La présence d’arbres exotiques
dans les villes portuaires françaises
Les ports français ont depuis toujours eu des activités diverses et variées de pêche ou de commerce tant à l’exportation qu’à l’importation, mais une activité très accessoire et souvent gracieuse consistait à importer des pays exotiques des plantes ou des graines de façon à tenter de les acclimater localement.
Quelques traces subsistent encore de cette « cueillette lointaine » …
Brest
Dans le jardin de l'Hôpital Maritime à Brest, existait jadis l'un des plus prestigieux jardins botaniques de la Marine, depuis sa création en 1694 ; il faut, en s'y promenant, avoir à l'esprit la grande aventure de la botanique et de la pharmacie, puis de l'exploration et de l'acclimatation des espèces botaniques ou zoologiques ramenés de tous les continents par les vaisseaux qui terminent au port de Brest leurs navigations. Un lent déclin du jardin au XXe siècle, puis sa destruction lors de la Seconde Guerre mondiale et le transfert de quelques plants précieux vers le Conservatoire du Stang Alar rend ce travail d'évocation du passé bien exigeant. La surface initiale de 8000 m² s'est trouvée réduite à 6200 m² après avoir été amputée pour créer le bâtiment de l'Administration et des pavillons médicaux ...
Voir le blog de Jean Yves Cordier à l’adresse : https://www.lavieb-aile.com/article-le-jardin-botanique-de-l-hopital-maritime-a-brest-119485842.html
Le jardin botanique de Nantes
Nantes
Le jardin des plantes de Nantes est l’un des grands jardins botaniques de France : Louis XIV crée ici en 1687 un jardin des Apothicaires puis Louis XV assujettit les capitaines de vaisseaux nantais de rapporter graines et plantes de toutes espèces et variétés exotiques de leurs voyages au long cours. Celles-ci prenaient généralement place au jardin d’acclimatation de Nantes. Angers, toute proche, avait aussi parfois bénéficié de ces expéditions. D'abord situé en centre-ville, il se déplacera dans la propriété d'Ursulines début 1800 et c'est le pharmacien Hectot qui a la charge de créer ce nouveau jardin. En 1836, le Dr Jean Marie Ecorchard prend la direction du cours municipal de botanique, puis la direction du jardin. Il proposera sa transformation et son agrandissement jusqu'à la gare. Il retient le style paysager anglais : 2500 espèces y sont alors cultivées.
Angers
Au XVème siècle, le Roi René, amoureux des plantes et des jardins fleuris, a introduit des essences méditerranéennes en Anjou. Puis, les grands explorateurs ont ramené de nombreuses plantes qui ont été cultivées dans les jardins de châteaux, au fil de la Loire, puis dans les pépinières nées à Angers au XIXème siècle.
Bordeaux
Le jardin botanique de Bordeaux est né en 1629 ; mais, après avoir été considérablement détérioré et il fallut attendre 1726 pour le voir renaître dans l’enclos Arnaud Guiraud (actuel lycée Gustave Eiffel). Dès lors, il n’a cessé de déménager dans les différents quartiers de Bordeaux jusqu’à son implantation définitive au sein du Jardin Public au XIXe siècle ;
En 1855, le Jardin Botanique fut transféré à l'actuel Jardin Public (ancien Jardin Royal). Émerge l’idée d'un jardin didactique, c'est-à-dire d’un espace à la fois pédagogique et de loisirs, géré par des scientifiques et ouvert au public. Deux pépiniéristes bordelais furent désignés pour mener à bien cette entreprise : Louis-Bernard Fischer et Jean Escarpit. De forme semi-circulaire, le Jardin Botanique s'étend sur 0,7 hectares.
Les préoccupations majeures des botanistes à cette époque étant la classification et la taxonomie, la diversité végétale du Jardin fut alors structurée en familles, genres et espèces, tel un véritable catalogue vivant. Cette collection systématique fut complétée par une collection thématique dans les années 1990 : d'autres plantes furent présentées non plus seulement par familles mais aussi par milieux. Cette démarche avait pour but de montrer que certaines espèces se regroupent naturellement en associations végétales et constituent la « carte d'identité » d'un milieu. La lecture du jardin se termine au premier plan par un bassin ovale, aménagé pour recevoir des plantes aquatiques.
Lors de l’installation du Jardin Botanique en 1855, Fischer choisit de le séparer nettement du reste du jardin paysager par la construction de serres tropicales. La hauteur du pavillon central de 17,50 mètres les faisait figurer parmi les plus grandes serres d'Europe. De 90,60 mètres de long, elles étaient divisées en plusieurs parties : un pavillon central, deux pavillons latéraux et quatre corps de serres. Elles étaient dédiées à diverses plantes en pépinière (décoration de la ville), à des collections de plantes tropicales (des arécacées ainsi que des Phoenix dactylifera) ; un corps de serre était consacré aux orchidées. Durant l'Entre-deux-Guerres (1931), en trop mauvais état, elles furent détruites.
En 1870, le Jardin Botanique était réputé dans toute l'Europe et servait de véritable annexe à celui de Paris. Jusqu'en 1900, il abrita l'École de Botanique bordelaise qui resta longtemps le seul établissement régional d'enseignement de la science des plantes : la chaire de Botanique de l'Université ne fut créée qu'en 1876.
Depuis 2003, un nouvel espace botanique est créé à la Bastide.
Les ginkgos existent à Bordeaux depuis le début du 19ème siècle ; voir : http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/62974/RFF_2017_69_1_65_74_Larche.pdf?sequence=1
Cherbourg
Les palmiers de Cherbourg :
Tout le monde connait les parapluies de Cherbourg, mais les palmiers …
Deux facteurs ont concouru à cette particularité locale, l’un géographique avec les effets tempérés du Gulf-Stream, le fait qu’il ne gèle presque pas dans cette région, moins de cinq fois dans l’année ; l’autre historique : cette ville, ce port, ont été le point de départ d’expéditions scientifiques, le point de retour aussi avec de nombreux spécimens de plantes exotiques, des palmiers surtout.
L’on cite ici régulièrement le retour d’Egypte de l’expédition napoléonienne ; mais il faut retenir également le rôle joué par la Société d’Horticulture de Cherbourg ainsi qu’un personnage, Emmanuel Liais (1826-1900) maire de Cherbourg, astronome et aussi féru de botanique ; il fit plusieurs séjours au Brésil et importera des plantes d’Amérique du sud et d’Asie ; il laissera à la ville un superbe jardin avec un palmier du Brésil (jubea spectabilis) entourant des serres ainsi que ce qui représente aujourd’hui le Musée d’Histoire Naturelle ;
La ville possède désormais plus de mille palmiers disséminés dans les espaces publics ainsi que les jardins privés … Les espèces sont : Tachycarpus excelsa ou palmier à chanvre, Washingtonia Filigera, Butia capitata, Chamoerops excelsa ou palmier de Chine …
Saint-Malo
La ville close était peu propice à l’établissement d’un jardin exotique ; nous n’avons la trace que de quelques initiatives individuelles ; par exemple, un arbre aux Hydropiques est ramené du Pacifique par le capitaine Duclos-Guyot lors de son voyage avec Bougainville, planté en 1785 dans les jardins du Grand Trianon ; il exista au moins jusqu’en l’an X de la République ; un arbousier avait été planté dans la partie méridionale du parc sous Louis XIII.
La ville a opté depuis longtemps pour le chêne vert (boulevard Hébert, boulevard de Rochebonne …)
La vallée de la Rance et puis le Clos Poulet constitueront pour les malouins leur grand jardin… Ils y gouteront les joies de la campagne, y construiront leurs malouinières … Les jardins des malouinières formeront un coin de verdure particulièrement soigné et apprécié, avec très souvent la présence de quelques arbres exotiques ; deux bons exemples se font vis-à-vis sur les bords de la Rance : la malouinière et les jardins du Bosc et puis sur l’autre rive Montmarin.
Marseille
Marseille dispose d'un jardin botanique depuis le XVIIIe siècle. Installé près de l'Abbaye Saint-Victor par le Roy René, il a été supplanté par un second jardin dans le quartier des Chartreux en 1802. L'aménagement de la voie ferrée Marseille - Toulon contraint à la destruction du site en 1856, au profit d'un nouveau jardin botanique situé sur la roseraie du Parc Borély. Jugé trop étroit, il est déplacé sur des terrains mitoyens du parc, achetés par la ville de Marseille. L'actuel jardin Heckel est finalement inauguré en 1918. La collection de végétaux compte environ 3000 espèces issues du monde entier, organisée en neuf jardins à thèmes. Le site abrite plusieurs bâtiments remarquables tels que la Villa Rose et la serre tropicale, deux édifices datant du XIXe siècle.
On y trouve un palmetum, plus de 300 espèces en provenance d'Afrique du Sud, une collection d'arbres et arbustes d'Australie et de Nouvelle-Zélande, une serre de cactus, aloés, agaves et crassulas originaires d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud.
Edouard Marie Heckel (1843-1916 ) est un médecin et botaniste marseillais qui, à partir de 1885, s'oriente vers l'étude des plantes tropicales médicinales ou industrielles telles que les oléagineux ; en 1893, il fonde l'Institut colonial et le Musée colonial de Marseille ; en 1906, il organise à Marseille la 1ère exposition coloniale française.
Lorient
En France les Jardins de la Compagnie des Indes étaient situés dans le port de « L'Orient », au bord de la ville bretonne de Lorient, et également à côté de Port-Louis à l'île de France (aujourd'hui île Maurice). Ce dernier jardin créé en 1735 faisait partie d'une vaste propriété appelée « Mon Plaisir » appartenant à Mahé de la Bourdonnais. C'est aujourd'hui le jardin botanique de Pamplemousses. Lorsque la Compagnie des Indes fut installée rue Vivienne en 1719, elle eut aussi un petit jardin sur place, dont une partie a hébergé la Bourse de Paris au XVIIIe siècle. (source Wikipédia)
Le Havre
Cette ville vient de créer dans un ancien fort militaire des « jardins suspendus » en mémoire d’une ancienne et importante activité d’importation des plantes coloniales, comprenant notamment le café.
Mai 2021 – Y.D.F.