L'ARTIMON – HISTORIQUE

 

 

Ce lieu dépendait autrefois d'un ensemble dénommé "Corbière" qui veut dire en vieux français, contrefort, promontoire, lieu qui surplombe.

Il s'agissait d'un vaste 'commun" qui s'étendait sur près d'un kilomètre le long de la Rance, depuis l'anse Solidor jusqu'à la métairie de la Fosse. L'ensemble était limi­té vers l'est par l'église Sainte Croix et la rue de la vigne au Chat - ou plutôt Chapt, car ces terres apparte­naient au Chapitre de Saint Malo; sur une butte, se trou­vait le moulin du Chapitre.

Comme très souvent, le terrain s'est trouvé privatisé au cours des siècles. Sur la métairie de la Fosse, il y eu en 1715 l'établissement du Séminaire Saint Vincent, puis en 1721-23 la « Maison de l' Evêque » , belle malouinière construite dans l'enclos du Séminaire par Monseigneur des Maretz, évêque de Saint Malo et neveu du Grand Colbert.

Dès 1719, un riche négociant, Padet, sieur du Dréneuf, se fait construire une "maison des champs" qu'il appela tout naturellement "les Corbières". L'enclos de la Maloui­nière se réduisait à 51 ares. Précédemment, Padet avait aussi acheté en 1717 un autre terrain plus vaste, en bordure de la Rance, séparé de sa nouvelle maison par une grande parcelle non bâtie dénommée "L'ARTIMON", appartenant à un sieur GODET.

Les Archives Communales de Saint-Servan

références concernant "L'ARTIMON":

1°) ARTIMON- PROCES - FF-6-7-8

Procès entre le général de la paroisse de Saint Servan le sieur Godet de la Saudre et le sieur Padet du Dréneuf relativement à la Propriété de la pièce de terre dite "du commun" ou "de l'Obiterie" ou « de l'Artimon" , enclavée dans le commun des Corbières; le Général, propriétaire de ce terrain aux fins de donation de l'an 1571 (ou 1671?)

le sieur Godet de la Saudre en devient adjudicataire par délibération capitulaire du 15 mai 1718 pour la somme de 57 livres de rente annuelle au profit de la Paroisse; cette pièce de terre est bornée d'un côté par le terrain apparte­nant au sieur Padet du Dréneuf; les délimitations successi­ves de ces terrains ne s'accordent pas et les deux proprié­taires jettent respectivement les fondations de batiments mordant mutuellement d'un terrain sur l'autre; les parois­siens par leur Général, riverains pour les 3 autres cotés, actionnent également le sieur Godet de la Saudre pour em­prise sur le commun des Corbières.

2) ARTIMON- GG-212

Propriété de l'Artimon dépendant du fief de la Fabri­que, plan de la pièce de terre dite de l'Obiterie ou de l'Artimon, procès-verbal d'adjudication, projet de contrat extraits de délibération du Général y relative (1671-1724) Il a été noté que le litige en question était un exemple classique de ces procès interminables de l'Ancien Régime, qui aboutira ici à la ruine du sieur Godet.

La parcelle se retrouvait plus tard entre les mains d'un dénommé GODFROY qui la vendit le 9 septembre 1756 à Claude DUBOIS, moyennant une rente foncière annuelle de 56 Frs et 79 cts.

C'est sans doute Claude DUBOIS qui y fit construire une maison de type Pavillon, presque carrée, de 12,60 m sur 11,11 M avec caves au sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé, un étage de chambres et un dernier étage mansar­dé. Vous trouverez en annexe la description faite en 1813 de cette maison. En réalité, peut-être datait-elle de 1720­-1730, de l'époque de Godet; peut-être faisait-elle suite à un début de construction interrompue par le procès; peut-être y a t il eu reconstruction plus importante par Claude D.

Claude DUBOIS, dit le Jeune, était armateur, négociant mais également échevin et trésorier de la paroisse en 1761.

Il avait épousé Marie Anne GAILLARD (décédée le 7 ao6t 1755) dont quatre enfants puis le 27 septembre 1757 Elisabeth Charlotte LE MORTELLEC dont il eut dix enfants. Il devait décéder à Saint Servan le 31 mai 1794 (11 prairial an II), son épouse à Saint Servan le 9 décembre 1811.

Une licitation eut lieu en 1813 pour 1920 francs au profit de quatre petites-filles de Claude et Elisabeth DUBOIS. Il s'agissait de Elisabeth Jeanne DUBOIS, née à Saint Servan le 17 août 1785, mariée à Saint Servan le 16 avril 1806 à Louis Joseph GOUYON de Beaufort, Renée Angéli­que née à Saint Servan le 24 août 1788, Euphrasie Magdeleine née à Saint Servan le 26 avril 1790 et Flore Josèphe DUBOIS née à Saint Servan le 19 décembre 1791, mariée à Saint Ser­van le 21 septembre 1815 à Isaie Alexis LONGUEVILLE, capi­taine au long cours.

Les quatre adjudicataires étaient enfants de François Claude DUBOIS, consul du Roi de Prusse à Saint Malo, pro­priétaire lui-même d'une grande parcelle située à proximité de l’ ARTIMON, dont il pris le nom (DUBOIS des CORBIERES).

Le frère aîné de François, Benjamin était l'armateur et le constructeur de navires de Montmarin dont il pris aussi le nom (DUBOIS de MONTMARIN).

Par la suite, la propriété passa des GOUYON de BEAUFORT aux PEAN de PONFILLY qui vendirent à Anatole LEMOINE. La veuve de ce dernier effectuera au début de ce 20ème siècle des mo­difications importantes et un doublement de la construction. Voici résumée l'histoire, très incomplète de l'ARTIMON. On peut ici noter que le nom est plus ancien et ne résulte pas de la fantaisie d'un amateur de navigation à voile, comme on aurait pu le penser. Cette terre en outre, à son origine, n'allait pas jusqu'à la mer (décrochement du mur derrière le tennis ?).

 

Autre remarque: la propriété voisine des Corbières passait aux LA MENNAIS par le mariage le 7 avril 1742 de Marie Thérèse PADET du DRENEUF avec Louis François Robert de LA MENNAIS. Ceux-ci eurent deux fils: Pierre Louis bap­tisé le 10 juin 1743 et Denys François baptisé le 14 mai 1744 tous deux à Saint Servan. Ce dernier devait reprendre à sa majorité le titre de son arrière grand père « Robert des SAUDRAIS ». Il fut le fameux "Tonton" si influent sur l'édu­cation de ses deux neveux Jean-Marie et Félicité LAMENNAIS.

La grand-mère PADET décéda en 1758. Les deux frères rachetèrent un grand enclos qui forme aujourd'hui le pelouse vers la rue Jeanne Jugan, ceci en 1775. Puis en 1784, une autre parcelle tant convoitée qui permettait de passer de la malouinière à la Terre des Corbières? Le vendeur n'était autre que Claude DUBOIS, sieur des CORBIERES. On comprend pourquoi tous tenaient tant à ce terrain (voir conférence du père Leutellier - séance du 27 mai 1991 de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Saint Malo).

Après un don de 10000 francs fait au collège de Saint Malo en vue de l'achat d'un Hôtel dans Saint Malo (Aujour­d'hui lycée privé de Saint Malo), après surtout les effets néfastes du Blocus Continental sur le commerce malouin, les frères LAMENNAIS durent vendre la propriété des Corbières pour 26000 Francs à Monsieur Lothon, directeur des Douanes de Saint Malo le 6 janvier 1816. Désormais le nom de Corbières disparaissait au profit de celui donné par les acquéreurs de "L’Amélia".