Yves DUBOYS FRESNEY

Louis Derveaux (1886-1962) pendant la Grande Guerre

Peintre et sculpteur né à Tourcoing le 16 septembre 1886.

Marié à Paris le 20 décembre 1913 avec une jeune bretonne de Saint-Péran Marie Sainte Quinton (1894-déc 1983), venue voir son frère habitant Paris ; ce fut ensuite la mobilisation du 2 août 1914 suivi de deux années de guerre.

En février 1915, son régiment, le 151ème de ligne, était en repli vers la Bretagne pour un repos à l’arrière des lignes; il réussit à faire un saut à Paris pour y retrouver son épouse et connaître son fils Daniel dont il avait appris la naissance par courrier dans les tranchées ; alors à Quimper, il se remet à peindre - l’Odet à l’Eau Blanche – La cathédrale et l’Odet –.

Petit clin d’œil de l’histoire, lors de son passage en Bretagne, le régiment de Louis Derveaux venu du Nord loge à Douarnenez, la patrie de deux fiancés Jean Pierre Moigne et Marguerite Le Plomb dont le mariage prévu en 1914 a été reporté en 1917, les futurs beaux parents de son fils Daniel né il y a quelques mois ; le tout nouvel abri du marin situé sur le port est réquisitionné dès octobre 1914 pour servir de caserne à plusieurs unités de combat en repos, ceci jusqu’en mai 1917 ; des photos ont été prises sur le passage du 151^ème régiment de ligne publiées dans le livre de Frédéric Tanter « les pêcheurs bretons et les abris du marin » chez Sked page 159 à 162 ; sur l’une d’entre elles, Daniel et Madeleine Derveaux y ont reconnu leur père parmi tous ces soldats venus du front pour se reposer.  

L’année suivante, envoyé en convalescence à Culan dans le Cher, il y peignit le château. Peu de temps après il est démobilisé définitivement pour pieds gelés au canal de l’Yser et un poumon induré – brûlé – par le gaz ypérite, dans les tranchées près du Chemin des Dames, près de Verdun ? Touché par une incapacité de 40% ou 50% ?, une commission de réforme le libère et il est autorisé à rejoindre sa famille. Le médecin major qui l’avait réformé en 1916 lui avait prédit une survie limitée à 10 années seulement, sauf s’il observait une hygiène de vie et un régime draconien ; ce régime fut suivi scrupuleusement – du sang de cheval bu directement à l’abattoir – et lui permit de franchir le cap fatidique et bien au-delà …

Il vécut quelques temps à Paris puis à Montigny les Cormeilles dans l’attente de pouvoir réintégrer le Nord alors encore sous la botte de l’occupant allemand ; ce ne fut qu’en 1919 qu’il put regagner Tourcoing ; son père hélas était décédé depuis le 7 octobre 1918 et la maison de famille – adresse ? – à l’abandon depuis des mois avait été entièrement pillée ; des années durant il put voir en vente chez brocanteurs et antiquaires de Roubaix-Tourcoing des objets et meubles ayant appartenu à ses parents.

Revenu donc de la guerre avec une santé précaire, il n’était plus question pour lui de continuer une carrière de sculpteur, ni même de continuer l’affaire de son père. Ce fut alors qu’en collaboration avec sa femme, il se tourna vers la décoration et le métier de tapissier, et cela jusqu’en 1942 où il quitta le Nord pour rejoindre son fils Daniel établi à Saint-Malo. Il décède à Paramé le 27 décembre 1962.

Notes complémentaires :

Marie Quinton eut deux appelés à la guerre, son mari Louis et son Frère Joseph Quinton (1890-1914) ; son frère avant son départ en août 1914 lui avait dit : « si l’un de nous deux meurt pendant cette guerre ce sera moi, pas ton mari… » Hélas, dès le mois d’octobre, elle reçoit la mauvaise nouvelle de sa mort, tombé au champ d’honneur le 5 octobre 1914 à Boiry-Becquerelle – Pas de Calais – son corps n’ayant jamais été retrouvé.