolution ; son père était appelé Denesmond à sa naissance en 1805 et ensuite Nesmond à son mariage puis à la naissance de Justin en 1831 ; d’autre part, l’usage du titre nobiliaire de comte n’était pas garanti non plus : aucune mention au niveau de son père, une seule mention dans l’acte de décès de Justin en 1892 ; malgré cela, certains tableaux familiaux relevaient les armoiries de la grande famille des seigneurs de Nesmond ornées de trois cors de chasse.

 

[3]   Le troisième prénom de l’état-civil sera le prénom d’usage ; pour son fils, ce sera Paul.

 

[4]   Justin de Nesmond eut une sœur Camille de Nesmond, dite Mme Ackerl demeurant à Gratz en Autriche-Styzie, apparemment sans postérité.

 

[5]   Les Montagnes Russes étant tout en bois avaient été fermées par le Préfet pour risque d’incendie ; L’Olympia, créée en 1893 par Joseph Oller (1839-1922) ; nous avons retrouvé une location Nesmond à Oller du 30 novembre 1892, puis une location à Isola du 26 novembre 1908 et enfin une location à Brettner dit Marinelli et Victor de Cottens ; aujourd’hui l’immeuble est propriété de la Société Générale de Paris.

 

[6]   Une mention dans le dossier : travaux commencés - pas d’architecte.

 

[7]   Acte de Me Daguin notaire à Paris du 12 mai 1849 ; un troisième personnage intervient dans cette opération : le comte Henri de Pourtalès-Gorgier, mandataire de Freudenreich momentannément à Philadelphie et surtout membre d’un conseil de surveillance de la société ; les familles Pourtalès et Nesmond étaient liées.

 

[8]  Adresses successives constatées : Paris 10 rue Chauchat, 30 rue Bérangère, 52 rue Taitbout, 50 boulevard Hausmann en 1881, 56 rue Basse des remparts en 1885, 12 rue Grange Batelière en 1890, même adresse que l’imprimeur Kugelmann et le secrétaire Berheim et puis 20 rue Saint-Lazare en 1892-96.

 

[9]  Une assemblée générale extraordinaire du 18 janvier 1892 vote la dissolution et nomme M. Mairet liquidateur.

 

[10]   Il passera la main à L. Brouillet – 1890 - puis à J. Berheim l’ancien secrétaire particulier de J. de Nesmond domicilié à Paris 12 rue Grange Batelière – 1892 –

 

[11]   Voir le journal « Le Gaulois » numéro 446 du 2 décembre 1880.

 

[12]   Voir le journal « Dépêches du Matin » du 2 janvier 1884 sur le cours apprécié à la baisse des actions de la Banque de France.

 

[13]   Malgré cette reconnaissance de qualité, J. de Nesmond et son journal financier avaient été impliqués mais sans suite dans la liquidation en 1884 de la Banque de Lyon et de la Loire et dans la condamnation de certains de ses dirigeants ; on lui avait reproché un manque d’objectivité ainsi que des propos rassurants sur une situation qui manifestement ne l’était pas, et même une certaine connivence avec les dirigeants en question – Cour d’Appel de Bourges du 2 août 1888 ; voir aussi pour cette même affaire le Tribunal de commerce de Lyon du 6 avril 1883 et la Cour d’Appel de Lyon du 31 juillet 1883 aux termes desquels J. de Nesmond est appelé en garantie.

 

[14]   Acte de Me Ancel notaire à Fécamp du 17 juin 1877 ; une créance de 6000 francs sur L. de Jeanson se retrouve dans la succession de sa mère en 1882, toujours due 10 ans après au décès de J. de Nesmond. Les de Jeanson étaient des voisins et amis ; ils habitaient à Paris 48 rue Caumartin ; Marie Eugène de Jeanson était l’un des témoins à la naissance de Paul de N. le 12 janvier 1876.

 

[15]  Pendant la Révolution, les biens appartenant à la commune de l’église Saint-Etienne sont décrétés biens nationaux ; en parallèle, un certain nombre de riverains jugèrent bon de défricher, exploiter pour leur compte personnel et donc de s’emparer d’une partie des terrains de la commune ; en 1843, la fabrique de Saint-Etienne récupéra ce qui restait des terrains ainsi disponibles.

 

[16]  La vente avait été autorisée suivant décret du Président de la République du 29 septembre 1881 ; elle permit sans aucun doute de financer la reconstruction du clocher de l’Eglise ; la tour du transept incendiée de 1563 puis à nouveau en 1868, recouverte d’une modeste pyramide, sera effectivement reconstruite en 1887-1889 sur un projet de Camille Albert l’architecte de la Bénédictine et de la ville de Fécamp de 1884-86, et achevée en 1903.

 

[17]  Les terrains de Grainval étaient de petites parcelles provenant de biens communaux et partagés à la Révolution Française entre les habitants de Saint-Léonard.

 

[18]  Les ventes Dautresme, villa Normande, et Cressent, villa Miramar, se sont faites aussi avec des constructions.

 

[19]  Sa mère, Rose d’Esparos décédait à Fécamp le 9 juillet 1880 au vallon de Renéville, chalet n°5.

 

[20]   Anciennement rue Lamartine ou rue de Courmenond.

[21]  Par jugement du 23 juillet 1909, à la demande de M. Dautresme, M. Vivès est obligé de reculer ses piliers pour maintenir la voirie à 5 mètres.

 

[22]  Ces anciennes écuries existent toujours.

 

[23]  Camille Albert était domicilié à Paris 11 rue Réaumur puis 4 rue Dutot

 

[24]  En réalité, le placement a été fait au dessous du pair ; on ne comprenait pas pourquoi la société qui affichait sa prospérité de rapport en rapport et distribuait des dividendes de plus de 50 francs par action, avait ainsi besoin d’argent ; cette augmentation de capital devait en fait servir à financer la reconstruction de la distillerie pour être plus aimable à l’œil et plus flatteur, celle-là même qui sera malheureusement la proie des flammes quelques années après, très exactement le 12 janvier 1892 – voir le journal financier « Paris-Capital » du 20 janvier 1892 -

 

[25]   Le livre de Manolita Fréret-Filippi écrit en 2008 sur Camille Albert ne fait pas état parmi ses œuvres du château de Renéville. 

 

[26]  Les motifs sont multiples : soit la construction et le financement du château de Renéville soit le remboursement d’un prêt de 125 000 francs au Crédit Foncier de France ou également d’une créance Dupuy soit encore l’inconstructibilité des terrains de Saint-Léonard ou bien par simple volonté de réemploi des fonds sur un autre projet ; en réalité le château était déjà construit puisque l’acte du 1er octobre 1885 se signe en la villa de M. de Nesmond, vallon de Renéville.

 

[27]  Voir le « Journal de Fécamp » du 1er septembre 1891 page 3.

 

[28]  Les dates de ce séjour n’ont jamais été vraiment confirmées, de même que les commandes de la fresque et de la tapisserie dont nous n’avons plus jamais entendu parler.

 

[29]  Maillol aurait désavoué cette peinture et l’aurait découpée en morceaux, estimant qu’il lui manquait alors la maturité nécessaire pour achever une œuvre aussi ambitieuse ; voir les entretiens entre Aristide Maillol et Judith Cladel.

 

[30]  Voir le « Journal de Fécamp » du 20 juin 1909 page 4.  

 

[31]  Justin de Nesmond avait-il procédé à des investissements dans la pêche, dans l’armement de certains navires ? Malgré nos recherches, nous ne pouvons actuellement répondre à cette question.

 

[32]  Voir le « Journal de Fécamp » du 12 mai 1892 qui annonce le décès et l’arrivée de la dépouille mortelle à la gare de Fécamp.

 

[33] Il a été enterré dans l’ancien cimetière de Fécamp, selon le rite et dans la section réservée aux protestants ; la tombe a malheureusement disparu lors du déplacement du cimetière au Val aux Clercs pour laisser la place à une grande surface commerciale

 

[34]   Voir l’article de Pierre Lefebvre journaliste au Progrès de Fécamp des 20 et 21 juillet 1985.

 

[35]  Engagé volontaire pour 4 ans le 18 avril 1894, il a atteint le grade de Maréchal de Logis le 9 mars 1898 puis est passé dans la réserve le 18 avril 1900 jusqu’au grade de sous-lieutenant de réserve.

 

[36]  Les destructions sur le front de mer ont été nombreuses en 1942-43, notamment les suivantes : le casino municipal, les hôtels du boulevard des Belges, la villa Normande , la villa Miramar, le café de la Tour, la villa Lucine et plusieurs autres chalets ; enfin le château de Renéville : abandonné pendant et après la guerre puis en 1962 déclaré irrécupérable et bon à détruire ; voir l’article de Pierre Lefebvre dans le journal « Le Progrès » du 20 juillet 1985.