Les anciens vignobles de la Seine Maritime
Les moines ont été, pour la plupart, à l’origine de la culture de la vigne dans la région.
Saint-Wandrille et saint-Ansbert plantèrent la vigne de leurs propres mains, et la cultivèrent dans le
vallon de Fontenelle, à cinq cents pas de leur monastère ; la chapelle de saint Saturnin est ornée de pampres et de rameaux fertiles.
Le vin de Jumièges et celui de Conihout, qui est voisin, conservèrent longtemps leur réputation…
Pour les vins qui croissent près d'Argences et à quelques lieues vers Avranches, ils sont si verts qu'on leur préfère le Conihout que les Cauchois tirent des vignes attachées à leurs arbres, puisque le proverbe des anciens disait :
« Le vin trenche-boyau d'Avranches,
« Et le romp-ceinture de Laval
« A mandé à Renaud d'Argences
« Qui Conihout aura le gai. »
Les vignobles de Rouen sont mentionnés dès le temps de Charles-le-Chauve. Les vignobles de la côte Sainte-Catherine sont indiqués jusque sur d'anciens plans de la ville.
Le prieuré du Mont-aux-Malades possédait aussi des vignobles autour de Rouen, et ses archives des derniers siècles disent qu'on en voyait encore des traces sur les flancs du Mont-Fortin.
Le duc Robert, au temps de l'archevêque Hugues, donna à l'abbaye de Cérisy trente arpents de terre
situés à Rouen et plantés de vignes.
L'on faisait du vert-jus avec les grappes des vignes de Déville et des jardins de Rouen … A Déville, on cultivait des vignes, jusqu’à ce que Louis XIII ordonna de remplacer cette culture par des céréales. A Belbeuf, les nombreux vignobles sont employés à faire du verjus ; des vignobles existaient au 16ème s à Bois-Guillaume.
On le voit, les bords de la Seine étaient riches en vignobles, et si nous remontons un moment le fleuve, nous verrons les vins d'Oissel et de Freneuse mentionnés dans les anciens tarifs des droits d'entrée de la ville de Rouen. Noël de la Morinière, qui a bu du vin d'Oissel en 1791, assure qu'il était encore potable. Mais celui de Freneuse était regardé comme le meilleur ; des vignes y sont cultivées jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Il est question de ce vin dans un ancien cahier de remontrances faites, vers la fin du dernier siècle, sur la liberté des foires de Rouen.
« Au XVIème siècle, d'après le Coutumier de Rouen dressé sur un plus ancien, il résulte que les vins de Freneuse et de Conihout, ne payaient aucun droit de muéson et de choix à la vicomté de Rouen. »
« A Oissel, dit-il ailleurs, la culture de la vigne était florissante à une époque reculée. On n'y a renoncé qu'au XVIIème siècle. Une charte de 1261 mentionne , dans cette localité illustrée par un manoir du Roi, le vignoble de Fécamp, autrefois à Vincent d'Olli, ceux de Jean Commin et Pierre Letavernier. Les dernières pancartes de la Vicomté de l'Eau de Rouen mentionnent encore le vin d'Oissel.
A Anneville, les vignes sont très anciennes, remontant au 13ème siècle, elles se seraient étendues sur 250 ha . A Quevillon, on cultivait la vigne .
A Hénouville, un vignoble est créé au 17ème siècle par Antoine Legendre, aumonier de Louis XIII et horticulteur, curé d’Hénouville de 1622 à 1665 (auteur d’un traité sur les arbres fruitiers).
A Vatteville, dans cette vieille métairie mérovingienne, ce rendez-vous de chasse de nos rois francs, a conservé dans sa forêt de Brotonne le souvenir de ses anciens vignobles, et, en 1183, nous voyons Henri II confirmer à l'abbaye de Jumiéges un arpent de vignes que lui avait donné Robert de Vatteville.
Dans l'histoire de la maison de Harcourt, par le père Laroque, nous voyons souvent Waleran de Meulan parler de sa vigne de Sahurs et de Beaumont-le-Roger, et de son clos de la Croix-Saint-Leufroy. C'était comme les fleurons de sa couronne de comte.
A Norville, on cultivait la vigne.
A Saint-Jean-de-Folleville, M. Emmanuel Gaillard a connu la terre de la Vigne, et nous savons que, dans le plan cadastral du Valasse, figure toujours le clos de la Vigne dans le parc de l'ancien monastère. La tradition et d'anciens titres parlent de ce vignoble, depuis longtemps disparu.
Mais arrivons jusqu'à Oudale, au pied de ce fameux camp de Sandouville, qui pourrait bien être le Castra Conslantia de Constance Chlore. Dans plusieurs chartes et papiers du XVème siècle, il est fait mention de la vigne d'Oudale, sur laquelle les moines de Fécamp tirèrent des dîmes et des revenus. La place en est encore visible sur les cartes géographiques. J'ai lu quelque part que la donation leur avait été faite par Guillaume-le-Conquérant. Toujours est-il que la tradition appelait ce' vin le « Surent de la Normandie ».
Les rivages de la mer, quoique exposés à un froid plus vif, n'étaient point dépourvus de ce genre de plantation.
La côte d'Ingouville, près du Havre, est parfaitement orientée au midi, et reçoit, sans modification aucune, les plus chauds rayons du soleil. Les vignes qui y croissent, tapissent ordinairement des maisons de pierre, ou recouvrent des treilles parfaitement exposées et parfaitement entretenues. Le
plant est des meilleurs, et la culture des plus soignées. Eh bien! malgré cela, le raisin coule et avorte le plus souvent, et il faut des années très favorisées par le soleil pour le voir mûrir. Or, autrefois, il mûrissait en plein champ et de très bonne heure, puisque nous voyons les vendanges avoir lieu parmi nous, le 9 septembre, et même le 6 d'août, et la bénédiction du vin nouveau se faire le 14 du mois suivant. Donc, une révolution s'est opérée dans le climat de notre pays.
Il dut y avoir des vignes sur le territoire de l'ancienne exemption de Montivilliers. Cette opinion repose sur les traditions et sur une bulle du pape Alexandre, donnée à Anagnie, la sixième année de son pontificat, par laquelle il confirme à l'abbaye de Montivilliers et prend sous sa protection toutes ses possessions, telles que bois, terres, vignobles, moulins et autres biens . Je regarde également comme une preuve de ce fait les sculptures du XVIème ou du XVIIe siècle, qui couvrent les grandes portes de bois de l'église abbatiale. On y voit des claies et des échalas soutenant des vignes, ce qui paraît une réminiscence de l'ancienne industrie du pays.
A Etretat, je connais, au fond du Petit-Val, le coteau de la Vieille-Vigne ou de la Vévigne comme le peuple l'appelle; et j'ai toujours entendu dire, qu'au Mont-Rôti, commune des Loges, on faisait autrefois du vin que l'on appelait, en riant, le vin de la Côte rôtie.
Dans les délibérations capitulaires de l'abbaye de Fécamp, nous trouvons mentionnées, en 1700, les dîmes de la côte de la Vigne, sur la paroisse de Saint- Valery de Fécamp, et, en 1706, celles de la côte de Vigne, sur la paroisse de Saint-Nicolas de la même ville. La tradition a conservé le nom de côte des Vignes à un coteau du val aux Clercs, près le bois de Boquelon, sur la paroisse Saint-Léonard.
Mais c'est aux environs de Dieppe que les vignes étaient abondantes. Je tiens d'un propriétaire du Petit-Arques, qu'il y avait un vignoble au lieu appelé la terre de la Vigne, et M. le chevalier de la Lance assurait en avoir encore connu dans le château de Miromesnil, cette belle propriété du garde-des-sceaux de Louis XVI.
Chose certaine, c'est qu'à la bataille d'Arques, livrée à la Maladrerie de Saint-Etienne, le 21 septembre 1589, la cavalerie ne put manoeuvrer que difficilement, arrêtée qu'elle était par les vignobles, alors en pleine vigueur. C'est le duc d'Angoulême, témoin oculaire du combat, qui a consigné ce fait dans ses Mémoires.
(Rouxmesnil)Bouteilles, si célèbre par ses salines, produisait aussi du vin au XIIIe siècle; car, à cette époque, l'abbaye de Beaubec y possédait des vignes, dont la propriété lui fut confirmée par Jean Sans-Terre (aussi un prieuré cistercien du 12ème au 14ème s à Bernesault ?) .
C'est à un débris de coutume qu'obéissent les habitants de Blangy-sur-Bresle lorsque, chaque année, le jour de l'Assomption, ils mettent à la main de l'Enfant-Jésus une grappe de raisin nouveau. C'est un reste des offrandes que faisaient en ces jours les anciens vignerons de la Bresle.
A Pierrecourt, la vigne était cultivée par les moines de Foucarmont ; c’est dans ces vignes que Henri IV en 1592 fut défait après l’affaire d’Aumale.
Le pays de Bray lui-même n'en était pas dépourvu, et, depuis Foucarmont jusqu'à Gournay, il semble qu'il n'y eût qu'un long réseau de vignobles. L'histoire raconte que la vigne était cultivée aux environs d'Aumale, au temps d'Henri IV. La tradition parle de celle de Pierrecourt-sous-Foucarmont. Il y en avait en 1163 à Graval, à Portmort, et dans toute la vallée à l'est de Neufchâtel. Dans la fondation de l'abbaye de Sigy, en 1052, nous voyons Hugues de la Ferté donner au prieuré naissant quarante arpents de terre, à Calvaincourt, pour y planter des vignes.
A Flamets-Frétils, l’abbaye de Mortemer-en-Lyons possédait vers 1160 une chapelle et y faisait cultiver des vignes par des ermites.
A Mesnil-Lieubray, se situait une culture ancienne de la vigne.
Au XIIIe siècle, Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, faisant la visite de son diocèse, vint au prieuré de Saint-Aubin, près Gournay, le 9 septembre 1267; il y trouva treize religieuses, dont trois étaient pour l'heure aux vendanges. On voit ici à quel moment se faisait la récolte. Nicolas Cordier, dans son histoire manuscrite de Gournay, dit qu'autrefois il y avait des vignobles près de la ville, et jusque dans ses 'fossés. « Nous avons, dit l'historien de Gournay, un canton appelé le champ et clos de la Vigne, et nous avons vu des contrats portant fief de quelques-uns de ces héritages, avec condition de pressurer le vin dans le pressoir du propriétaire. »
Mais l'abbaye la plus riche en vignobles, celle qui tirait le plus de vins du pays, et qui percevait les plus grands droits, celle, enfin,, qui exploitait sur une plus grande échelle les établissements viticoles de la contrée, c'était la royale abbaye de Fécamp. Au XIème siècle, le duc Richard lui avait donné, au diocèse de Bayeux, le bourg d'Argences avec son église, ses terres, ses prairies, ses vignobles, ses forêts, ses moulins, ses eaux et ses cours d'eau. Argences, dès ce temps-là, était réputé pour son excellent vin; car la charte dit : « Argennæ vicus qui optimi vini ferax est . »
L'abbaye posséda avec beaucoup de succès les vignes d'Argences, et, au XIVème siècle, elle en tirait de grands profits. Nous trouvons, dans un cartulaire de cette époque, les comptes particuliers des récoltes qu'elle y faisait; il n'y est question que de galons, de pintes et de bouteilles de vin: « Galones, pintas et lagenas vini. » Il y avait un moine préposé à la surveillance générale de cette vigne, qui demeurait sur les lieux, et louait des ouvriers pour tailler au printemps, et vendanger en automne . Il y avait aussi des procureurs aux vendanges « procuratores in vindemiis, » des vendangeurs pour la récolte « qui vina colligebant, » et des gardiens pour le pressoir « qui torcular custodiebant. »
On voit que le service était parfaitement organisé.
Ce n'était pas, du reste, le seul établissement viticole que possédât l'abbaye de Fécamp. Ce même Richard II, appelé à juste titre le Père des moines, leur avait donné, dans Saint-Pierre-de-Longueville, près Vernon, douze arpens de vignes, qui furent cultivées jusqu'à la révolution.
Voici ce que nous lisons dans un inventaire de tous les biens de l'abbaye, dressé en 1790, par Alexis Lemaire, dernier prieur du monastère:
« Les religieux font valoir, en la paroisse de Saint-Pierre-Longueville, le clos de Hardent, contenant
« douze arpens, planté en vignes, clos de murs, édifié d'une maison, cour, pressoir et écurie. On y récolte jusqu'à 136 muids devin, mais la dernière récolte n'a produit qu'un muid et demi. Année commune, on y récolte 95 muids, qu'on estime de même à 70* le muid, ce qui fait 3,850#, sur quoi il faut diminuer les frais de culture, fumier, échalas, gages du concierge, frais de vendanges, etc.; » et, au chapitre des meubles, on lit: « Deux pressoirs avec tous les ustensiles nécessaires, dont un pour le vin, dans la métairie du Hardent . »
Les causes de la disparition des vignes dans la région
Les origines de la disparition sont en réalité multiples :
Au XVIème siècle, un fléau, véritable plaie d'Egypte, s'abattit sur les vignobles de la Normandie. D'innombrables volées de cladins, épaisses comme des nuées de sauterelles, venaient chaque année, vers l'automne, tomber à l'improviste sur les ceps chargés de raisins. Ils dévoraient les fruits, et ne laissaient aux arbres que les bois et les feuilles. Cette plaie se renouvela pendant plusieurs années.
A la suite des grands hivers de la fin du 17ème siècle, en 1684 et 1709, la qualité du vin du pays s'était considérablement détériorée dans certains cantons, tels que l'Avranchin ; on ne le nommait plus que « le tranche boyau d’Avranche ».
Les interdictions royales de replanter des vignes : en 1566, suite à plusieurs disettes, le roi de France Charles IX ordonna d’arracher des vignes, les limitant au tiers des surfaces dans chaque canton ; en 1577, Henri III demande de surveiller la mesure, là où elle n’était pas respectée ; Louis XIII puis Louis XIV, après des années de pénurie de céréales, ordonnent aussi de cesser la culture de la vigne au nord de la Loire ; en 1731, un édit défend à l’avenir de replanter des vignes, ou de les cultiver si l’on cesse pendant deux années de le faire.
Enfin, la facilité des transports, l’amélioration des routes, et la suppression des taxes intérieures au pays entraineront l’arrêt définitif des productions locales.
Désormais, quelques expériences sont tentées, ici et là, pour un renouveau …
A l’abbaye Saint Georges de Boscherville
La toponymie dans le département 76 :
Les bords de la Seine présentent à chaque méandre des coteaux et des champs où le souvenir des vignobles s'est perpétué. A Caudebec-lès-Elbeuf, cette vieille ville romaine, le quartier le plus fécond en ruines porte le nom de Vignette. Chose étonnante, les vignes ont presque toujours recouvert les cités et les villas antiques. On en a la preuve, en Normandie, dans la forêt de Brotonne et à Tour en Bessin . Pour le reste de la France, nous pouvons citer Lanuejols, dans la Lozère , Châteaubleau, dans Seine-et-Marne , et jusqu'aux anciennes Arènes de Paris .
Rapprochement assez frappant ! à Caudebec-en-Caux, le Lotum des Itinéraires, la colline où fut autrefois le cimetière romain porte aussi le nom de côte de la Vignette.
Nous savons que les monastères aimaient les vignes. Elles leur étaient si nécessaires, que moines blancs ou noirs établirent des vignobles jusqu'au-dedans de l'enceinte monastique. C'est ainsi que le cadastre moderne et la tradition ont conservé le nom de Vignes aux jardins du Valasse et de Jumiéges .
Les vignes, du reste, semblent n'avoir pas voulu quitter les fructueux rivages de la Seine. A Villequier, sur le coteau qui domine l'église, est un bois tout rempli de vignes sauvages. Le 12 juin 1850, je les ai vues en fleurs et promettant des fruits. Quels fruits peuvent donner ces pampres rustiques ? Nous pourrons peut-être l'apprendre. A Quevillon, dans le bois de Belestre, je tiens de M. Leprevost qu'au triège de Bellevue, tout un plant de vignes existe encore sous le taillis. Ce plant fleurit tous les neuf ans, après la coupe du bois. Les fruits en ont été cueillis par M. Leprevost lui-même, qui les a soumis à l'examen de M. Arago. Le savant académicien y a reconnu l'espèce du petit raisin gris, qui se cultive encore aux environs de Vernon. M. Curmer, qui possède une propriété à Saint- Georges-de-Bocherville, conserve dans ses archives le bail d'un vigneron passé pour un vignoble normand.
Les riants coteaux d'Hénouville, qui couronnent la vallée de la Seine, ont encore vu, au XVIIe siècle, leurs sommets fraîchement plantés de vignobles par l'abbé Antoine Legendre, l'ami du grand Corneille et l'intendant des jardins de Louis XIII. Cet horticulteur éminent, qui inventa l'espalier, qui nous a donné tout un Traité sur les arbres fruitiers, avait planté la lisière de la forêt de Roumare et établi un vignoble à peu de distance de son vieux presbytère d'Hénouville, sur un terrain concédé par le Roi lui-même . On montre encore aujourd'hui le bosquet étagé qui perpétue le nom de l'abbé Legendre, digne et véritable souvenir d'un Lenôtre champêtre.
Les grottes de Caumont et les carrières du Val-des-Leux retentirent autrefois du chant des vendangeurs. Sur les collines qui côtoient le fleuve on voit des lignes de pierre que l'on croit provenir d'anciens vignobles. Pour le prouver, on cite au Val-des-Lewrune une côte de la Vigne.
A travers les plateaux du pays de Caux les vignobles sont inexistants; mais dans les vallons qui découpent nos vastes plaines, on trouve çà et là des côtes et des champs de la Vigne.
A la source de la Durdent, sur des coteaux aujourd'hui couronnés de hêtres, on m'a montré, en 1849, au territoire de Saint-Requier-d'Héricourt, une côte exposée au midi, que l'on nomme encore la côte de la Vigne. A Saint-Martin-Osmonville, là où la Varenne commence à serpenter dans sa vallée forestière, on cite le bois de la Vignette . Il en est de même à Graval, à la naissance de l'Eaulne. Dans la ferme qu'occupait naguère M. Desquinemare est le bois de la Vigne, un reste de vignobles disparus .
Dans le bassin de l'Yère, où prospère aujourd'hui le houblon, si capricieux dans sa culture, on vit jadis s'élancer des vignes. Le vin bouillonnait là où écume à présent la moderne cervoise. Foucarmont, si connu par sa bière, montre dans l'enceinte du bourg la rue et le ruisseau de la Vigne, serpentant sur une terre formée avec la poussière des siècles. A Cuverville-sur-Yère est un lieu-dit « les vignes » ainsi que la sente des Vignes, qui se dirigeait vers Longroy, ci-après.
Mais ce qui a droit de surprendre, c'est que dans la Vallée de la Bresle, la plus septentrionale de ce département, nous recueillions le plus de traces vivantes du passage de la vigne. On dirait que le voisinage de la forêt d'Eu a été favorable à la production du vin. A la vue de toutes ces preuves monumentales, on serait tenté de croire que le nom de Vinevaulx, que porte cette forêt dans les romans de chevalerie du XIII" siècle, lui vient de ses vignobles et de ses vallons.
A Guerville, au hameau de la Babost, sur le penchant de la côte de Bazinval, on montre encore le clos de la Vigne. Un octogénaire, décédé en 1823, assurait même avoir goûté du vin du crû. A Pierrecourt, est le hameau de la Vigne. A Longroy, on trouve la côte-rôtie, qui paraît à M. Darsy un nouvel indice de la culture de la vigne dans nos cantons. Dans ce même village, on nous a montré un sentier qui se dirige vers Guerville et que l'on nomme le sentier des Vignes.
Y.D.F.
Source : Les anciens vignobles de la Normandie par l’abbé Cochet – 1866 – Imprimerie Boissel Rouen – sur Gallica -