B E L - A I R
La propriété de BEL AIR (ou parfois Bélair) était une Malouinière construite au 18ème siècle à l'époque de Garangeau, dans un endroit très ancien où existait autrefois l'auberge du Grand Pélican ainsi que le couvent du Bon Pasteur (ayant servi pour partie d'emprise à la création vers la fin du 18ème siècle de la rue Duperré).
La construction était de cinq travées, les trois centrales étant réunies sous un fronton triangulaire orné seulement d'un oeil de boeuf; les deux travées extérieures étaient surmontées d'une lucarne en pierre légèrement cintrée. Les façades étaient crépies en blanc avec seulement les chaînages et bandeaux en granit apparent. La haute toiture à quatre pans était accompagnée de hautes cheminées.
En prolongement du corps principal, des ailes basses comprenaient les communs. La façade Nord donnait sur une cour avec accès sur la rue Ville Pépin, élargie en 1845. Au Sud un grand jardin s'étendait jusqu'à la rue Duperré avec pelouses, parterres et arbres de différentes essences (palmiers, conifères etc...) Il existait aussi un promontoire à l'emplacement de l'ancien moulin du Gras Carron (square du Sémaphore) ainsi qu'un puits tristement célèbre (Jean Julien BODINIER, déprimé et déçu aurait mis fin à ses jours en s'y jetant dans la nuit du 16 au 17 octobre 1819).
BEL AIR appartenait très tôt mais sans doute pas dès l'origine à Jean Louis Augustin MORAS, médecin des hôpitaux de Saint Servan, ancien maire de la commune. Celui-ci, originaire de Boulogne-sur-Mer (né en 1765) vint s'installer à Saint Servan vers 1780-1790. Il épousa en premier Sophie DUBOIS, fille de Benjamin DUBOIS, le propriétaire de Montmarin à Pleurtuit, puis après son décès Marie Françoise ROUAULT de COLIGNY. Il eut trois filles dont la dernière Augustine Marie née le 17 septembre 1804 épousa François LEMOINE, négociant et armateur à Saint Malo. Jean Louis MORAS vécut à BEL AIR jusqu'à son décès survenu le 9 juin 1817 à l'âge de 41 ans. Sa femme continue certainement à y vivre jusqu'à son propre décès survenu le 1er décembre 1844. L'un des oncles de Madame MORAS, Jean Julien BODINIER devait dès 1815 venir habiter BEL AIR et ceci pendant cinq ans jusqu'à son décès.
En 1845, la propriété est transmise à Augustine Marie LEMOINE. Après son décès (BEL AIR le 18 avril 1882) ainsi que celui de son mari François LEMOINE (BEL AIR le 23 janvier 1883), la transmission a lieu au profit de leur fille célibataire Alice LEMOINE (acte de Me FOURMOND notaire à Saint Malo du 5 octobre 1885). Celle-ci y vivait avec une domestique noire du nom de Pauline. La tante Alice recevait ses petits neveux avec un grand chariot à pâtisseries.
Alice LEMOINE mourut à BEL AIR le 21 mars 1932. Précédemment elle avait fait donation de la propriété à ses neveux Henri LEMOINE et Berthe DUBOYS FRESNEY (acte de Me BIDAULT, notaire à Saint Malo du 6 mai 1925).
Par la suite, l'expropriation a eut lieu, ainsi que l'incendie de la demeure...
Sous la plume de HIRCOET (Mr du Longbois), le journal "le Petit Malouin" notait que dès 1900, la municipalité de Saint Servan devait acquérir la promenade du Sémaphore pour la somme de 40000 Frs. Le jardin contenant le moulin du Gras Carron, avec des ormeaux, lilas, églantines, anémones sapins et lauriers était devenu public...